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Le livre de Job
Sondez les Écritures - 3e année

Job 23, 24

Job face au silence de Dieu

1. A la recherche de Dieu : 23. 1-10

Job considère qu’il ne se plaint pas pour rien (verset 2) 1. Son but essentiel est de trouver Dieu qu’il estime loin de lui dans cette épreuve. Il a déjà exprimé cette pensée (9. 11 ; 13. 24). Mais il a aussi dit le contraire, trouvant que Dieu le suivait de trop près (7. 19). Comme dans les chapitres 10, 13, 16 et 19, Job s’imagine à nouveau devant le tribunal. Dans un moment de doute, il avait pensé que Dieu ne lui répondrait pas (9. 16). Plus tard il était sûr que Dieu reconnaîtrait qu’il avait raison (13. 18). Brisé maintenant par les accusations injustes d’Éliphaz, Job laisse transparaître à nouveau sa confiance en un Dieu plein de miséricorde qui écoute l’affligé avec attention (versets 5, 6). Les incertitudes de la pensée de Job sont bien compréhensibles dans la douleur qui est la sienne. L’important est qu’il souhaite entrer dans la présence de Dieu, ce qui prouve qu’il a une bonne conscience. Il ignore qu’il s’appuie sur cette justice personnelle au lieu de s’appuyer sur Dieu seul.

Maintenant, quel réconfort pour nous de savoir que Dieu s’est approché de nous en Jésus Christ et que l’accès vers lui est ouvert sur la base de son sacrifice accompli.

Job s’en remet à Dieu qui le connaît (verset 10) : il sait qu’il n’est pas parfait, mais pense que l’épreuve montrera que sa piété est authentique. L’apôtre déclare qu’il résulte de l’épreuve une gloire pour le Seigneur1 Pierre 1. 7, et les premiers chapitres de Job l’ont démontré.

2. Job effrayé par un Dieu souverain : 23. 11-17

La confiance de Job repose sur sa piété, avec laquelle il pense s’approcher de Dieu (versets 11, 12). Certes l’homme vient vers Dieu avec respect, mais surtout avec le sentiment d’une grâce imméritée, sentiment qui fait défaut à Job. Job sait que Dieu veille sur lui, mais il le pense inabordable. Dès lors, Dieu paraît arbitraire dans sa souveraineté (versets 13, 14 ; comp. 9. 12). Ayant cette fausse notion de Dieu dans l’esprit, Job ne peut échapper à la peur et au découragement (versets 15, 16). Ce ne sont pas les circonstances dramatiques qui l’ont accablé2, mais le sentiment de l’éloignement de Dieu. N’arrive-t-il pas au chrétien de céder aussi à l’angoisse, de sentir Dieu loin de lui, alors qu’il connaît maintenant Dieu comme un père, ce qui n’était pas le cas de Job ?

3. Où est Dieu face à la méchanceté ? 24. 1-17

Dieu fit connaître d’avance le jugement de Sodome à Abraham, son amiGenèse 18. 17, et il révèle son secret à ceux qui le craignentPsaume 25. 14 ; Amos 3. 7. Job se demande donc à juste titre pourquoi lui ne voit pas Dieu intervenir, pourquoi Dieu ne lui donne pas des explications (verset 1). Dans l’évangile, le Seigneur dit qu’il révèle ses pensées “aux petits enfants” Luc 10. 21, ceux qui s’estiment indignes de ces communications divines. Job apprendra cette leçon à la fin du livre.

La prospérité des méchants est décrite en détail, comme pour rendre plus criante la question posée à Dieu au verset 1. Les exactions qui se commettaient du temps du patriarche n’auraient rien à envier aux violences qui remplissent nos informations quotidiennes : des bandes de pillards dépouillaient les pauvres (versets 2-4), des tribus étaient repoussées dans le désert par des ethnies plus fortes (versets 5-8), les ouvriers agricoles étaient exploités (versets 9-11), les terroristes opéraient leurs ravages dans les villes (v. 12), tandis que la nuit profitait aux crimes et larcins des meurtriers, des adultères et des cambrioleurs (versets 13-17). Le tableau d’aujourd’hui est aggravé parce qu’il se déroule au sein de nations dites christianisées ! Ces hommes violents préfèrent les ténèbres morales à la lumière divine (verset 13) Jean 3. 19 ; ils ne connaissent pas la lumière (verset 16). Il paraît facile de vivre sans Dieu quand on ne le connaît pas : le mal est confondu avec le bien, comme l’annonce le prophèteÉsaïe 5. 20.

4. L’opinion de Job : 24. 18-25

Job s’est indigné que Dieu ne fasse pas attention à toute cette méchanceté (verset 12). Tourne-t-il en dérision l’opinion de ses amis dans ce dernier paragraphe, ou reprend-il leurs arguments en partie ? Exprime-t-il le vœu que les méchants soient jugés, ou veut-il dire que le sort des méchants est, malgré les apparences, réglé par une loi générale comme celui de tous les autres hommes (versets 19, 20, 24) ? Il est difficile de donner le sens exact de ces versets qui sont délicats à traduire. On peut sans doute en retenir que Job admet la précarité de la situation des méchants. Pourtant ils peuvent connaître une réelle prospérité, voulue même par Dieu. Sur ce point, Job est plus que jamais certain d’avoir raison (verset 25). Le ton assuré, qu’il aura dans le monologue, commence ici à apparaître.

Notes

1Le sens du verset 2 est difficile à saisir.
2Sens probable du verset 17 ; le texte est obscur.

Job 23

1Et Job répondit et dit :

2Encore aujourd’hui ma plainte est amère, la main qui s’appesantit sur moia est plus pesante que mon gémissement !

3Oh ! si je savais le trouver, et parvenirb là où il est assis !

4J’exposerais [ma] juste cause devant lui, et je remplirais ma bouche d’arguments ;

5Je saurais les paroles qu’il me répondrait, et je comprendrais ce qu’il me dirait.

6Contesterait-il avec moi dans la grandeur de sa force ? Non, mais il ferait attention à moi.

7Là, un homme droit raisonnerait avec lui, et je serais délivré pour toujours de mon juge.

8Voici, je vais en avant, mais il n’y est pas ; et en arrière, mais je ne l’aperçois pas ;

9À gauche, quand il y opère, mais je ne le discerne pas ; il se cache à droitec, et je ne le vois pas.

10Mais il connaît la voie que je suis ; il m’éprouve, je sortirai comme de l’or.

11Mon pied s’attache à ses pas ; j’ai gardé sa voie, et je n’en ai point dévié.

12Je ne me suis pas retiré du commandement de ses lèvres ; j’ai serré [par-devers moi] les paroles de sa bouche plus que le propos de mon propre cœurd.

13Mais lui, il a une [pensée], et qui l’en fera revenir ? Ce que son âme désire, il le fait.

14Car il achèvera ce qui est déterminé pour moi ; et bien des choses semblables sont auprès de lui.

15C’est pourquoi je suis terrifié devant sa face ; je considère, et je suis effrayé devant lui.

16Et ✷Dieu a fait défaillir mon cœur, et le Tout-puissant m’a frappé de terreur ;

17Parce que je n’ai pas été anéanti devant les ténèbres, et qu’il ne m’a pas caché l’obscurité.

Job 24

1Pourquoi des temps ne sont-ils pas réservés par-devers le Tout-puissant, et ceux qui le connaissent ne voient-ils pas ses jours ?

2Ils reculent les bornes, ils pillent le troupeau et le paissent ;

3Ils emmènent l’âne des orphelins et prennent en gage le bœuf de la veuve ;

4Ils détournent du chemin les pauvres ; les malheureuxe de la terre se cachent ensemble :

5Voici, ânes sauvages dans le désert, ils sortent pour leur besogne dès le matin, pour chercher leur proie ; le désert leur [fournit] le pain pour leursf enfants ;

6Ils moissonnent leg fourrage dans les champs, ils grappillent la vigne du méchant ;

7Ils passent la nuit tout nus, sans vêtement, et n’ont pas de couverture par le froid ;

8Ils sont trempés par les averses des montagnes, et, sans refuge, ils se serrent contre le rocher…

9Ils arrachent de la mamelle l’orphelin, et [de la main] des pauvres ils prennent des gagesh :

10Ceux-ci vont nus, sans vêtement, et, affamés, ils portent la gerbe ;

11Entre leurs murailles ils font de l’huile, ils foulent le pressoir, et ont soif.

12Des villes sortent les soupirs des mourants, et l’âme des blessés à mort crie, et †Dieu n’impute pas l’indignité [qui se commet].

13D’autres sont ennemis de la lumière, ils ne connaissent pas ses voies et ne demeurent pas dans ses sentiers.

14Le meurtrier se lève avec la lumière, il tue le malheureux et le pauvre, et la nuit il est comme le voleur.

15L’œil aussi de l’adultère guette le crépuscule, en disant : Aucun œil ne m’apercevra ; et il met un voile sur son visage.

16Dans les ténèbres ils percent les maisons, de jour ils s’enfermenti ; ils ne connaissent pas la lumière ;

17Car le matin est pour eux tous l’ombre de la mort, car ils connaissent les terreurs de l’ombre de la mort.

18Ils sont rapides sur la face des eauxj, leur part est maudite sur la terre ; ils ne se tournent pas vers les vignes.

19La sécheresse et la chaleur emportent l’eau de neige ; ainsi le shéol fait-il de ceux qui ont péché.

20Le sein maternel les oublie ; les vers se repaissent d’eux ; on ne se souvient plus d’eux : l’iniquité sera brisée comme du bois !

21Ils dépouillent la femme stérile qui n’enfante pas, et ils ne font pas de bien à la veuve.

22Et par leur force ils traînentk les puissants ; ils se lèvent et on n’est plus sûr de sa vie.

23 [Dieu] leur donne la sécurité, et ils s’appuient sur elle ; mais il a ses yeux sur leurs voies.

24Ils sont élevés : dans peu, ils ne sont plus ; ils défaillent, et sont recueillis comme tous ; ils sont coupés comme la tête d’un épi.

25Et si cela n’est pas, qui me fera menteur et réduira mon discours à néant ?

Notes

alitt. : ma main.
bou : je viendrais.
cou : vers l’orient… l’occident… le nord… le midi.
dou : plus que ce qui m’était donné pour ma propre portion.
eailleurs souvent : affligés.
flitt. : [et] aux.
glitt. : leur, celui des champs.
hqqs. : et ils prennent en gage ce qui est sur les pauvres ; voir Exode 22. 25-26.
iqqs. : qu’ils ont marquées de jour.
jc.-à-d. : emportés comme l’est par les vagues un objet qui surnage.
kou : par sa force, il traîne ; qqs. l’appliquent à Dieu.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)