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Le livre de Job
Sondez les Écritures - 3e année

Job 12-14

Le légalisme et le fatalisme

3. Job connaît le Dieu souverain : 12. 1 à 13. 2

Job ressent durement l’absence de compassion dont il est l’objet, et réagit par le sarcasme (verset 2). Ses amis lui ont rappelé des sentences bien connues, et il le vit comme un affront (verset 3). Ce n’est pas lui qui se moque de ses amis (11. 3), c’est l’inverse, comme il le soulignera à maintes reprises (verset 4 ; 17. 2 ; 21. 3 ; 30. 1). Objet de dérision, comme JérémieJérémie 20. 7 ; Lamentations de Jérémie 3. 14, Job est à l’image de Christ, qui dira : “tous ceux qui me voient se moquent de moi” Psaume 22. 8. Ceux qui sont atteints par le malheur sont méprisés par ceux pour qui tout semble bien aller (verset 5) Psaume 123. 4, et tout sourit aux orgueilleux (verset 6) Malachie 3. 15.

La nature recèle une mine d’instruction pour ceux qui veulent bien l’observer (versets 7-9). Dieu lui-même reprendra ce sujet pour convaincre Job à la fin. Partout, l’Éternel1 fait ce qui lui plaîtPsaume 135. 6. Il maintient la vie à son gré (verset 10). Une note positive, malgré tout : l’esprit2 de l’homme, qui lui permet d’entrer en relation avec Dieu, est l’objet d’un soin particulier du Créateur (verset 10 ; 10. 12) Nombres 16. 22 ; Daniel 5. 23 ; Hébreux 12. 9. C’est une consolation dans l’épreuve. Job cite un proverbe (verset 12 ; 34. 3) pour inviter ses auditeurs à réfléchir. Oui, la sagesse est le trait des anciens, admet-il avec ses interlocuteurs, mais ce n’est pas toujours le cas (versets 12, 20). Dieu seul est vraiment sage, et les qualités que lui attribue Job seront pleinement manifestées dans la sagesse personnifiée, Christ lui-même (verset 13) Proverbes 8. 14. Elle se manifeste par des œuvres de puissance (versets 14-16), et par le renversement des autorités humaines (versets 17-25). Toutes défilent une à une et sont dépouillées de leur apparence fastueuse. Job ne les accuse pas de quelque faute, mais démontre leur fragilité. Dans ce sens Job va plus loin que ses interlocuteurs, reconnaissant au Dieu souverain une gloire que ses amis n’avaient su attribuer qu’à l’exercice du jugement.

4. Une autre recherche : 13. 3-19

Le “mais” du verset 3 souligne que Job poursuit un but que ses amis n’ont pas saisi : il ne veut pas se soumettre sans comprendre pourquoi Dieu lui envoie cette épreuve. N’était-il pas trop conscient de sa supériorité morale (verset 2) ? Il veut s’entretenir avec Dieu, et non avec eux. Ses interlocuteurs ont eu la prétention de l’aider, mais sont de mauvais bergers (verset 4) Ézéchiel 34. 4. Quand nous sommes démunis devant la douleur d’autrui, mieux vaut nous taire que d’accuser (verset 5) Proverbes 17. 28. En voulant justifier Dieu à tout prix, les amis ont accusé Job injustement (versets 6-12). Leurs discours ont révélé l’état de leur cœur. Job exprime à nouveau son désir de rencontrer Dieu au tribunal (versets 14-19). Il veut se justifier, mais il sent que c’est une entreprise difficile, qu’il risque sa vie. D’un autre côté sa hardiesse lui semble être la preuve qu’il n’est pas un méchant, car les impies ne désirent jamais que lumière soit faiteJean 3. 20, 21. Le texte d’Ésaïe 50. 8 prête à Christ les mêmes paroles que Job au verset 19, mais malgré son innocence, notre Seigneur ne chercha pas dans son procès à prouver sa “juste cause”. Au milieu de toutes ces affirmations de propre justice, la foi de Job s’élance cependant pour affirmer sa confiance en Dieu envers et contre tout (verset 15).

5. Le fardeau du péché : 13. 20 – 14. 22

Sans plus attendre, Job s’adresse directement à Dieu et lui demande (versets 20, 22) :

  • 1. d’alléger le poids de sa main qui le fait souffrir ;
  • 2. d’instaurer le dialogue, car Job est prêt à laisser Dieu parler le premier. Combien cette soif de communion est touchante ! Au lieu de souhaiter retrouver son état de prospérité antérieur, Job aimerait goûter la présence du Seigneur. Il lui fallait encore apprendre que cette communion peut se vivre même au sein de l’épreuveRomains 8. 37.

Job examine tous les aspects de sa condition qui pourraient faire obstacle à la faveur de Dieu (13. 20 à 14. 12). Il met Dieu au défi de lui révéler quelque iniquité ou transgression ou péché. A la rigueur, il admet que dans sa jeunesse il ait pu commettre des fautes, mais pourquoi lui en faire porter le poids si longtemps après ? Il croit que Dieu le considère comme un ennemi (verset 24). Sa misère lui semble illustrer toute la condition humaine, aussi fragile qu’une fleur et aussi passagère que l’ombrePsaume 103. 15 ; 144. 4 ; Ecclésiaste 6. 12. De plus, l’homme est pécheur par naissance, ce que Job prend pour une excuse. Il pense justifier ainsi son souhait que Dieu le laisse tranquille. Accentuer la faiblesse humaine et oublier la grâce de Dieu pour y faire face, c’est finalement dire : je n’y peux rien. Cette tentation du fatalisme laisse Job sous le poids écrasant du péché. Car où aller quand on croit avoir Dieu contre soi ?

Dans une sorte de délire, Job va imaginer se réfugier dans la tombe (14. 13-22). Il suppose pouvoir en revenir, car il est convaincu – porté malgré tout par un bel élan de foi – que Dieu languirait de lui (verset 15). Quoi qu’il en soit3, il voudrait être délivré de ses péchés qui semblent ineffaçables (verset 17) Osée 13. 12. Quel contraste avec la certitude que le Dieu de grâce a jeté tous les péchés du croyant dans les profondeurs de la merMichée 7. 19. A d’autres moments, Job réalise que son souhait est impossible, car nul ne revient du shéol, et n’y a de contact avec les vivants : son espoir s’en va. Il termine en songeant peut-être aux souffrances qui attendent le pécheur dans l’au-delà, à moins qu’il ne veuille dire que chacun porte sur terre sa part de souffrance et de solitude.

Malgré cette fin de discours pessimiste, une allusion à un autre monde est peut-être présente au verset 12 : oui, un jour les cieux et la terre actuels disparaîtront pour être remplacés par une nouvelle terre et de nouveaux cieux.

Notes

1Ce texte est le seul qui porte le nom de l’Éternel à la place de Dieu dans la partie en vers dans plusieurs manuscrits.
2D’après le verset 10 et Genèse 1. 30 ; 6. 17 ; 7. 22, les animaux et l’homme ont une âme, appelée aussi souffle de vie. Selon Genèse 2. 7, Ecclésiaste 12. 7, l’homme a aussi reçu le souffle divin, son esprit par lequel il communique avec Dieu.
3Pour d’autres traducteurs Job suppose que ses péchés seraient oubliés dans cet état imaginaire (versets 16-17). De toute façon, Job porte le fardeau d’un sentiment de culpabilité.

Job 12

1Et Job répondit et dit :

2Vraiment vous êtes les [seuls] hommes, et avec vous mourra la sagesse !

3Moi aussi j’ai du sens comme vous, je ne vous suis pas inférieur ; et de qui de telles choses ne sont-elles pas [connues] ?

4Je suis un [homme] qui est la risée de ses amis, criant à †Dieu, et à qui il répondra ; – le juste parfait est un objet de risée !

5Celui qui est prêt à broncher de ses pieds est une lampe méprisée pour les pensées de celui qui est à son aisea.

6Les tentes des dévastateurs prospèrent, et la confiance est pour ceux qui provoquent ✷Dieu, pour celui dans la main duquel †Dieu a fait venir [l’abondance] b.

7Mais, je te prie, interroge donc les bêtes, et elles t’enseigneront, et les oiseaux des cieux, et ils te l’annonceront ;

8Ou parle à la terre, et elle t’enseignera, et les poissons de la mer te le raconteront.

9Qui d’entre tous ceux-ci ne sait pas que la main de l’Éternel a fait cela,

10Lui, dans la main duquel est l’âme de tout être vivant et l’esprit de toute chair d’homme ?

11L’oreille n’éprouve-t-elle pas les discours, comme le palais goûte les aliments ?

12Chez les vieillards est la sagesse, et dans beaucoup de jours l’intelligence.

13Avec lui est la sagesse et la force, à lui sont le conseil et l’intelligence.

14Voici, il démolit, et on ne rebâtit pas ; il enferme un homme, et on ne lui ouvre pas.

15Voici, il retient les eaux, et elles tarissent ; puis il les envoie, et elles bouleversent la terre.

16Avec lui est la force et la parfaite connaissance ; à lui sont celui qui erre et celui qui fait errer.

17Il emmène captifs les conseillers, et rend fous les juges ;

18Il rend impuissant le gouvernement des rois, et lie de chaînes leurs reins ;

19Il emmène captifs les sacrificateursc, et renverse les puissants ;

20Il ôte la paroled à ceux dont la parole est sûree, et enlève le discernement aux anciens ;

21Il verse le mépris sur les nobles, et relâche la ceinture des forts ;

22Il révèle du sein des ténèbres les choses profondes, et fait sortir à la lumière l’ombre de la mort ;

23Il agrandit les nations, et les détruit ; il étend les limites des nations, et les ramène.

24Il ôte le sens aux chefs du peuple de la terre, et les fait errer dans un désert où il n’y a pas de chemin ;

25Ils tâtonnent dans les ténèbres où il n’y a point de lumière ; il les fait errer comme un homme ivre.

Job 13

1Voici, tout cela, mon œil l’a vu, mon oreille l’a entendu et l’a compris.

2Ce que vous connaissez, moi aussi je le connais ; je ne vous suis pas inférieur.

3Mais je parlerai au Tout-puissant, et mon plaisir sera de raisonner avec ✷Dieu ;

4Mais pour vous, vous êtes des forgeurs de mensonges, des médecins de néant, vous tous !

5Oh ! si seulement vous demeuriez dans le silence ! et ce serait votre sagesse.

6Écoutez donc mon plaidoyer, et prêtez attention aux arguments de mes lèvres.

7Est-ce pour ✷Dieu que vous direz des choses iniques ? Et pour lui, direz-vous ce qui est faux ?

8Ferez-vous acception de sa personne ? Plaiderez-vous pour ✷Dieu ?

9Vous est-il agréable qu’il vous sonde ? Vous moquerez-vous de lui comme on se moque d’un mortel ?

10Certainement il vous reprendra, si en secret vous faites acception de personnes.

11Sa majesté ne vous troublera-t-elle pas ? Et sa frayeur ne tombera-t-elle pas sur vous ?

12Vos discours sentencieux sont des proverbes de cendre, vos retranchements sont des défenses de boue.

13Gardez le silence, laissez-moi, et moi je parlerai, quoi qu’il m’arrive.

14Pourquoi prendrais-je ma chair entre mes dents, et mettrais-je ma vie dans ma main ?

15Voici, qu’il me tue, j’espérerai en lui ; seulement, je défendrai mes voies devant lui.

16Ce sera même ma délivrance, qu’unf impie n’entre pas devant sa face.

17Écoutez, écoutez mon discours, et que ma déclaration [pénètre] dans vos oreilles !

18Voyez, j’exposerai [ma] juste cause : je sais que je serai justifié.

19Qui est celui qui contestera avec moi ? Car maintenant, si je me taisais, j’expirerais.

20Seulement ne fais pas deux choses à mon égard ; alors je ne me cacherai pas loin de ta face :

21Éloigne ta main de dessus moi, et que ta terreur ne me trouble pas.

22Et appelle, et moi je répondrai, ou bien je parlerai, et toi, réponds-moi !

23Quel est le nombre de mes iniquités et de mes péchés ? Fais-moi connaître ma transgression et mon péché !

24Pourquoi caches-tu ta face, et me tiens-tu pour ton ennemi ?

25Veux-tu épouvanter une feuille chassée [par le vent], et poursuivre du chaume sec ?

26Car tu écris des choses amères contre moi, et tu me fais hériter des iniquités de ma jeunesse ;

27Et tu mets mes pieds dans les ceps, et tu observes tous mes sentiers ; tu as tracé une ligne autour des plantes de mes pieds ;

28Et celui [que tu poursuis] dépérit comme une chose pourrie, comme un vêtement que la teigne a rongé.

Job 14

1L’homme né de femme est de peu de jours et rassasié de trouble ;

2Il sort comme une fleur, et il est fauché ; il s’enfuit comme une ombre, et il ne dure pas.

3Pourtant, sur lui tu ouvres tes yeux, et tu me fais venir en jugement avec toi !

4Qui est-ce qui tirera de l’impur un [homme] pur ? Pas un !

5Si ses jours sont déterminés, si le nombre de ses mois est par-devers toi, si tu lui as posé ses limites, qu’il ne doit pas dépasser,

6Détourne de lui ton regard, et il aura du repos, jusqu’à ce que, comme un mercenaire, il achève sa journée ;

7Car il y a de l’espoir pour un arbre : s’il est coupé, il repoussera encore, et ses rejetons ne cesseront pas.

8Si sa racine vieillit dans la terre, et si son tronc meurt dans la poussière,

9À l’odeur de l’eau il poussera, et il fera des branches comme un jeune plant ;

10Mais l’homme meurt et gît là ; l’homme expire, et où est-il ?

11Les eaux s’en vont du lac ; et la rivière tarit et sèche :

12Ainsi l’homme se couche et ne se relève pas : jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de cieux, ils ne s’éveillent pas, et ils ne se réveillent pas de leur sommeil.

13Oh ! si tu voulais me cacher dans le shéol, me tenir caché jusqu’à ce que ta colère se détourne, me fixer un temps arrêté, et puis te souvenir de moi, –

14 (Si un homme meurt, revivra-t-il ?) tous les jours de ma détresse, j’attendrais jusqu’à ce que mon état vienne à changer :

15Tu appellerais, et moi je te répondrais ; ton désir serait tourné vers l’œuvre de tes mains ;

16Car maintenant tu comptes mes pas : ne veilles-tu pas sur mon péché ?

17Ma transgression est scellée dans un sac, et [dans tes pensées] tu ajoutes à mon iniquité.

18Mais une montagne qui s’éboule est réduite en poussière, et le rocher est transporté de son lieu ;

19Les eaux usent les pierres, leur débordement emporte la poussière de la terre : ainsi tu fais périr l’espoir de l’homme.

20Tu le domines pour toujours, et il s’en va ; tu changes sa face, et tu le renvoies.

21Ses fils sont honorés, et il ne le sait pas ; ils sont abaissés, et il ne s’en aperçoit pas.

22Sa chair ne souffre que pour lui-même, et son âme ne mène deuil que sur lui-même.

Notes

aselon d’autres : Mépris au malheur ! selon les pensées… aise, [le mépris] est prêt pour celui dont le pied bronche.
bou : pour celui qui tient †Dieu dans sa main ; voir Habakuk 1. 11.
cou : les principaux.
dlitt. : lèvre.
eselon d’autres : facile.
fqqs. : Lui-même sera ma délivrance, car un.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)