Roboam a choisi de répondre avec dureté (verset 13) Lévitique 25. 46, n’étant pas agréable à la multitude de ses frères, ne cherchant pas le bien de son peuple et ne parlant pas pour la paix de toute sa race1.
L’inévitable se produit alors, à la satisfaction d’un Jéroboam attentiste : chacun ne regarde plus qu’à soi-même, à sa propre maison ou à sa propre tribu, sans aucun souci de solidarité nationale et encore moins de communion fraternelle. N’étaient-ils pas tous des fils d’Israël ? “Chacun à ses tentes, Israël ! Maintenant, David, regarde à ta maison !” (verset 16).
À cause de la dureté du cœur de l’hommeRomains 2. 5, 6, la rupture est consommée et la royauté déchirée : “Et tout Israël s’en alla à ses tentes” (verset 16), c’est-à-dire : « Chacun pour soi ! » Israël était presque revenu à un nouveau temps d’anarchie comme à la fin de la période des jugesJuges 21. 25. Par la grâce de Dieu, deux entités vont néanmoins se reconstituer, mais aussi, selon la justice divine, connaître une même destinée douloureuse : la destruction et la déportation :
Roboam avait prévenu qu’il ne tiendrait absolument pas compte du désir du peuple et qu’au contraire, il appesantirait leur joug (verset 14) : “Dans la bouche du fou est la verge d’orgueil” Proverbes 14. 3. Son manque total de maturité spirituelle le pousse à mettre à exécution sa sentence. Quelle folie ! Il est bien vrai que “les fous méprisent la sagesse et l’instruction” Proverbes 1. 7 et que “la ruine est près de la bouche du fou” Proverbes 10. 14.
Avec une audace insensée, Roboam envoie vers ses compatriotes contestataires le préposé des levées en personne : Hadoram, sorte de percepteur d’impôts sur le plan national.
Pour les partisans de Jéroboam, la coupe est comble. La provocation est évidente. Et la réaction ne se fait pas attendre : “Les fils d’Israël le lapidèrent avec des pierres et il mourut” (verset 18).
Roboam comprend alors que, s’il veut garder la vie sauve, il est urgent qu’il quitte Sichem, centre de son royaume perdu, pour s’enfuir vers le sud, à Jérusalem, car la révolte gronde…
Le verset 19 conclut pudiquement ce qui demeurera pour Israël le commencement de la fin. L’hostilité était telle que le schisme était inéluctable. “Israël se rebella contre la maison de David”. Cette scission du royaume en deux fractions rivales l’affaiblira considérablement. Les événements ultérieurs seront la démonstration du jugement que Jésus prononcera environ mille ans plus tard : “Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume-là ne peut subsister” Marc 3. 24.
Effectivement, les deux royaumes divisés ne subsisteront pas. Toutefois, ce n’est pas leur division qui a entraîné leur ruine finale, mais pour chacun d’eux, l’obstination du peuple et de ses rois à abandonner l’Éternel et servir les idoles.
Déçu par l’attitude séparatiste des tribus du nord et courroucé par l’assassinat de son ministre des finances, Roboam, de retour à Jérusalem, veut récupérer immédiatement par la force ce qui pourtant lui échappe inexorablement : le pouvoir ! Il aurait pu prêter attention à ce précieux conseil de son propre père Salomon : “Mieux vaut la sagesse que la force” Ecclésiaste 9. 16. Au contraire, il lève une armée de 180 000 hommes pour faire la guerre.
Dieu a toujours eu horreur des luttes fratricides. S’il a dû retirer une partie du royaume au fils de Salomon comme juste châtiment, il ne désire pas du tout que les fils d’Israël s’entre-tuent. Dieu envoie alors auprès d’un Roboam belliqueux son fidèle prophète Shemahia, homme de Dieu (11. 2). Le message qu’il apporte à ce roi plein de dépit et de désir de vengeance est très clair : “Ne faites pas la guerre à vos frères” (verset 4).
Le cœur du roi blessé est touché de plein fouet par l’appel de la grâce divine. La foi est réveillée : “La foi est de ce qu’on entend, et ce qu’on entend par la parole de Dieu” Romains 10. 17. Soudain Roboam se souvient des paroles de la loi que son père lui a sans doute inculquées : s’il écoute attentivement la voix de l’Éternel, il sera béniDeutéronome 28. 1, 2 !
Non seulement il comprend et accepte pour lui-même, mais il conduit les siens dans l’obéissance et la dépendance : “Ils écoutèrent les paroles de l’Éternel, et s’en allèrent et n’allèrent pas contre Jéroboam” (verset 4b).
La réaction de Roboam est belle à considérer : il refuse de revendiquer la part du territoire qui lui était due ; il renonce à se justifier, à revendiquer ses droits. Roboam ne cède pas à l’injuste Jéroboam et au peuple qui le suit ; il se soumet à Dieu et accepte sa discipline. Mais le renoncement engendre des fruits excellents. Le Seigneur accorde le centuple à quiconque accepte de tout quitter et de renoncer ainsi à ses aspirations les plus légitimesMarc 10. 29, 30. Durant trois années Roboam en retirera force et bénédiction (11. 17).