Lorsque Manassé1 est porté à la tête de Juda, il n’a que douze ans. C’est un tout jeune garçon. Son règne va durer vingt-six ans de plus que celui de son père, mais le récit qui nous en est donné est beaucoup plus court.
L’appréciation de Dieu nous est immédiatement donnée. Elle est, d’ailleurs, précisée pour chaque roi et c’est elle qui compte par-dessus tout.
Ézéchias avait fait “ce qui est droit aux yeux de l’Éternel” (29. 2). Manassé fait “ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel” (verset 2). Le père avait suivi l’exemple de David, roi pieux approuvé de Dieu et très secouru ; le fils copie les abominations des nations vaincues par le peuple d’Israël. Le père avait éliminé l’idolâtrie introduite par l’impie Achaz ; le fils rebâtit les hauts lieux et y ajoute, introduisant des abominations jusque dans la maison de l’Éternel, dont il profane ainsi le nom. Plus encore, il sacrifie à l’armée des cieux dans les deux parvis de la maison de l’ÉternelDeutéronome 4. 19, va jusqu’à faire passer ses fils par le feu ; il pratique personnellement ce que l’Éternel condamne formellementDeutéronome 18. 10-12. Il fait une idole et la met dans la maison de Dieu, préfigurant l’apostasieÉzéchiel 8. 3 ; Daniel 11. 31 ; Matthieu 24. 15. Il incite enfin Juda et les habitants de Jérusalem au mal et les induit à être pires que les nations idolâtres. Quel sinistre tableau ! On dirait que le roi a cherché tout ce qui est contraire à la pensée de Dieu et qu’il a livré son cœur au mal. Un tel tableau exprime ce que le cœur naturel “plein d’envie de faire le mal” Ecclésiaste 8. 11 est capable de produire.
Un tel cumul d’infamies doit conduire à un jugement sans appel. Mais Dieu connaît les cœurs des fils des hommes (6. 30) et il est patient. Il cherche à toucher cœur et conscience et attend si, peut-être, se produira le repentir. Contemplons cet infini de grâce guettant le carrefour favorable dans la vie d’un homme pour user de bonté envers lui.
L’Éternel parle à Manassé et à son peuple. Ils n’y font pas attention. Mais les entrailles de l’Éternel sont émues à l’égard de son peuple et il agit dans son gouvernement en faisant venir le roi d’Assyrie. Voilà Manassé humilié, lié par l’ennemi, emmené à Babylone.
Là, il entre dans la détresse et se tourne enfin vers l’Éternel, devenu son Dieu. Il lui faut une douleur profonde pour revenir et se tourner vers la seule source de salut. Bien des plaintes, des gémissements, des déclarations d’injustice à cause de la détresse s’élèvent dans ce monde. Mais peu d’âmes acceptent de se tourner vers le Dieu Sauveur ! “On crie à cause de la multitude des oppressions”, mais bien peu disent : “Où est Dieu mon créateur, qui donne des chants de joie dans la nuit ?” Job 35. 9, 10. Ce comportement existe même chez les chrétiens.
Manassé réagit bien. Il implore, s’humilie, prie. L’Éternel entend son cri, se laisse fléchirJoël 2. 13, écoute le contenu de sa supplication et le ramène à Jérusalem. Oui, Dieu peut donner de telles réponses. Et Manassé reconnaît que l’Éternel est Dieu.
Trois faits positifs marquent alors la suite de son règne :
Le retour à l’Éternel jette de la lumière sur un tableau extrêmement sombre. Ayant mal commencé, Manassé finit mieux. Mais le compte est léger, si léger que le second livre des Rois ne rapporte pas ce retour vers Dieu. Les traits d’une riche bénédiction sont absents. La relation du peuple avec l’Éternel est relativement superficielle. Le mal et l’idolâtrie doivent figurer dans le bilan. Le roi ne peut pas être honoré dans sa mort comme le fut son père. Il est enterré dans sa maison, mais aucun honneur ne lui est rendu.
Ce court règne est seulement marqué par l’idolâtrie et l’infidélité. Amon suit le mauvais exemple de son père. Il ne s’humilie pas comme l’avait fait Manassé, va même encore plus loin que lui et multiplie ses péchés. Les pères doivent penser à l’exemple qu’ils donnent à leurs fils. N’oublions jamais que le cœur naturel est porté au malGenèse 6. 5. Soyons donc soucieux de présenter à nos enfants une foi active qui témoigne de la vie de Dieu et des ressources de sa grâce.
La fin d’Amon apparaît comme un jugement de Dieu. Cependant, il était établi roi sur Juda et sa mise à mort était un acte grave pour lequel les meurtriers ont été punis.