Joas fut le plus jeune roi de l’histoire de Juda : il monte sur le trône dès l’âge de sept ans (verset 1). Inutile de dire qu’à cet âge, on est absolument incapable de diriger un pays. Joas a donc besoin d’être conseillé. Il est aidé par Jehoïada, le sacrificateur, dont le nom signifie “que l’Éternel connaît”.
Les premières années de son règne sont encourageantes mais la limite est déjà précisée : ce sera pendant “tous les jours de Jehoïada” (verset 2).
En effet, l’attitude spirituelle de Joas sera conditionnée par la présence de Jehoïada à ses côtés :
Cette volte-face nous pose tout le problème de l’éducation de nos enfants :
Quand il s’est retrouvé seul, Joas n’a plus été capable de marcher droit : il avait perdu son maître à penser et son tuteur spirituel.
La principale réalisation de Joas fut de remettre en état le temple (verset 4) tout en s’appuyant sur Jehoïada qu’il désigne comme maître d’œuvre. Ce n’est pas pour rien que le nom du sacrificateur est cité une vingtaine de fois durant la vie de Joas (22. 11 – 24. 25).
Il était temps de restaurer la maison de l’Éternel car depuis sa construction sous le roi Salomon, aucun travail n’y avait été entrepris. Pour en assurer le financement (verset 5), Joas demande alors à Jehoïada d’accélérer la récolte de fonds pour le sanctuaire (verset 6) selon le tribut de Moïse (verset 9) Exode 30. 11-16.
Néanmoins, l’âge avancé du sacrificateur (verset 15) ne lui permettait plus de tout surveiller ni de tout diriger. “Il y a un temps pour toute affaire sous les cieux” Ecclésiaste 3. 1-8. Il ne faut pas se croire indispensable jusqu’au dernier souffle : il faut savoir s’effacer au moment opportun, après avoir transmis ce que l’on a reçu à “des hommes fidèles” 2 Timothée 2. 2. Jehoïada ne le verra pas, mais dès sa mort (verset 16), ce sera la déchéance spirituelle en Juda.
Nous aussi, quoi que le Seigneur nous confie, nous devons reconnaître : “Quand vous aurez fait toutes les choses qui vous ont été commandées, dites : Nous sommes des esclaves inutiles” Luc 17. 10.
Le récit met cependant en évidence la vie et l’œuvre remarquable de dévouement de Jehoïada :
Dieu permet qu’un honneur particulier soit rendu à Jehoïada qui est enterré “dans la ville de David avec les rois”. Nul doute que nous aimerions tous achever notre service avec la même mention que celle de Jehoïada : “Il avait fait du bien en Israël, et pour Dieu et pour sa maison” (verset 16). Alors le Seigneur pourra nous dire à chacun : “Bien, bon et fidèle esclave ; tu as été fidèle en peu de chose, je t’établirai sur beaucoup : entre dans la joie de ton maître” Matthieu 25. 21.
Jehoïada était le garant spirituel de tout un peuple. Dès qu’il quitte la scène, le roi et ses juges ont vite fait de retomber dans leurs mauvaises habitudes : abandon de Dieu et idolâtrie (verset 18). Tout cela parce que Joas a écouté les chefs de Juda plutôt que Dieu (verset 17). Plus tard, Jérémie devra prédire à Sédécias qui refusait d’obéir à la parole de l’Éternel qu’on dirait de lui : “Tes familiers t’ont entraîné, ils ont prévalu sur toi” Jérémie 38. 22. Danger toujours présent ! Recherchons les buts et les motifs de ceux dont nous écoutons la voix ; seul le bon Berger est digne d’être suivi : “Mes brebis écoutent ma voix, et moi je les connais, et elles me suivent, et moi, je leur donne la vie éternelle” Jean 10. 27, 28.
Dans sa grâce, Dieu essaie, malgré l’éloignement des siens, de faire entendre sa voix, “mais ils n’écoutèrent point” (verset 19).
Dieu doit alors agir selon les exigences de sa loi : son gouvernement reste inchangé. Un prophète, Zacharie, est chargé de prononcer publiquement la sentence divine (verset 20). Le principe n’a pas varié ; il est toujours en application de nos jours : “Si vous abandonnez l’Éternel, et si vous servez des dieux étrangers, alors il se retournera et vous fera du mal et vous consumera après vous avoir fait du bien” Josué 24. 20.
Devant de tels avertissements, puissions-nous nous engager sagement : “Nous servirons l’Éternel, notre Dieu, et nous écouterons sa voix” Josué 24. 24.
Ce n’est pas ce que les chefs de Juda ont décidé. Au contraire ! Zacharie est mis à mort, par ordre du roi, dans la maison de l’Éternel (verset 21). La qualité du message délivré coûte la vie au fidèle serviteur. Zacharie n’a pas été le seulActes 7. 52 ! La responsabilité de Joas est ici totalement engagée : il tue Zacharie, le fils de Jehoïada. Et pourtant Jehoïada avait usé d’une si grande bonté envers lui (verset 22). Conduite odieuse de Joas qui montre la plus noire des ingratitudes !
Zacharie meurt non sans réclamer vengeance (verset 22). Il sait que “l’âme des blessés à mort crie” Job 24. 12. Sa mort ne passera pas inaperçue et le Seigneur la rappelle lorsqu’il parle de “tout le sang juste versé sur la terre, depuis le sang d’Abel, le juste, jusqu’au sang de Zacharie1, fils de Barachie (en réalité Jehoïada), que vous avez tué entre le temple et l’autel” Matthieu 23. 35.
“Vous avez abandonné l’Éternel, et il vous abandonnera aussi” (verset 20), avait prévenu Zacharie. Le jugement s’accomplit : ce sont les Syriens qui sont chargés de faire justice (verset 24). Jérusalem est envahie et tous les chefs du peuple sont massacrés (verset 23) et déportés à Damas, tant il est vrai qu’ “il emmène captifs les sacrificateurs et renverse les puissants” Job 12. 19.
Les chefs du peuple ayant conspiré contre Zacharie (verset 21), c’est au tour des serviteurs du roi de conspirer contre Joas (verset 25) laissé malade par les Syriens et assassiné par les siens. La raison en est donnée : “à cause du sang des fils de Jehoïada”. Justice est faite !
Joas a très mal terminé son règne alors qu’il avait laissé entrevoir beaucoup d’espoirs : il sera bien vite enterré dans la ville de David, maigre consolation, mais pas dans les sépulcres des rois alors que cette place a été donnée, à titre exceptionnel, à Jehoïada. Dieu refuse cet honneur à celui qui l’a tant déçu.