Dans la présentation de ce roi, il y a une formule qui nous frappe par sa concision : “Amatsia fit ce qui est droit aux yeux de l’Éternel, non pas toutefois d’un cœur parfait” (verset 2). Ce fut bien là le caractère d’un roi faible, comme celui de bien des chrétiens : une bonne volonté, mais un engagement insuffisant ; un désir exprimé, mais une mise en œuvre déficiente. C’est donc ainsi que peut se résumer le règne d’Amatsia :
L’Éternel suivra d’ailleurs en parallèle les états d’âme d’Amatsia : “C’est en Dieu qu’est le pouvoir pour aider (victoire) et pour faire tomber (défaite)” (verset 8).
Que tout fidèle, désireux de se consacrer au Seigneur, évite d’être “agité par le vent et jeté çà et là… un homme incertain dans ses pensées, inconstant dans toutes ses voies !” Jacques 1. 7, 8.
Amatsia désire venger le meurtre de son père (24. 25-27) et châtie les coupables (verset 3). Néanmoins, contrairement aux pratiques cruelles de l’époque, il agit selon la grâce de Dieu préconisée dans la loi, ne rejetant pas la responsabilité des pères sur les fils (verset 4) Deutéronome 24. 16. De grands prophètes tels que Jérémie et Ézéchiel reprendront ce thème : “On ne dira plus : les pères ont mangé du raisin vert et les dents des fils en sont agacées. Car chacun mourra dans son iniquité” Jérémie 31. 29 et : “L’âme qui a péché, celle-là mourra. Le fils ne portera pas l’iniquité du père et le père ne portera pas l’iniquité du fils” Ézéchiel 18. 19, 20.
Amatsia lève une puissante armée (300 000 hommes d’élite) ; il l’équipe bien (piques et boucliers ; v. 5), mais son cœur hésitant lui fait engager 100 000 mercenaires du royaume d’Israël (verset 6). Les déboires de ses prédécesseurs – Josaphat par son alliance avec Achab (chapitre 18), Joram, le mari d’Athalie fille d’Achab, et Achazia par son alliance avec Joram, roi d’Israël (chapitre 22) – ne lui ont pas servi de leçon.
Dieu aurait pu se lasser à la suite de cette nouvelle transgression mais – grâce admirable – il envoie un inconnu, un homme de Dieu, parler au cœur du roi. Véritablement, il est l’Éternel “Dieu, miséricordieux et faisant grâce, lent à la colère, et grand en bonté et en vérité” Exode 34. 6.
Il appartient au prophète de rappeler le danger de s’associer avec Israël car Dieu n’est pas avec lui (versets 7-9). La réaction d’Amatsia est remarquable : il écoute le conseil divin et spontanément il l’applique (verset 10). Tels nous devrions toujours être : “Mettez la parole en pratique et ne l’écoutez pas seulement” Jacques 1. 22.
La conscience tranquille, il part pour la bataille contre les fils de Séhir et en revient vainqueur (versets 11, 12). Son obéissance lui procure le succès, même si les mercenaires qu’il a congédiés (verset 10) se vengent d’une manière lâche (verset 13).
Dieu n’apprécie jamais les mélanges : il veut toute la clarté chez ses enfants. La présence d’étrangers dans l’armée d’Amatsia aurait entraîné la défaite de Juda. Croyants, marchons comme des enfants de lumière, “éprouvant ce qui est agréable au Seigneur. Et n’ayez rien de commun avec les œuvres infructueuses des ténèbres” Éphésiens 5. 9-11.
D’une manière tout à fait inattendue et paradoxale, alors que l’Éternel vient de lui accorder une importante victoire, Amatsia revient d’Édom avec des trophées (leurs dieux) qu’il se met à adorer à la place du vrai Dieu (verset 14). Amatsia semble oublier que “l’Éternel… est un feu consumant, un Dieu jaloux” Deutéronome 4. 24 et que la jalousie de l’Éternel est terrible : “C’est un Dieu jaloux et vengeur que l’Éternel ; l’Éternel est vengeur et plein de furie” Nahum 1. 2.
La colère de Dieu s’enflamme contre Amatsia (verset 15), mais Dieu n’intervient jamais sans prévenir ni annoncer les conséquences d’une désobéissance ou d’un éloignementGenèse 18. 17, 18. C’est pourquoi un second prophète est envoyé à Amatsia (verset 15) qui réagit alors avec orgueil et mépris (verset 16). C’en est trop ! La décision est irrévocable : “Je sais que Dieu a résolu de te perdre” (v. 16).
Amatsia semble ignorer que “l’Éternel hait ces six choses et il y en a sept qui sont en abomination à son âme : les yeux hautains, la langue fausse…” Proverbes 6. 16, 17.
Amatsia ne tient aucun compte de la déclaration du prophète et s’entête dans son indépendance : il déclare la guerre à Joas, roi d’Israël (verset 17). Par la bouche de son ennemi, Amatsia reçoit encore un dernier avertissement : “Reste dans ta maison : pourquoi… tomberais-tu, toi et Juda avec toi ?” (versets 18, 19).
Il n’y a pas de pire sourd que celui qui ne veut rien entendre. Autrefois, en Égypte, face à Moïse et Aaron, “le cœur du Pharaon s’endurcit et il ne les écouta point” Exode 7. 13. Nous connaissons la fin du Pharaon… Ici, il en est de même, son endurcissement est constaté : “Amatsia n’écouta pas” (verset 20).
Lecteurs, nous vous en supplions : N’empruntez pas le même chemin. “Pourquoi endurciriez-vous votre cœur comme les Égyptiens… ont endurci leur cœur ?” 1 Samuel 6. 6. Au contraire, “aujourd’hui si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas votre cœur” Hébreux 3. 15.
Une fois les avertissements méprisés, il n’y a plus de remède : le premier prophète lui avait déjà parlé de “tomber” (verset 8) ; le roi d’Israël le lui confirme (verset 19) ; c’est clair : Amatsia tombera ! La défaite est cuisante :
Bien que vaincu, Amatsia survivra une quinzaine d’années à son vainqueur Joas (verset 25), mais dans quelles conditions ? Une conspiration s’élève contre lui ; il se réfugie lâchement à Lakis, à quarante-cinq kilomètres au sud-ouest de Jérusalem, où il est mis à mort (verset 27). Il sera enterré dans l’anonymat le plus complet (verset 28).
Misérable fin d’un pauvre roi qui s’est endurci, refusant délibérément les appels de la grâce de Dieu !
L’histoire d’Amatsia peut être celle d’un croyant qui, après quelques années de fidélité, retourne dans le monde, méprise ou oublie les bénédictions qui sont sa part.