Nous arrivons maintenant à la fin de la vie du Sauveur. Le complot contre le Fils de Dieu pour le mettre à mort se referme maintenant sur lui : les instigateurs en sont les chefs du peuple ; l’énergie est celle de Satan et l’instrument en est Judas, l’un des douze disciples.
Dans l’ordre des
La Pâque, anticipation du sacrifice de Christ, était pour Israël le souvenir du jugement des premiers-nés en Égypte et de la délivrance à travers la mer Rouge. La Pâque devait être mangée avec des pains sans levain et des herbes amèresExode 12. 8.
La fête des pains sans levain durait sept jours (une période complète). Elle commençait le lendemain de la Pâque (en comparant les dates données dans le LévitiqueLévitique 23. 5, 6). Toutefois, tout levain devait avoir disparu des maisons des Israélites, de sorte que cette fête se préparait déjà au jour de la Pâque : ceci explique la différence entre le récit de l’évangile (22. 7) et les ordonnances de l’Exode.
Luc est le seul évangéliste qui identifie les deux fêtes de la Pâque et des pains sans levain (22. 1). L’apôtre Paul tire une conclusion morale importante de ce fait pour les Corinthiens dont plusieurs vivaient une vie dissolue. “Notre pâque, Christ, a été sacrifiée : c’est pourquoi célébrons la fête… avec des pains sans levain de sincérité et de vérité” 1 Corinthiens 5. 7, 8.
Alors que Christ se présentait comme Agneau de Dieu pour prendre la place du véritable agneau de la Pâque, les principaux sacrificateurs et les scribes cherchaient comment le faire mourir. Toutefois, ils craignaient le peuple qui se trouvait sous l’influence morale des enseignements du Seigneur : “Jamais homme ne parla comme cet homme” Jean 7. 46. Sous le joug romain, les chefs du peuple n’avaient pas l’autorité de prononcer une condamnation à mort : “Il ne nous est pas permis de faire mourir personne” Jean 18. 31. Pilate, le gouverneur romain, seul, détenait cette autorité : “Ne sais-tu pas… que j’ai le pouvoir de te crucifier” Jean 19. 10, dira-t-il à Jésus.
Remplis de haine contre Christ, les chefs du peuple ne savaient comment se saisir de lui, en évitant un tumulte parmi le peupleMarc 14. 2. L’occasion leur est fournie par Satan qui choisit l’instrument de sa haine parmi les disciples mêmes de Christ : Judas, l’un des douze (verset 3). La proximité du Seigneur et des choses divines ne produit que l’endurcissement du cœur, si la conscience n’est pas réveillée et si la vie de Dieu n’est pas là. C’était le comble de l’iniquité pour Judas de proposer aux chefs du peuple de livrer son maître pour de l’argent, puis d’accomplir sa trahison en désignant Jésus par un baiser dans le jardin. Satan avait choisi la convoitise et l’amour de l’argent pour exercer son emprise sur Judas ; et maintenant, il entre en lui, pour sa perte, en prenant possession de son être entier : épouvantable état révélé par le récit qui est devant nous (22. 3) et confirmé par Jean à l’occasion du dernier souperJean 13. 27. Le Seigneur, sachant toutes choses à l’avance, l’avait déjà annoncé à ses disciples : “L’un d’entre vous est un diable. Or il parlait de Judas Iscariote, fils de Simon ; car c’était lui qui allait le livrer, lui qui était l’un des douze” Jean 6. 70.
Au milieu de cette scène de profondes ténèbres morales, la lumière divine jaillit de la personne de Jésus. Deux jours avant la Pâque, dans la maison de Simon le lépreux à Béthanie, Dieu avait dirigé Marie pour apporter à son Fils un soulagement d’amour par l’offrande du parfum, précisément au moment où Judas avait décidé de livrer son Maître.
En Jésus, il n’y avait ni conseil, ni ruse, ni marché. Il poursuivait son chemin d’amour, humainement et divinement sensible à tout ; dans le calme, la grandeur et la dignité de celui qui avait devant lui l’œuvre que le Père lui avait confiée.
Il envoie deux disciples, Pierre et Jean, dans la ville pour préparer la pâque en leur donnant le signe par lequel ils reconnaîtraient la maison et la chambre garnie. Le maître de la maison recevrait une parole d’autorité de la part du vrai Maître, celui qui enseigne. Ce maître de maison est une belle figure du Saint Esprit apportant aux croyants le rafraîchissement de la Parole (figurée par la cruche d’eau). L’activité de la grâce, si souvent présentée par l’évangile selon Luc, complète ici la mission de l’esclave envoyé pour inviter beaucoup de gens au souper de la grâce (14. 17).
La grande chambre, située à l’étage de la maisonMarc 14. 15, était garnie, toute prête. Moralement élevée au-dessus du monde et de son train, c’était un lieu de repos et de communion où se partageait le repas du soir et de l’adieu. Tout y était prêt par les soins de la providence de Dieu ; toutefois, les disciples devaient apprêter la pâque. Selon l’ordonnance gardée de génération en génération, il fallait non seulement apporter l’agneau mis en garde, mais aussi les pains sans levain (le jugement de soi-même et l’absence de mal dans notre vie) et les herbes amères (la repentance et la contrition du cœur). C’est la préparation morale des saints et de l’assemblée pour répondre au désir du Seigneur de se souvenir de lui.