Le Seigneur avait été reconnu par Pierre, comme le Christ de Dieu (9. 20), le Fils du Dieu vivantMatthieu 16. 16, selon la révélation que le Père avait faite au disciple et sur laquelle serait fondée l’Assemblée, fruit du travail de l’âme du Sauveur à la croix.
Puis, huit jours après (9. 28), le Seigneur a reçu du Père honneur et gloire, sur la montagne de la transfiguration en présence de ses trois disciples, qui ont conservé le souvenir de cette scène glorieuse2 Pierre 1. 17.
Maintenant, s’approche l’heure solennelle et glorieuse de la mort du Sauveur, Fils de l’homme. C’est à Jérusalem que devaient s’accomplir les desseins éternels de Dieu ; c’est là que seraient réunis Hérode, Ponce Pilate, avec les nations et les peuples d’IsraëlActes 4. 27, 28.
Le sacrifice de Christ devait s’accomplir à Jérusalem, car Jésus était le Prophète, l’Envoyé de Dieu et “il ne se peut qu’un prophète périsse hors de Jérusalem” (13. 33). Cette ville bien-aimée, la sainte ville de DieuDaniel 9. 19, 24, objet de tant de soins de la part de Dieu, est maintenant usée en tout, sauf en haine, pour devenir le théâtre du crime de l’humanité contre Dieu et son Christ. Mais là s’accomplit, selon la grâce souveraine de Dieu, l‘œuvre qui apporte la bénédiction au peuple d’Israël et aux nations.
“Comme les jours de son assomption s’accomplissaient” (9. 51). L’expression ne se trouve qu’ici dans l’Écriture ; elle désigne l’acte de puissance divine par lequel l’homme Christ Jésus serait reçu au ciel en gloire par le Père après l’œuvre de la croix. Au-delà de la mort que le Seigneur allait accomplir à Jérusalem1, il y aurait sa résurrection et son élévation au ciel dans la gloire (24. 50, 51) pour compléter le grand mystère de la piété1 Timothée 3. 16 ; 1 Pierre 1. 21.
Par amour pour son Père, pour la nation juive et pour toute l’humanité coupable, Jésus dresse sa face résolument pour monter à Jérusalem, accomplissant la prophétie d’Ésaïe : “J’ai dressé ma face comme un caillou, et je sais que je ne serai pas confus” Ésaïe 50. 7.
Le Seigneur savait par avance toutes les choses qui l’attendaient pour que les Écritures soient accomplies en luiJean 18. 4 (4. 21 ; 24. 44). C’est précisément ce qu’il annonce à ses disciples en montant avec eux à Jérusalem (18. 31-34). L’apôtre Paul y montera plus tard, par affection pour sa nationRomains 9. 3, mais “ignorant les choses qui m’y doivent arriver…” Actes 20. 22 ; là il connaîtra la haine du peuple, les liens et la tribulation, et la fin de son ministère public pour les assemblées. Merveilleusement béni, l’apôtre, toutefois, n’était qu’un homme qui disparaît devant le Sauveur de gloire et son œuvre.
Christ montait à Jérusalem pour y être rejeté ; il demeurait néanmoins le maître ayant l’autorité d’envoyer devant lui des messagers pour préparer son chemin (verset 52). La nuit où il fut livré, le même maître disposa aussi de toutes choses pour célébrer la dernière pâque avec ses disciples avant de souffrir (22. 11).
Traversant la Samarie pour monter à Jérusalem (17. 11), le Seigneur n’y est point reçu. Cette province du pays d’Israël était habitée par des peuples installés là, depuis la déportation des dix tribus sous Shalmanéser, roi d’Assyrie2 Rois 17. 24. Ces nations avaient mélangé le culte du vrai Dieu à l’adoration de leurs idoles, en se choisissant Garizim comme centre religieuxJean 4. 20.
Le Seigneur est rejeté de ce village de Samarie parce que sa face était tournée vers Jérusalem. L’obéissance parfaite du vrai serviteur de l’Éternel, et son dévouement à l’œuvre placée entre ses mainsJean 13. 3, n’attirent pas l’homme ni la religion de la chair. “Il n’y a point d’apparence en lui pour nous le faire désirer” Ésaïe 53. 2.
Les disciples, ceux-là mêmes qui avaient assisté à la scène de la transfiguration (9. 28), dont deux seront appelés, plus tard, à être des colonnes dans l’assembléeGalates 2. 9, entreprennent alors de défendre les intérêts de leur maître méconnu. Jacques et Jean voudraient appeler le feu du ciel sur les Samaritains, comme plus tard Pierre, saisissant son épée, frappera Malchus, l’esclave du souverain sacrificateur, pour défendre Jésus.
C’était précisément en Samarie que le prophète Élie avait autrefois appelé le feu du ciel par deux fois sur les envoyés du roi infidèle Achazia2 Rois 1. 10-12. Le caractère du ministère et des miracles d’Élie était celui du jugement et de la justice, semblable à Jean-Baptiste venu dans l’esprit et la puissance d’Élie, car “déjà même la cognée est mise à la racine des arbres” (3. 9). Élisée, au contraire, était entré au milieu du peuple par le Jourdain (fleuve de la mort), comme prophète de grâce, dans la puissance de la vie et de la résurrection.
Telle était la place que prenait volontairement le Seigneur : souffrir lui-même pour les hommes, et non pas les détruire. Si les disciples avaient compris la pensée de Dieu, ils se seraient donc paisiblement soumis.
À l’image de notre maître, qui nous a laissé un modèle afin que nous suivions ses traces, nous sommes invités à supporter, sans nous venger, les souffrances injustes que nous rencontrerons de la part du monde dans le chemin de l’obéissance1 Pierre 2. 21-23. L’apôtre Paul, avec le secours de la grâce, a suivi de très près son modèle, lorsqu’il peut dire : “J’endure tout pour l’amour des élus” 2 Timothée 2. 10.
À l’occasion de trois entrevues avec des personnes rencontrées sur le chemin de Jérusalem, le Seigneur montre qu’on ne peut le suivre qu’en rompant les liens qui nous attachent au monde. Deux personnes veulent suivre Jésus, tandis qu’il appelle la dernière à le suivre ; mais dans les trois cas, le cœur est sondé et les vrais motifs sont mis en évidence.
Le chrétien, à l’image de l’apôtre Paul, est au contraire invité à oublier “les choses qui sont derrière” et à tendre “avec effort vers celles qui sont devant” afin de courir droit au but, ChristPhilippiens 3. 14.