Jésus, renvoyé par Hérode revêtu du vêtement éclatant, comparaît pour la seconde fois devant Pilate, le gouverneur romain, en présence des principaux sacrificateurs, du peuple et de ses chefs.
Déjà convaincu de l’innocence de Jésus, Pilate se montre moins injuste qu’Hérode. Il déclare avoir examiné celui que le peuple avait fait comparaître devant lui, et ne trouver aucun crime en lui. La loi romaine ne pouvait donc rien retenir contre Christ pour le condamner. Hérode avait, par bassesse morale, refusé de prendre position ; maintenant, Pilate reste seul devant le dilemme de satisfaire la haine des Juifs ou de respecter la loi romaine dont il était le représentant (le pouvoir de Pilate lui était donné d’en haut, soit de Dieu lui-même) Jean 19. 11. Pilate propose donc de châtier Jésus malgré son innocence, puis de le relâcher. C’était sans compter sur la haine des Juifs contre Jésus, serviteur de Dieu. Pierre devra rappeler plus tard à ces mêmes Juifs leur culpabilité pour réveiller leur conscience : “Vous, vous l’avez livré, et vous l’avez renié devant Pilate, lorsqu’il avait décidé de le relâcher” Actes 3. 13.
À ce moment crucial du procès du Seigneur (c’est sa sixième et dernière phase qui est devant nous), l’humanité tout entière est placée devant un choix : Christ ou Barabbas ? Par la voix des principaux du peuple, l’humanité a basculé dans l’injustice et le crime.
À l’occasion de la fête de Pâques, les Juifs obtenaient la libération d’un prisonnier. Pilate voulait relâcher Jésus, tandis que les Juifs voulaient le condamner et lui préféraient un brigand. Barabbas, dont le nom signifie de façon étrange : “fils du père” Jean 8. 44, était un brigand fameux qui avait fomenté une révolte au milieu du peuple à Jérusalem, accompagnée de meurtre.
Le cours des événements atteint ici un point culminant. Toute la haine et les passions de l’homme se déchaînent contre Christ. Le peuple avait été visité en grâce par celui qui avait “passé de lieu en lieu, faisant du bien” Actes 10. 38. Il avait été reconnu quelques jours auparavant comme “le roi qui vient au nom du Seigneur” (19. 38). Ce même peuple alors proclame maintenant : “Ôte celui-ci” (verset 18). “Crucifie, crucifie-le” (verset 21). Par trois fois, la voix et les cris du peuple couvrent la parole de Pilate qui voulait relâcher Jésus (versets 16, 20, 22).
Le récit de Matthieu mentionne l’intervention de la femme de Pilate pour tenter de convaincre son mari de ne pas commettre cette fatale injusticeMatthieu 27. 19. Rien n’y fait et Satan, acteur invisible de cette scène de ténèbres, remporte momentanément la victoire en poussant Juifs et nations à commettre le crime de l’humanité : “Dans cette ville, contre ton saint serviteur Jésus que tu as oint, se sont assemblés et Hérode et Ponce Pilate, avec les nations et les peuples d’Israël” Actes 4. 27. Personne ne pouvait comprendre qu’à cette heure, les desseins de Dieu s’accomplissaient. Toutefois chacun conserve l’entière responsabilité de ses actes : les principaux sacrificateurs et le peuple ont choisi un meurtrier en rejetant Christ et en le mettant à mort. Pilate, représentant le pouvoir romain, s’est lavé les mains en condamnant le sang innocent. L’injustice et l’indifférence du gouverneur sont aussi évidentes que l’insolence désappointée d’Hérode.
Tout est maintenant déterminé et Jésus est livré à la volonté du peuple. Dans son aveuglement, il prend sur lui la responsabilité de la mort de Christ : “Que son sang soit sur nous et sur nos enfants” Matthieu 27. 25, comme aussi du rejet de leur Messie : “Nous n’avons pas d’autre roi que César” Jean 19. 15. Le sort du peuple terrestre de Dieu est scellé à ce moment ; ces deux déclarations expliquent les terribles souffrances endurées depuis vingt siècles par cette “nation qui attend, attend, et qui est foulée aux pieds” Ésaïe 18. 7. Qu’attend-elle donc, cette nation, sinon d’être placée par grâce au bénéfice du sang de la nouvelle alliance, et de reconnaître Christ comme son Roi ?