“La scène où resplendit la lumière d’un autre monde pour un cœur purifié par la foi fait place maintenant aux ténèbres qui convenaient à cette heure”, a écrit un serviteur de Dieu.
C’était environ la sixième heure (midi, lorsque le soleil est à son apogée). Les ténèbres couvrent alors le pays, la terre d’Israël et peut-être la terre entière, jusqu’à la neuvième heure, l’heure de la mort du Seigneur. C’était l’heure de la prière pour Israël, l’heure du parfum.
Le soleil est obscurci par un acte de puissance divine et non par un phénomène naturel1. Un voile de ténèbres est étendu sur les êtres et les choses, de sorte que rien de la création ne puisse contempler le Créateur, à l’heure où Dieu l’amenait “dans les ténèbres et non dans la lumière”, dans “des lieux ténébreux” Lamentations de Jérémie 3. 2 ; Psaume 88. 6.
Le Saint Esprit ne révèle que peu de choses de ces heures de ténèbres, lorsque l’épée de l’Éternel se réveillait contre son berger, celui qui était son compagnonZacharie 13. 7. Absolument seul, Jésus, sainte victime, était l’offrande de gâteau, un sacrifice par feu (c’est le caractère général de l’évangile selon Luc), en même temps que le sacrifice pour le péché. Il livrait son âme en sacrifice pour le péchéÉsaïe 53. 10, il livrait son âme à la mortÉsaïe 53. 12. Il était mis dans la poussière de la mortPsaume 22. 26.
Qui pouvait soutenir notre Sauveur dans cette heure où Dieu lui-même était contre lui ? C’était son amour pour son Père, pour l’Assemblée, pour chacun de ses rachetés, et sa propre perfection, celle de l’Être béni. C’est la souffrance suprême, lorsque Dieu le frappait dans sa justice inflexible. Luc ne mentionne pas le cri d’angoisse du Sauveur à la fin des heures de ténèbres, vers la neuvième heure, laissant Matthieu et Marc déclarer la réalisation de la parole prophétiquePsaume 22. 1.
Réunissant à son habitude les faits dans leur ordre moral, Luc présente le voile déchiré comme une conséquence de l’expiation, alors que les deux autres évangiles synoptiques placent la scène après la mort de Christ, probablement selon l’ordre chronologique des faits.
Le travail de l’âme de ChristÉsaïe 53. 11, accompli dans les ténèbres du jugement de Dieu, ouvre le chemin des lieux saints. Le voile est déchiré par le milieu (verset 45) du haut en bas, par Dieu lui-mêmeMatthieu 27. 51 ; Marc 15. 38. La présence de Dieu était jusque-là fermée à l’homme pécheur. Maintenant, en vertu de l’expiation accomplie dans les ténèbres, le Dieu d’amour ouvre son cœur et reçoit dans la lumière de sa présence tout pécheur qui se confie dans l’œuvre de son Fils.
Tout étant accompli, Jésus quitte sa vie d’homme sur la terre, qu’il avait prise pour servir et s’offrir en sacrifice. Il meurt, par un acte de puissance et d’obéissance volontaire. Crucifié en infirmité2 Corinthiens 13. 4 ; 2 Timothée 1. 10, il entre dans la mort en vainqueur, mais dans la parfaite soumission de l’homme dépendant à la volonté de son Père.
Pour un moment abandonné de Dieu, Jésus retrouve la communion de son Père, et remet son esprit entre ses mains. Durant toute sa vie, l’homme parfait avait réalisé la promesse de Dieu : “Tes soins ont gardé mon esprit” Job 10. 12 ; et maintenant s’accomplit dans le vrai David, la parole du doux psalmiste d’Israël : “En toi, Éternel, j’ai placé ma confiance… En ta main, je remets mon esprit” Psaume 31. 2, 6. Tandis que son esprit et son âme sont reçus dans le sein même de la divinité, son corps reste sur la terre, confié aux soins des disciples qui vont l’ensevelir.
Frappé dans sa conscience par tout ce qui s’était passé, le centurion romain reconnaît que cet homme qu’il avait crucifié était certainement juste (verset 47). Le grand cri, le tremblement de terre, les rochers fendus et les sépulcres ouverts amènent aussi cet homme des nations à reconnaître la divinité de ChristMatthieu 27. 54 ; Marc 15. 39. C’est le dernier des sept témoignages à la justice et à l’innocence de Christ, qui sont présentés par Luc :
Les autres évangiles en mentionnent cinq autres, portant à douze les preuves de l’innocence du Juste2 :
Les foules qui avaient entouré la croix (quel spectacle !) s’en retournent en se frappant la poitrine, terrifiées. Effectivement, le monde avait perdu son Sauveur et ne le reverra plus que comme JugeApocalypse 1. 7.
Cette scène solennelle se termine par la mention de ceux qui connaissaient Jésus ; de quelques femmes pieuses qui l’avaient accompagné depuis la Galilée : Marie, Jeanne et Susanne, et plusieurs autres qui l’assistaient de leurs biens (8. 8), “qui avaient suivi Jésus depuis la Galilée en le servant” Matthieu 27. 55, “qui, lorsqu’il était en Galilée, l’avaient suivi et l’avaient servi” Marc 15. 41.
Dans le sentiment de leur faiblesse et de la solennité de la scène, ces femmes ne s’étaient pas mêlées à la foule qui entourait la croix. Leur place était à distance et dans la souffrance, en sympathie pour celui qui mourait pour elles. Après sa résurrection, elles le verront et partageront avec les disciples la joie de sa présence.