Dans les chapitres 7 et 8, le thème du salut revient avec insistance :
La puissance de Christ s’exerce ainsi pour le salut quelles que soient les circonstances.
Le récit de l’esclave du centurion et celui du fils de la veuve de Naïn ont un lien étroit : un homme est en train de mourir (verset 2), un autre est porté en terre (verset 12). Les deux sont sauvés de la mort et reçoivent la vie. L’un est un homme des nations, l’autre est juif.
Ce miracle doit être replacé dans le contexte de l’évangile de Luc, compagnon de Paul, apôtre des nations. Cette foi plus grande que celle qu’on trouve en Israël (verset 9) évoque l’évangile tel que Paul l’annonce. La base du salut n’est pas dans ce que nous pouvons faire – observer une loi comme les Juifs – mais dans l’abandon de toute confiance en nos œuvres ou en notre mérite supposé pour nous attendre à celui qui est le Seigneur (verset 6).
La présence de ce centurion1 rappelle que l’empire romain dominait le monde : cet empire est “fort comme le fer et écrase tout” Daniel 2. 40. Ce centurion était un
Le centurion exerce une autorité sur d’autres. Mais cette autorité est déléguée et il doit être lui-même soumis à ses supérieurs. Un seul mot de lui à ses soldats suffit car il a derrière lui toute la puissance romaine. Quant au Seigneur, de quelle autorité et de quelle puissance était-il investi ? Le centurion ne peut pas le dire, mais il sait qu’elles s’étendent sur le domaine des vivants et des morts. Plein d’admiration, Jésus fait l’éloge de cette “si grande foi” (verset 9). Cette foi « à distance » est une illustration du message de l’évangile aujourd’hui : “Bienheureux sont ceux qui n’ont point vu et qui ont cru” Jean 20. 29. N’hésitons pas, comme fait le Seigneur, à souligner le bien discerné chez nos frères et sœurs.
Luc est le seul évangéliste à rapporter cette scène. Dans cet évangile, le Seigneur est particulièrement près de la souffrance, de la peine de sa créature en présence de la mort, de la désolation de son peuple symbolisé par cette veuve privée de toute espéranceÉsaïe 62. 4 ; 63. 9.
Ce récit est mis en contraste avec celui du centurion, mais la conclusion est identique :
Pourtant, devant Dieu, il n’y a pas de différence : le salut n’est pas une affaire de pauvreté ou de richesse, c’est un don de Dieu accepté par la foi personnelle en celui qui peut nous délivrer de la mort spirituelleÉphésiens 2. 1-10. Il y a en Jésus une puissance qui a affronté victorieusement le pouvoir de la mort. La mort ne peut rester invaincue en sa présence (8. 54) Jean 11. 44. Même au Calvaire, la mort du Seigneur précède celle des deux brigands.
Ainsi, deux cortèges se croisent dans cette scène : celui de la mort s’approche lentement de la porte de la ville, celui de la vie monte vers la ville avec Jésus et ses disciples. La foule le suit. Dans cette rencontre, la vie va triompher ! Jésus intervient. Il s’adresse d’abord à la veuve. Il lui dit simplement : “Ne pleure pas !”, ce que personne n’avait pu lui dire. Dieu se souvient des larmes de ses enfantsPsaume 56. 9 et il les essuiera de leurs yeuxApocalypse 21. 4. Jésus s’approche alors du mort. Selon la coutume orientale, le corps repose non dans un cercueil de bois mais sur une sorte de civière.
Toucher la bière était un geste inhabituel car, en le faisant, l’Israélite se souillait. Mais il y avait en Jésus une absence totale de souillureHébreux 7. 26 et une puissance sanctifiante. Il dit simplement : “Jeune homme, lève-toi” (verset 15). Une parole suffit. Il n’a pas eu à s’étendre trois fois sur l’enfant comme Élie1 Rois 17. 21 ou à le réchauffer comme Élisée2 Rois 4. 34. Cette résurrection, pour la terre, illustre cependant la nouvelle naissance de façon magistrale : le jeune homme mort ne peut rien faire pour revenir à la vie. La parole de Dieu est entendue. Elle est pour lui une parole de vie. La joie et la reconnaissance accompagnent le salut, et l’assistance a le sentiment d’être dans la présence de Dieu (verset 16).
“Dieu a visité son peuple.” C’est le thème de la grâce qui offre le salut à ceux qui sont à bout de ressourcesExode 4. 31 ; Ruth 1. 6 ; Actes 15. 14. Le rejet de cette “visitation” est un sujet de grande tristesse pour le Seigneur (19. 41-44).