Le Seigneur était en chemin vers Jérusalem, depuis la Galilée, où son ministère s’était accompli (4. 14) et à travers la Samarie. Chassé de Judée par la haine des Juifs au début de son ministère, il avait rencontré la femme samaritaine à Sichar en se dirigeant vers la GaliléeJean 4. 4. Maintenant Jésus montait à Jérusalem pour la dernière fois en traversant à nouveau la Samarie. Dans un village, il rencontre dix lépreux qu’il guérit. Ce récit n’est rapporté que par Luc.
Ces hommes s’arrêtent de loin ; ils ne pouvaient ni habiter dans le village, ni se tenir dans sa proximité. Conscients de leur mal incurable (la lèpre est la figure connue et saisissante du péché), ils étaient sous la sentence de la loi qui disait : “Tout le temps que la plaie sera en lui, il sera impur ; il est impur ; il habitera seul, son habitation sera hors du camp” Lévitique 13. 46.
Encore loin du Seigneur qui entrait dans le village, les dix lépreux élèvent la voix pour invoquer sa pitié. Ils s’adressent à lui comme “Jésus, maître”. Tout misérables qu’ils soient, ils reconnaissaient déjà en Jésus le maître qui est au-dessus des autres1. Le Seigneur les voit, comme personne ne pouvait le faire, et malgré leur état suscitant la répulsion, veut répondre en grâce à leur misère. Pour exercer leur foi, il ne les guérit pas sur-le-champ, mais les envoie aux sacrificateurs. Sous la loi, seul le sacrificateur était habilité à juger d’une plaie de lèpre ou à prononcer sa guérisonLévitique 13. 8, 44. Mais il ne pouvait que constater l’existence ou l’absence du mal, sans y apporter de remède. Il aurait fallu une puissance divine que le sacrificateur ne possédait pas. Cette puissance-là était maintenant en Jésus, à qui les lépreux s’adressent. Pour qu’elle leur soit accordée, il faut que leur foi soit active et qu’ils obéissent à la demande du Seigneur d’aller se montrer aux sacrificateurs. Ce n’est que sur le chemin qu’ils sont rendus nets.
Le moyen de la guérison (celui du salut pour l’homme pécheur) est d’une telle simplicité qu’il semble souvent indigne à l’homme. Naaman, le Syrien2 Rois 5. 8-14 en est un exemple frappant. Lorsqu’il abandonne ses propres prétentions, la grâce de Dieu peut le guérir.
Les dix lépreux sont donc guéris. Neuf d’entre eux, très probablement des Juifs, ne se souviennent pas de celui qui les avait guéris ; “les neuf, où sont-ils ?” (verset 17). Conscients de la puissance qui était intervenue en leur faveur, mais oubliant la reconnaissance, ils demeurent dans leurs anciennes habitudes religieuses.
Le dixième était un Samaritain, méprisé des Juifs à cause de l’origine de son peuple : des nations qui habitaient la province de Samarie depuis la déportation des dix tribus2 Rois 17. 24 ; Jean 4. 9. Lié à un système partiellement idolâtre, cet homme avait déjà su vaincre ses scrupules religieux pour obéir au commandement du Seigneur : se montrer aux sacrificateurs du vrai Dieu en Israël. Après sa guérison, il est le seul à revenir à Jésus pour exprimer sa reconnaissance et louer Dieu. Étranger, il l’était bien selon la parole même du Seigneur (verset 18), interdit d’entrée dans le temple (l’ancien lieu d’adoration du peuple terrestre) ou même dans le parvisActes 21. 29. Mais, par grâce, il glorifie maintenant Dieu dans la présence de celui qui l’avait guéri.
Ce Samaritain présente ainsi en figure l’état normal de tout croyant. Par nature, “étranger aux alliances de la promesse” Éphésiens 2. 12, il est lavé de ses péchés par le sang de Christ pour devenir adorateur du vrai Dieu. La femme samaritaine (Jean 4) et le lépreux samaritain (Luc 17) entrent ainsi dans le plan de Dieu de se constituer un peuple d’adorateurs. Le lépreux guéri se jette sur sa face aux pieds de Jésus, donnant en cela gloire à Dieu. C’est aussi la position que prennent toujours les vingt-quatre anciens, figure des rachetés célestes dans l’ApocalypseApocalypse 4. 10 ; 5. 8 ; 7. 11 ; 19. 4.
La guérison d’une maladie et le salut de l’âme sont bien distingués dans l’Écriture. La première est un pardon gouvernemental pour la terre, tandis que le second est la conséquence d’un pardon absolu fondé sur l’œuvre de Christ, donnant la vie éternelle. Les neuf lépreux n’ont peut-être pas cru à salut dans leur cœur, au-delà de la guérison de leur terrible maladie. Tout est différent pour le Samaritain. Il voit qu’il est guéri de sa lèpre (verset 15). Mais lorsque le Seigneur le renvoie en paix, il possède l’heureuse assurance d’être guéri, c’est-à-dire sauvé (verset 19). Comme l’a dit si justement quelqu’un : « La foi va droit au cœur de Dieu, et là elle trouve toute grâce et une parole qui la renvoie dans la liberté de cette grâce. »