Après avoir annoncé les résultats de son rejet par la parabole des mines, le Seigneur continue son chemin vers Jérusalem, à la tête de cette petite compagnie de disciples stupéfiés et dans la crainteMarc 10. 32.
Jésus et ses disciples approchent de Béthanie, ce village où il aimait à se rendre, et là il envoie deux de ses disciples chercher l’ânon sur lequel il devait faire sa seule apparition publique à Jérusalem avant de mourir. Son royaume était reporté à plus tard (verset 12) à cause de son rejet ; néanmoins il devait être reconnu comme Roi avec son autorité et sa puissance, en entrant dans la ville royale. Créateur de tout et Seigneur sur toutes choses, Jésus savait où était l’ânon, mis à part pour lui seul (verset 30) ; le cœur des maîtres de cet ânon serait incliné pour que s’accomplisse ainsi la prophétie de Zacharie : “Voici, ton roi vient à toi ; il est juste et ayant le salut, humble et monté sur un âne, et sur un poulain, le petit d’une ânesse” Zacharie 9. 9.
Cette scène de l’entrée glorieuse de Jésus, roi d’Israël, à Jérusalem est déjà entrevue par Jacob dans sa prophétie relative à Juda (d’où est issu le Christ). “Il attache à la vigne son ânon, et au cep excellent le petit de son ânesse” Genèse 49. 11. L’entrée du Seigneur à Jérusalem préfigure ainsi les temps à venir où il sera reconnu comme Roi des rois par le résidu de son peuple (le cep excellent) et par l’Israël de Dieu (la vigne). Enfin cette circonstance mémorable est l’accomplissement de la prophétie de Daniel. “Jusqu’au Messie, le prince, il y a sept semaines et soixante-deux semaines” Daniel 9. 25. Depuis la reconstruction de Jérusalem sous la conduite de Néhémie, une période de 483 ans1 s’était donc écoulée. Mais quelques jours après seulement s’accomplirait la suite de cette prophétie : “Et après les soixante-deux semaines, le Messie sera retranché et n’aura rien”.
Le Seigneur entre à Jérusalem du côté de l’orient, descendant du mont des Oliviers pour traverser le Cédron et se diriger vers Sion. Les entrailles de miséricorde de Dieu envoyaient l’Orient d’en haut visiter son peuple (1. 78). Les disciples, pour préparer la voie royale, jettent leurs vêtements sur le chemin, aidés par la foule qui ajoute aussi des rameaux d’arbresMatthieu 21. 8 ; Marc 11. 8, ce qui donne à cette scène le caractère de la fête des tabernacles, préfiguration du milléniumLévitique 23. 40.
Par la parole de joie : “Béni soit le roi qui vient au nom du Seigneur !” (verset 38), la multitude des disciples reconnaissait l’œuvre de grâce du Fils de l’homme au milieu du peuple. Mais l’accomplissement réel de la prophétiePsaume 118. 22 n’aura lieu qu’à l’aube du millénium. La suite de la parole des disciples : “Paix au ciel, et gloire dans les lieux très-hauts !” (verset 38) montre le changement moral complet introduit par le rejet de Christ.
À sa naissance, une multitude de l’armée céleste s’était jointe à l’ange pour déclarer aux bergers : “Gloire à Dieu dans les lieux très-hauts ; et sur la terre, paix ; et bon plaisir dans les hommes !” (2. 14). Maintenant la paix était retirée de la terre (12. 51-53), comme si elle était recueillie au ciel. L’homme ne peut avoir de relation qu’avec un Christ céleste ; la paix est établie dans les cieux entre le Dieu de paix et les rachetés du Seigneur placés au bénéfice de son œuvre : “ayant fait la paix par le sang de sa croix” Colossiens 1. 20 et : “c’est lui qui est notre paix” Éphésiens 2. 14.
Tandis que les disciples se réjouissent, les pharisiens murmurent et cherchent à faire taire leur témoignage à la grâce de Christ. Jésus leur répond que la création inanimée même crierait ce témoignage. Les pierres (verset 40) sont l’image de l’état de mort des nations dont le cœur est endurci à l’exemple de Nabal1 Samuel 25. 37. Dieu pouvait en faire des croyants, selon la déclaration de Jean le Baptiseur (3. 8), et des adorateurs qui se réjouissent en lui.
Près de la sainte ville, Jésus pleure sur elle.
La malédiction sur le figuier (image d’Israël stérile pour Dieu) Matthieu 21. 18-22 ; Marc 11. 12-14 n’est pas rapportée dans cet évangile.
Au contraire, l’Esprit de grâce de Christ s’exprime ici par ses pleurs sur la ville. À la descente du mont des Oliviers, le Fils de l’homme épanche sa lamentation au sujet de son peuple et de la ville bien-aimés, selon la parole prophétique d’Asaph : “Oh ! si mon peuple m’avait écouté ! si Israël avait marché dans mes voies” Psaume 81. 14 ! Les larmes saintes du Sauveur étaient recueillies par son Dieu : “Mets mes larmes dans tes vaisseaux ; ne sont-elles pas dans ton livre ?” Psaume 56. 9 Semeur divin, “Il va en pleurant, portant la semence qu’il répand ; il revient avec chant de joie, portant ses gerbes” Psaume 126. 6. Bien des prophéties s’accomplissaient ainsi en lui2.
Jésus pleure sur Jérusalem qui négligeait la journée de sa paix pour connaître tant de souffrances. Sur cette ville coupable, insensible à la grâce, le Seigneur appelle un jugement complet :
Tout cela arrivait parce que Jérusalem n’avait pas connu le temps de sa visitation, c’est-à-dire la venue de Christ en grâce (1. 78).
Ce qui est dit de la ville de Jérusalem est aussi vrai de tout homme : s’il demeure insensible à la visitation de la grâce, son âme s’endurcit et le jugement final sera sa part. Le jugement annoncé par le Seigneur a été opéré par les armées romaines, quarante ans après la mort de Christ. Le siège de la ville par Titus préfigure les deux sièges futurs de Jérusalem qui suivront l’enlèvement de l’Église au cours des événements de la finMatthieu 24 ; Marc 13.
Arrivé dans la ville, le Seigneur entre dans le temple. C’était le temple d’Hérode le GrandJean 2. 20, rebâti après celui d’EsdrasEsdras 3. 10 ; 6. 15. La nuée (la gloire de l’Éternel) avait à regret quitté la maisonÉzéchiel 9. 3 ; 10. 18 ; 11. 23 au moment de la déportation à Babylone, et l’arche de l’alliance de l’Éternel était perdueJérémie 3. 16. Pourtant, Christ reconnaît encore cette maison, bien qu’abandonnée de Dieu (13. 35), comme la maison de son Père, une maison de prière pour tous les peuples (verset 46) Ésaïe 56. 7.
Les Juifs avaient transformé le temple en une caverne de voleurs (allusion à la déclaration de Jérémie) Jérémie 7. 11 ; ils mettaient leur confiance en des paroles de mensonge en disant : “C’est ici le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel !” Jérémie 7. 4
La loi autorisait autrefois un adorateur éloigné de Jérusalem à mettre de côté l’argent des dîmes pour acquérir un sacrifice offert à Dieu et partagé avec lui dans sa présence avec joieDeutéronome 14. 24-26. Délaissant le sens spirituel de cette ordonnance, le peuple avait laissé prévaloir le lucre et l’appât du gain en frustrant Dieu de son dûMalachie 3. 8 ; il transformait le temple en une caverne de voleurs. Qui les avaient conduits dans cette voie, sinon leurs chefs, principaux sacrificateurs, scribes et principaux du peuple (verset 47), qui nourrissaient contre le Seigneur des pensées de meurtre ? Illustration saisissante du voleur (Satan) qui vient pour voler, tuer et détruireJean 10. 10, en s’opposant au bon Berger c’est-à-dire à Christ.
Dans le temps actuel, où tout tend à la ruine, nous sommes exhortés à garder dans nos cœurs l’enseignement du Seigneur et de sa Parole, dans sa force et sa fraîcheur spirituelles et morales. C’est le moyen d’échapper au danger de la tradition déclaré par la prophétie d’Ésaïe et répété par le Seigneur : “Ce peuple m’honore des lèvres, mais leur cœur est fort éloigné de moi” Ésaïe 29. 13 ; Matthieu 15. 8.
Cette scène solennelle de la purification du temple se termine toutefois par la note heureuse du Seigneur qui poursuit son ministère de grâce au milieu de l’opposition des chefs du peuple : “car tout le peuple se tenait suspendu à ses lèvres pour l’entendre” (verset 48). Exemple édifiant pour chacun de nous.