De retour, les soixante-dix font au Seigneur un compte rendu de leur mission assez différent de l’essentiel de ce qui leur avait été confié. Ils devaient annoncer Christ au milieu du peuple, comme expression du royaume de Dieu (17. 21) ; et les miracles n’étaient qu’une preuve de ce fait glorieux.
On constate toutefois un progrès chez les disciples : incapables de chasser un démon après la scène de la transfiguration (9. 40), ils peuvent maintenant le faire au nom du Seigneur. Ils avaient donc fait leur profit des leçons de leur maître (9. 57-62). Leur service occupait trop leurs pensées, toutefois, ils puisaient la source de leur joie dans l’accomplissement de leur mission. Combien de fois ressemblons-nous aux disciples en plaçant le service à la place du Maître, et en nous réjouissant des résultats apparents de notre travail, au lieu de rendre toute la gloire au Seigneur.
Lorsque les disciples chassaient les démons en son nom, Jésus était en pensée avec eux : il voyait déjà la chute de Satan, qui sera précipité du ciel sur la terreApocalypse 12. 9-12, puis lié pour mille ans et jeté dans l’abîmeApocalypse 20. 1-3, avant son jugement final après le
Tous les hommes sont pécheurs par nature ; ils sont aussi asservis à Satan et liés par lui, comme l’était la femme infirme délivrée par le Seigneur (13. 16). Le
Le Seigneur confère ensuite aux disciples son autorité pour les protéger dans leur mission : “Rien ne vous nuira” (verset 19) ; confirmation leur en est donnée après la résurrectionMarc 16. 17, 18. Les serpents sont pour nous l’emblème de la ruse (Satan est le serpent ancien), et les scorpions, celui du venin mortel des fausses doctrinesÉsaïe 9. 14 ; Apocalypse 9. 4-10.
Les soixante-dix reviennent avec joie. Jésus leur révèle le vrai motif de joie (verset 20) : leurs noms sont écrits dans les cieux. Par la nouvelle naissance, le croyant devient citoyen du ciel et son nom est écrit dans le livre de vie de l’AgneauApocalypse 13. 8 ; 17. 8 ; 20. 12-15. Les ressources pour la terre ont toute leur valeur (verset 19) ; mais la part céleste avec Christ dans le ciel et le monde invisible est plus élevée (verset 20). Car Jésus apportait quelque chose de plus grand qu’un royaume terrestre pour le temps. Sa venue et sa mort introduisaient un royaume céleste2 Timothée 4. 18, inébranlableHébreux 12. 28 et éternel2 Pierre 1. 11.
Le Seigneur nous invite maintenant, comme ses disciples, à nous retirer dans l’intimité de sa joie (versets 21-24). L’évangile selon Luc est celui de l’Homme de douleurs ; il est aussi celui de la joie et de la louange. Goûter la joie de Jésus conduit à la louange, dans une atmosphère d’une douceur et d’une sainteté incomparables. Quel contraste avec tout ce qui est public et spectaculaire, et qui occupe trop souvent nos vies et nos pensées !
Sur la sainte montagne, le Seigneur avait été glorifié devant ses disciples, et la voix du Père s’était fait entendre du ciel vers la terre au sujet de son Fils (9. 35). Maintenant, la réponse du Fils s’élève de la terre vers le Père dans le ciel (verset 21). Le Père trouve sa joie dans le Fils, tandis que le Fils trouve sa joie à accomplir les pensées d’amour et de grâce de son Père. Au moment où Christ était rejeté de la terre, “en cette même heure” (verset 21), il loue son Père et se soumet entièrement à sa volonté, comme l’esclave volontaire. Quelle grandeur morale dans l’abaissement du Seigneur de gloire !
Au Dieu souverain était la domination du ciel et de la terre1 Chroniques 29. 11, 12 ; au Fils maintenant toutes choses appartiennent, comme lui étant livrées par son Père (verset 22). Et, par un pur effet de sa grâce, il associe son Assemblée à cette position d’autoritéÉphésiens 1. 22, 23. La sagesse humaine ne peut pas pénétrer de tels secrets. Il faut la simplicité des petits enfants. Le Fils, l’égal du Père, connaît le Père et en révèle le nom et les gloires aux petits enfants. Quant au Fils, le Père seul le connaît. Le croyant contemple avec adoration l’union impénétrable de l’humanité et de la divinité de “l’homme Christ Jésus” 1 Timothée 2. 6 et laisse le Père sonder l’insondable.
Alors Jésus se tourne vers les disciples (verset 23), ces petits, qu’il désignera plus loin comme le petit troupeau (12. 32). Leur privilège était grand de voir de telles choses ; ce serait le fondement du témoignage chrétien devant le monde après le départ de Jésus1 Jean 1. 1-3. Et la part présente des disciples était plus précieuse que celle des croyants d’autrefois : Abraham, David, Ésaïe et Daniel, par exemple, qui n’avaient connu que des ombres. Même les anges élus ne peuvent sonder les choses que Christ révélait1 Pierre 1. 12.