Le Seigneur est alors invité à dîner chez un pharisien. Luc relate trois occasions semblables :
A l’invitation du pharisien, le Seigneur entre dans sa maison et se met à table. Lorsque la grâce est présentée au docteur de la loi dans le récit du bon samaritain, le Seigneur prend naturellement le nom de son abaissement, Jésus (10. 29, 37) ; de même lorsqu’il s’arrête à la maison de Béthanie pour y goûter la communion de ceux qui lui sont attachés (10. 39, 41). Ici, dans la maison du pharisien, le Seigneur (revêtu de son autorité) prend de droit la position de chef de la maison, en se mettant à table et en renversant l’hypocrisie des habitudes sociales si prisées dans le monde (et peut-être trop souvent aussi chez les chrétiens). Le pharisien s’étonne fort que le Seigneur ne se soit pas auparavant lavé, selon la tradition des anciens. Le pharisien n’avait-il pas manqué à ses devoirs d’hôte, comme Simon précédemment (7. 44) ? La même critique avait déjà été adressée au Seigneur au sujet des habitudes de ses disciplesMatthieu 15. 1, 2.
En fait, il n’y avait rien pour Christ dans cette maison, derrière le vernis des belles apparences, et le Seigneur, avec miséricorde, mais sans ménagement, met à jour et juge sévèrement l’état des cœurs encombrés de toutes les formes religieuses sans la vie divine.
Non seulement les pharisiens, propres justes, méprisaient les autres hommes (18. 9), mais leur apparence extérieure irréprochable cachait un cœur méchant. C’est une illustration frappante de l’enseignement du paragraphe précédent touchant la lumière et l’œil : ici, l’œil était méchant, le corps était ténébreux et la lumière même était devenue ténèbres chez les pharisiens. Les scrupules ne sont pas la conscience, et ce qui importe pour Dieu, c’est un cœur purifié par l’obéissance à la vérité1 Pierre 1. 22. En outre, les pharisiens, égoïstes, négligeaient leurs devoirs à l’égard de leurs parentsMatthieu 15. 5 et de leurs frères (11. 41). Cette négligence démontrait l’état de leur cœur, d’où sortent toutes les choses qui souillent l’hommeMatthieu 15. 18-20.
Le Seigneur poursuit la mise à nu des motifs du cœur et appelle trois malheurs successifs sur les pharisiens.
Un docteur de la loi conteste les paroles du Seigneur qui prononce en réponse trois autres malheurs sur ceux qui enseignaient le peuple.
Le premier martyr a été Abel le juste, dont le sang a été répanduGenèse 4. 10, premier élu introduit dans la bénédiction céleste à travers le premier crime commis par un homme. Le dernier prophète mentionné par le Seigneur ici, est Zacharie, fils de BarachieMatthieu 23. 35, lapidé par ordre du roi Joas dans le parvis de la maison de l’Éternel2 Chroniques 24. 22, et disant à sa mort : “Que l’Éternel regarde, et redemande”. Tous ces crimes, expression de la haine religieuse, seront redemandés à “cette génération” (verset 51). Ce mot “génération” présente ici un sens moral ; il s’agit, comme précédemment (11. 29-31), de la race d’Israël vue dans son orgueil, son endurcissement et sa culpabilité. Cette même race appelle sur elle son propre jugement en demandant : “Que son sang soit sur nous, et sur nos enfants !” Matthieu 27. 25. Et pourtant, merveilleuse grâce divine, ce sang de l’expiation “parle mieux qu’Abel” Hébreux 12. 24, et Jésus devient “médiateur d’une nouvelle alliance”, scellée par son sang en faveur de son peuple terrestre. Que dire aussi de tout le sang des martyrs chrétiens, versé d’abord par le peuple juif (comme Étienne), puis par les nations païennes (comme au temps de Smyrne), et plus tristement encore, par la chrétienté professante elle-même, qui deviendra Babylone la grande, “la femme enivrée du sang des saints et du sang des témoins de Jésus” Apocalypse 17. 6 ; 18. 24 ?
Quel spectacle que de voir le saint Fils de Dieu gardant le silence dans une dignité parfaite, entouré d’une meute d’hommes méchants lui dressant des pièges et cherchant en vain à le trouver en défaut !
En fait, c’était eux-mêmes qui étaient convaincus de péché, et le Seigneur manifeste leur véritable état par sa miséricorde à l’égard des autres. Désormais, il va parler aux foules (parmi lesquelles il distingue ses amis), puis à ses disciples.