En chemin vers Jérusalem avec ses disciples, le Seigneur entre dans un village, dont le nom n’est pas mentionné ici ; d’autres passages des évangiles montrent qu’il s’agit de Béthanie, dont le nom signifie : maison de la grâce.
Dans ce village proche de Jérusalem1Jean 11. 18, habitait la famille de Marthe, Marie et LazareJean 11. 1 ; 12. 1, comme aussi Simon le lépreuxMatthieu 26. 6. Il semble que le Seigneur s’y arrête ici pour la première fois ; il y reviendra pour ressusciter LazareJean 11. 1-44, puis pour recevoir l’hommage de Marie. Béthanie a été le refuge du Sauveur pendant la dernière semaine de sa vie sur la terre, alors qu’il ne voulait pas passer les nuits à Jérusalem, la ville qui allait le mettre à mort. Enfin, c’est de Béthanie que le Seigneur est élevé dans le ciel en bénissant ses disciples (chapitre 24).
Le Seigneur est donc reçu dans la maison de Marthe qui semble avoir été l’aînée des deux sœurs. Ces saintes femmes étaient également chères au cœur de Christ, comme leur frère Lazare, qui n’est pas mentionné iciJean 11. 5. Toutes deux aimaient aussi leur Seigneur, mais de façon différente à cause de leur caractère respectif.
Marthe servait son Seigneur, et grâce à elle, le Christ, ici-bas, a goûté les égards dus à sa personne, que Simon le pharisien avait complètement négligé de lui rendre (7. 44-46). Agréable au Seigneur, le service de Marthe en arrivait à la distraire (verset 40), au point d’accaparer tout son être, et de voiler à son âme la valeur de la communion avec Jésus.
Marie, au contraire, avait compris par ses affections que la place de bénédiction était aux pieds du Seigneur pour écouter sa parole, sans pour autant négliger le service pour lui. Elle n’est mentionnée que trois fois dans les évangiles, et trouve naturellement sa place aux pieds du Seigneur :
Il est précieux de servir le Seigneur comme Marthe, mais il est plus précieux encore de goûter sa communion dans le silence et de tout recevoir de lui, comme Marie. Aussi, lorsque Marthe en appelle au Seigneur dans des termes qui contiennent un reproche voilé (verset 40), il lui répond pour placer toutes choses à leur vrai niveau. La répétition du nom de la servante de Jésus : “Marthe, Marthe”, exprime toute la profondeur d’affection du Maître pour elle. En dépit de ses tourments et de son souci, elle conservait sa place sur le cœur de Jésus ; elle est nommée la première, lorsque l’amour de Jésus pour la famille de Béthanie est mentionné à l’occasion de la mort de LazareJean 11. 5.
Marie avait choisi la bonne part (il n’est pas dit la meilleure), qui ne devait pas lui être ôtée, ni pour le temps présent, ni pour l’éternité. Appliquons-nous à imiter l’exemple de Marie dont le cœur s’était attaché à Jésus, et qui recevait les paroles de grâce de sa bouche, dans la jouissance de sa communion. Manifestons en même temps le zèle de Marthe, en nous gardant toutefois de mettre notre service à la place de Christ et de son sacrifice. Le service ne doit jamais être une source de distraction, ni de tourments, bien qu’il s’exerce par les labeurs du nouvel homme. Christ lui-même n’est-il pas le modèle du vrai serviteur et du parfait service ? Il n’a jamais rien fait pour lui-même, mais a dit : “Ma viande (ou : ma nourriture) est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son œuvre” Jean 4. 34.
La scène de Marthe et de Marie à Béthanie met en évidence un principe moral important : Dieu se plaît à donner et veut verser dans nos cœurs les trésors de sa grâce pour nous faire éprouver son propre bonheur ; un service utile pour Christ ne peut alors découler que de l’attachement à sa parole et à sa personne. La mission des soixante-dix, par laquelle commence le chapitre 10, avait pour objet de prêcher le royaume de Dieu qui s’était approché dans la personne de Christ. Le récit du bon Samaritain montre ensuite que nous avons été aimés par Jésus, objets de ses soins dans l’hôtellerie, en attendant son retour. Enfin, la visite de Jésus à Béthanie montre que la bonne part est d’imiter Marie en demeurant aux pieds du Maître, le cœur occupé de lui : c’est la place du vrai disciple.
Dans la famille de Béthanie, nous avons aussi une touchante image des relations futures de Christ avec son peuple terrestre. Marthe est la figure du résidu fidèle de la fin ; Marie, celle de l’Église cachée dans le terrain d’Israël et formée pour le ciel comme une famille d’adorateurs. Enfin, Lazare, le mort, ressuscité d’entre les morts, préfigure le peuple terrestre ressuscité comme nationÉzéchiel 37. 12-14 pour jouir du royaume terrestre à venir.