La scène de Marie assise aux pieds de Jésus à Béthanie montre la valeur et l’importance de la Parole, reçue de Jésus lui-même. Maintenant, l’Esprit nous conduit à la seconde ressource de la foi, la prière. La Parole et la prière sont les deux armes offensives du chrétien, utiles et suffisantes, lorsqu’il a revêtu auparavant les premières pièces de l’armure, c’est-à-dire lorsque le cœur, les affections et la marche par la foi sont en ordre devant DieuÉphésiens 6. 17, 18. Par la Parole, Dieu nous parle ; par la prière, nous lui parlons. C’est ainsi que sont entretenues les relations de notre âme avec Dieu.
Dans la disposition habituelle de l’homme dépendant, il reçoit la demande d’un disciple de leur enseigner à prier. Il est touchant de recevoir ici le témoignage d’un disciple de Jésus sur l’influence bénie qu’avait eue Jean le Baptiseur sur ses propres disciples pendant son ministère ; la lampe ardente et brillanteJean 5. 35 avait non seulement brillé dans le monde en témoignage à l’égard de Jésus et de la vérité ; mais des fruits durables avaient aussi été produits par le ministère du précurseur. L’assemblée à Éphèse, dont le noyau a été constitué plus tard par douze disciples de Jean, en est une preuve.
La prière (appelée oraison dominicale) enseignée par le Seigneur aux disciples est donnée dans son intégralité dans l’évangile de MatthieuMatthieu 6. 9-13. Luc en rappelle ici l’essentiel. Le Seigneur rattache cette prière à la révélation de Dieu comme Père, un Père céleste qui prend soin d’un petit troupeau encore sur la terre (12. 32), au milieu des loups (10. 3), et au travers des épreuves avant d’hériter du royaume.
Les disciples ne sont pas encore ici dans la position chrétienne, scellés du Saint Esprit et connaissant Dieu comme le Père d’une famille céleste. La demande au Père du don de l’Esprit Saint (verset 13) n’aurait plus sa place aujourd’hui pour le chrétien, puisque le Saint Esprit habite déjà en lui et dans l’Assemblée. Toutefois, l’oraison dominicale, donnée par le Seigneur lui-même, conserve toute sa valeur morale pour nous, avant d’être la suprême ressource du résidu terrestre à travers les épreuves qui introduiront le règne de Christ.
Sept requêtes y sont contenues, relatives d’abord à la gloire de Dieu, et ensuite aux besoins des rachetés.
L’ordre de ces requêtes porte en lui-même un enseignement important pour nous. Pensons d’abord à la gloire de Dieu, à ses intérêts et à ses droits, avant de penser à nous-mêmes et à nos besoins.
La première et la dernière demande de cette prière sont toutes deux en rapport avec la séparation pratique du mal, soit pour la gloire de Dieu, soit pour nous-mêmes.
Elles sont alors soulignées par le Seigneur dans l’exemple pratique de quelqu’un qui reçoit un ami, à minuit, alors qu’il n’y a plus de pain dans la maison. L’hôte s’adresse à un voisin malgré l’heure tardive pour qu’il prête trois pains (la pensée est ici de subvenir aux besoins du voyageur sans idée de récompense). L’ami est lent à répondre, car sa maison est fermée et chacun se repose. Mais devant l’insistance de la demande, il cède et répond aux besoins.
La même pensée sera reprise plus loin à l’occasion du cas de la veuve devant le juge inique (18. 1). Dieu n’est jamais importuné par nos demandes.
En conclusion de la parabole précédente (versets 5-8), le Seigneur montre que Dieu répond aux prières, dans une mesure qui n’est limitée que par notre capacité humaine et la réalité de notre foi. La persévérance est soulignée par les trois verbes : demander, chercher, heurter, qui expriment un degré croissant dans l’énergie de la foi. Mais, pour que Dieu nous réponde, il faut que nos cœurs ne soient pas partagés.
Le Seigneur poursuit alors les comparaisons tirées de la vie familiale. Un père de famille (même en dehors du domaine religieux) aura toujours à cœur de répondre aux vrais besoins de ses enfants en leur donnant de bonnes choses. Personne ne donnerait jamais à son fils une pierre à la place d’un pain, un serpent à la place d’un poisson ou un scorpion à la place d’un œuf. À combien plus forte raison, notre Père céleste n’agira-t-il pas selon son amour envers nous, pour nous donner selon nos vrais besoins, plutôt que selon nos désirs.
Le Seigneur parle à ses disciples, en les considérant comme nés de nouveau (sauf Judas), par l’action de l’eau (la Parole) et de l’Esprit, mais ne possédant pas encore l’Esprit Saint comme personne divine et comme puissance. Les enseignements sont ainsi adaptés à la position des disciples à ce moment-là, mais contiennent des instructions qui sont valables pour tous les temps.
Dans la parole reçue par Marie, et dans la prière enseignée par Jésus lui-même, nous avons les deux grandes ressources de l’Esprit Saint pour prendre soin des rachetés du Seigneur pendant son absence, à l’image des deux deniers confiés par le Samaritain (Jésus) à l’hôtelier (le Saint Esprit).
“Bienheureux sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent” (verset 28).