Pierre, toujours prompt à parler ou à agir, demande au Seigneur à qui cette parabole s’adressait. Le Seigneur développe alors son enseignement en envisageant soit le cas d’un économe fidèle, soit celui d’un esclave infidèle.
Pendant son absence, le Maître a établi un économe fidèle et prudent sur les domestiques de la maison de son maître pour prendre soin d’eux (verset 42). L’économe est l’image d’une position collective et non pas celle d’un individu en particulier. Le passage correspondant de MatthieuMatthieu 24. 45-47 montre bien que l’économe est esclave de son maître, sous son autorité comme les autres domestiques de la maison, non pour dominer sur des héritages1 Pierre 5. 3 ou pour exercer la tyrannie et l’oppression comme le méchant esclave. Pour nous maintenant, il s’agit du service dans l’Assemblée, et particulièrement du ministère de la Parole, nourriture des saints. La fidélité dans ce service suppose l’oubli de soi, dans l’humilité et l’amour des âmes, pour le seul bien du troupeau du Seigneur.
Les caractères de l’économe fidèle et prudent sont aussi ceux de l’administrateur fidèle des mystères du Christ1 Corinthiens 4. 1-5 : autorité déléguée par le Maître seul, fidélité dans le service, responsabilité pour y faire face et enfin appréciation du service par le Maître. La récompense est d’être établi sur les biens du Maître lorsqu’il viendra. C’est le second bonheur qui complète le premier (verset 37) ; “Bienheureux est cet esclave-là, que son maître, lorsqu’il viendra, trouvera faisant ainsi” (verset 43).
À l’opposé, le Seigneur envisage le cas d’un esclave infidèle qui avait repoussé dans son cœur (au siège des affections, là où tout se décide pour l’homme) l’idée du retour du Maître. Oubliant sa place d’esclave et cédant à la tentation d’exercer un pouvoir sur les autres, il les tyrannise. Le manque de sobriété (verset 45) lui fait perdre le sens moral, car “la fornication, et le vin et le moût ôtent le sens” Osée 4. 11. Ce méchant esclave est arrêté par la venue inattendue de son maître qu’il avait oublié et déshonoré. Son jugement terrible (il est coupé en deux : verset 46) et sa condamnation éternelle sont en rapport avec la position qu’il avait prise. Ce sera aussi la part de tous les méchantsPsaume 1. 5.
Ce qui suit (versets 47, 48) montre que le “juge de toute la terre” fera “ce qui est juste” Genèse 18. 25, selon les œuvres écrites dans les livresApocalypse 20. 12.
La mesure du châtiment éternel variera selon le degré de connaissance et la responsabilité de chacun. L’aveuglement du paganisme ne sera point épargné, car tous les hommes sont inexcusablesRomains 1. 20. Mais le sort de la chrétienté infidèle sera beaucoup plus terrible. En particulier, ceux qui auront pris la place de Balaam et de Jésabel pour égarer les âmes et les entraîner dans le péché pour leur perte éternelleApocalypse 2. 14, 20, recevront un châtiment plus sévère. Tout est juste dans les voies de Dieu, mais combien solennel.
À la naissance de Jésus, l’armée céleste louait Dieu en disant : “Gloire à Dieu dans les lieux très hauts ; et sur la terre, paix ; et bon plaisir dans les hommes” (2. 14). Mais Christ a été rejeté et les témoignages de sa grâce refusés, de sorte que la paix est retirée de la terre (12. 51) pour retourner au ciel : “Paix au ciel, et gloire dans les lieux très hauts” (19. 38). C’est le témoignage même des disciples lors de l’entrée du Seigneur à Jérusalem aux jours de sa mort.
Dès le moment de son rejet, le feu, symbole du jugement, était jeté sur la terre (verset 49). Venu dans son caractère de grâce, pour chercher et sauver ce qui était perdu (19. 10), le Seigneur n’exerçait pas immédiatement le jugement. Celui-ci était néanmoins décrété sur le peuple rebelle et commençait déjà. En proposant que le
Le baptême dont le Seigneur parle ici (verset 50) est une figure de sa mort : il devait traverser les eaux profondes du jugement, figuré par l’eau du baptême. Avant que sa mort n’ouvre les écluses de l’amour divin, son cœur était à l’étroit. Étranger solitaire, rejeté de son peuple, incompris et méconnu même de ses propres disciples, il allait seul vers Jérusalem pour y accomplir l’œuvre que le Père avait placée entre ses mains. Qui sondera jamais la souffrance de l’Homme de douleurs ?
Sa venue dans le monde, en manifestant l’état moral de chacun, devenait pierre de touche, même au milieu de familles unies en apparence (versets 52-53). Les relations de famille sont établies par Dieu et sont précieuses pour les hommes sur la terre ; toutefois, les droits du Seigneur sur l’âme sont prioritaires (14. 26). La présence d’un chrétien fidèle au milieu d’une famille incrédule manifeste l’inimitié des cœurs étrangers à la grâce ; la haine religieuse, la plus acharnée, se manifeste ainsi au sein des familles, selon la prophétie : “Le fils flétrit le père, la fille s’élève contre sa mère, la belle-fille contre sa belle-mère ; les ennemis d’un homme sont les gens de sa maison” Michée 7. 5-7. Cette terrible situation se réalise aujourd’hui dans des familles fanatiques dont un membre seulement a accepté Christ comme Sauveur.
Le Seigneur s’adresse aux foules qui l’entouraient (12. 1). Ils savaient prévoir le temps d’après la direction du vent, la présence de nuages ou même la couleur du cielMatthieu 16. 3. Pourquoi ne pouvaient-ils donc pas discerner les signes moraux du temps dans lequel ils vivaient ? Déjà, les fils d’Issacar pouvaient le faire pour savoir ce que devait faire Israël1 Chroniques 12. 33. Eux, maintenant, avaient beaucoup plus, puisque Jésus était parmi eux, le modèle de la justice. Ils auraient dû juger par eux-mêmes de ce qui était juste (verset 57) et prévoir les signes avant-coureurs de l’orage du jugement divin qui les menaçait.
Par son rejet de Christ, Israël s’était constitué ennemi de Dieu et avait devant lui le jugement. Il en est de même de tout homme qui est encore dans ses péchés. De plus, le péché constitue une dette immense, que l’homme ne peut absolument pas payer (7. 42) Matthieu 18. 24. L’issue ne fait pas de doute : le jugement du juge (Dieu lui-même) sera juste.
Il vaut mieux se mettre d’accord avec la partie adverse (verset 58) pendant qu’on est encore en chemin avant d’être traduit devant le tribunal, jugé et jeté en prison jusqu’à ce que la dette soit entièrement payée. Tout espoir est perdu, car personne ne peut payer lui-même la dette de ses péchés devant Dieu. Mais c’est maintenant le temps agréable, et le jour du salutÉsaïe 49. 8 ; 2 Corinthiens 6. 2, lorsque l’homme est encore sur le chemin de sa vie et que dure le temps de la grâce.
Alors, tout espoir renaît pour celui qui vient à Dieu par Christ qui dit : “Je ne mettrai point dehors celui qui vient à moi” Jean 6. 37.