Après avoir été transfiguré sur la sainte montagne, et avoir annoncé son départ du monde, le Seigneur ne se présente plus comme Messie sur la terre, mais comme un Christ et un Sauveur célestes. Tous les enseignements qui suivent sont empreints de ce caractère céleste, qui est aussi celui des croyants ; en effet, leurs noms sont écrits dans les cieux (10. 20), leurs bénédictions sont célestesÉphésiens 1. 3, ainsi que leur positionÉphésiens 2. 6, leur héritage1 Pierre 1. 3, 5, leur bourgeoisiePhilippiens 3. 20, le centre de leurs affections et de leurs penséesColossiens 3. 1-2, et enfin leur espéranceJean 17. 24 ; Colossiens 1. 5.
Le chapitre 10 nous parle de Christ dans les trois sujets développés :
Luc seul parle de la mission des soixante-dix, comme d’un nouveau témoignage de la grâce de Dieu. Sachant que le temps est court et que le jugement est à la porte, cette grâce s’exprime dans la patience de Dieu2 Pierre 3. 9.
Dans son amour, le Seigneur avait déjà lui-même proclamé le royaume de Dieu (4. 43, 44 ; 8. 1). Puis il avait envoyé les douze (9. 1), seulement vers les brebis perdues d’Israël. Maintenant, la mission est confiée aux soixante-dix, envoyés deux par deux. Ayant sa source dans la patiente grâce de Dieu, cette mission présente un caractère plus général que la précédente. Deux est le nombre minimum, mais suffisant, pour établir un témoignageDeutéronome 19. 15. En outre, deux à deux, ils pouvaient s’encourager mutuellement, étant “consolés ensemble… chacun par la foi qui est dans l’autre” Romains 1. 12. Le sens symbolique du nombre des disciples (soixante-dix) se retrouve dans le nombre des anciens adjoints à Moïse pour porter tout ce peupleNombres 11. 10-25.
La moisson est grande (verset 2), et Dieu nous fait l’honneur de nous appeler à être ses collaborateurs, des ambassadeurs pour Christ2 Corinthiens 5. 20. Pour répondre à la pensée du maître de la moisson, nous devons nous appliquer à reproduire les caractères de dévouement, de renoncement et de persévérance des vrais disciples du Seigneur, présentés à la fin du chapitre précédent. Étreints par l’amour du Christ pour les âmes, nous le supplions de pousser lui-même des ouvriers dans sa moisson.
Les disciples étaient envoyés “comme des agneaux au milieu des loups”. Christ a été un “agneau, muet devant celui qui le tond” Actes 8. 32 ; nous sommes invités à manifester les mêmes caractères que lui : la douceur de l’agneau avec la simplicité de la colombeMatthieu 10. 16. Les loups au milieu desquels marchaient les disciples sont l’image de ce qu’était devenu le peuple incrédule, sous l’emprise de Satan. Des loups redoutables entrent maintenant parmi nous, sans épargner le troupeau de Dieu, son assemblée sur la terreActes 20. 29. Demeurer dans la simplicité quant au Christ2 Corinthiens 11. 3 : “sages quant au bien et simples quant au mal” Romains 16. 19, voilà la ressource pratique pour être gardés des ravages des loups.
La mission des disciples était simple (verset 4) : ne pas rechercher ses aises, s’en remettre à Dieu pour tous ses besoins personnels et garder constamment devant soi l’importance et l’urgence de la mission. Lorsque le temps de la moisson est arrivé, le cultivateur ne perd pas de temps pour la rentrer dans les greniers, avant que les orages, les prédateurs ou la moisissure ne l’altèrent. Pour nous aussi, le temps est court et nous devons saisir l’occasionÉphésiens 5. 16.
La salutation du messager apportait la paix (versets 5, 6). Celui qui l’acceptait devenait un fils de paix, alors que par nature tout homme est fils de la désobéissance et enfant de colèreÉphésiens 2. 2, 3.
Fatigué et dans le besoin, le serviteur pouvait accepter ce qui lui était offert dans une maison, en y demeurant (versets 7-9). Là, son service à l’égard des âmes pouvait se poursuivre ; mais lui-même était rafraîchi, car “l’ouvrier est digne de son salaire” (verset 7). Ceci est encore vrai pour nous dans le service que le Seigneur nous confie.
Les miracles accomplis confirmaient que le royaume de Dieu s’était approché, c’est-à-dire que Christ venait à eux comme Sauveur. Ce message était délivré, “soit qu’ils écoutent, soit qu’ils n’en fassent rien” Ézéchiel 2. 5.
La suite des paroles du Seigneur montre les terribles conséquences du rejet du message de la grâce, c’est-à-dire de Christ lui-même (versets 10-15). Le jugement annoncé ici par la bouche des soixante-dix (versets 10, 11) confirme celui que le Seigneur avait annoncé aux douze disciples (9. 5). Le malheur appelé sur les villes privilégiées qui avaient reçu la visite de Christ ou de ses disciples met en évidence un principe divin : le jugement est toujours en rapport avec la responsabilité (10. 12-15) Matthieu 11. 20-24. Ce principe solennel se retrouve dans la parabole de l’esclave infidèle (12. 47, 48).
Capernaüm, en Galilée, était la propre ville de Jésus (10. 15) Matthieu 9. 1 ; Marc 1. 21 ; 2. 1. Elle l’avait rejeté, et son jugement (c’est-à-dire celui de ses habitants) serait irrévocable, à la mesure des privilèges méprisés.
C’est ainsi que se terminent les instructions du Maître aux disciples (verset 16).
Pour Israël, c’était la fin d’une période. Pour nous aussi, tout montre que nous arrivons à la fin du jour de la grâce. Chaque heure qui passe rapproche tout homme du terme inexorable : bonheur éternel ou malheur éternel.