Le Seigneur renouvelle encore son appel à la repentance en rappelant deux récentes circonstances de l’histoire d’Israël.
Pilate, procurateur romain au milieu du peuple juif, était connu pour sa cruauté. Des hommes, originaires de la province méprisée de Galilée, étaient venus au temple à Jérusalem pour y offrir des sacrifices, et là, chose odieuse, Pilate les avait mis à mort et avait mêlé leur sang aux sacrifices. La réaction naturelle de l’homme est de penser que de telles circonstances sont un jugement de Dieu punissant sur-le-champ un péché particulièrement grave. Le Seigneur devance cette pensée en déclarant que ces pauvres Galiléens n’étaient pas plus coupables que leurs frères, ni même que tout homme. Les Galiléens étaient pécheurs (verset 2), mais “tous ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu” Romains 3. 23.
Puis, à Jérusalem, la tour de Siloé (verset 4) s’était effondrée en tuant dix-huit habitants de la ville. Ceux-là n’étaient pas plus coupables, ou plus débiteurs (c’est-à-dire : leur dette envers Dieu n’était pas plus grande) que les autres habitants de Jérusalem, ni même, en fait, que tout homme.
Chacun est donc invité à se repentir. Dieu a permis depuis quelques années, des cataclysmes naturels exceptionnels entraînant la mort de milliers de personnes1. Ceux qui ont eu la vie sauve ont-ils pour autant prêté attention à l’appel de la grâce de Dieu ? C’est ainsi que Dieu parle à l’humanité tout entière, avant que viennent les jugements de la fin qui seront aussi soudains que celui du déluge et aussi certains que celui de Sodome autrefois.
Le peuple d’Israël est comparé à une vigne, à un figuier ou à un olivier.
La vigne du bien-aimé avait été plantée sur un coteau fertileÉsaïe 5. 1. C’était la vigne de l’Éternel des armées, la plante de ses délicesÉsaïe 5. 7. Cultivée pour apporter au Maître le vin, symbole de la joie, elle n’a produit que des raisins sauvagesÉsaïe 5. 4.
Au milieu de cette vigne, Dieu avait aussi planté un figuier (verset 6) qui n’a pas non plus produit de fruit.
Enfin, Israël est aussi comparé à un olivierOsée 14. 7 ; Romains 11. 16-21, symbole de paix et de puissance ; mais là encore, le peuple n’a pas répondu à la pensée de Dieu, à l’exception du Messie : pour l’homme un “rejeton… sortant d’une terre aride”, sans forme ni éclatÉsaïe 53. 1, 2 ; mais pour l’Éternel un “olivier vert, beau de son fruit excellent” Jérémie 11. 16.
Le maître de la vigne où était planté le figuier s’entretient avec le vigneron du sort de cet arbre. Trois ans de soins (peut-être l’image de la durée du ministère du Seigneur parmi son peuple) n’avaient rien donné et le temps du jugement approchait. Le vigneron (Christ, en figure) propose une dernière mesure de patience, avant d’exercer le jugement. Mais, en fait, déchausser le figuier et mettre de l’engrais ne changeait pas la nature de l’arbre, qui restait incapable de porter du fruit.
Lorsque les ressources de la grâce de Dieu sont épuisées, le figuier est l’objet de la malédictionMatthieu 21. 19. Ce qui est vrai de la masse incrédule d’Israël, représentée par le figuier, est aussi vrai de tous ceux qui refusent l’évangile de la grâce.
La scène nous transporte maintenant dans une synagogue, où Jésus, pour la dernière fois, enseigne en un jour de sabbat. Il y rencontre une femme infirme depuis dix-huit ans ; cette période de trois fois six ans montre la mesure complète (triple) de la misère humaine (six). Sans plus d’espoir de guérison que l’infirme qui attendait la délivrance depuis trente-huit ans au réservoir de SiloéJean 5. 5, cette femme était courbée vers la terre (la limite de sa misère), incapable d’un mouvement vers le Seigneur. C’est lui qui l’appelle et la guérit complètement en un instant. Remplie de reconnaissance, elle glorifie Dieu dès qu’elle peut se redresser et regarder vers le ciel, se joignant à la compagnie de ceux qui célèbrent la délivrance. “Ceux que l’Éternel a délivrés retourneront et viendront à Sion avec des chants de triomphe” Ésaïe 51. 11.
Le chef de la synagogue répond au Seigneur sans y avoir été invité et reproche aux foules de venir le jour du sabbat pour être guéries (verset 14). Quelle dureté de cœur, mais surtout quelle hypocrisie, mise en évidence par le Seigneur qui rappelle simplement les habitudes de vie des Juifs ! On ne laissait pas mourir de soif le bétail au jour du sabbat parmi eux, en liant les bêtes à leur crèche.
Et maintenant cette femme, fille d’Abraham (selon la chair), père des croyants, devait rester liée par Satan pour sa perte ! Elle valait beaucoup plus que les bêtes nées pour être prises et détruites2 Pierre 2. 12. Le Seigneur de gloire, Seigneur du sabbat (6. 5), avait toute autorité pour libérer cette femme de la tyrannie de Satan et la conduire aux sources de la grâce, malgré l’opposition de ses adversaires qui sont couverts de honte (verset 17).
Le zèle extérieur pour des ordonnances, alors que la loi était violée et foulée aux pieds, n’était que de l’hypocrisie.
Toutefois, la foule se réjouissait des miracles accomplis par le Seigneur, ajoutant ainsi son témoignage à celui de la femme guérie pour la gloire du Fils de l’homme.
Deux paraboles du royaume de Dieu sont présentées ici par le Seigneur, celle du grain de moutarde et celle du levain dans la farine.
Lorsque Christ est venu sur la terre, le royaume de Dieu était au milieu du peuple d’Israël (17. 21).
Mais, après son rejet, Christ est dans le ciel, caché aux yeux du monde, et le royaume, pendant l’absence du roi, est appelé le royaume des cieux. Son développement extérieur, et ses caractères moraux intérieurs sont présentés par les six paraboles de Matthieu 13, qui font suite à celle du semeur (Christ semant la Parole dans le monde).
Les trois premières paraboles : (1) de l’ivraie et du bon grain, (2) du grain de moutarde, (3) du levain, montrent l’évolution extérieure du royaume des cieux ; le bien et le mal progressent parallèlement, jusqu’à ce que le jugement (la moisson à la consommation du siècle) opère la séparation finale entre les choses bonnes et les mauvaises.
Les trois dernières paraboles sont introduites par l’expression “encore” :
Elles dévoilent ce qui demeure caché au monde, mais précieux pour le cœur de Christ, au milieu de la forme extérieure du royaume.
Le royaume allait être établi par la prédication et la réception de l’évangile ; toutefois, pendant l’absence du roi (Christ) caché dans le ciel, son développement serait marqué par l’influence de l’homme et même, hélas, de Satan et du mal.
Le grain de moutarde, la plus petite semence, allait devenir un grand arbre2. C’est ainsi que la chrétienté, oubliant sa faiblesse et abandonnant la protection divine, est devenue elle-même une puissance mondaine protectrice. Les oiseaux du ciel qui demeurent dans les branches de l’arbre sont une figure effrayante de la puissance sataniqueApocalypse 18. 2 et de la déchéance humaineJérémie 5. 27.
La parabole du levain, image du mal moral ou des fausses doctrines, montre comment le mal s’est introduit dès le début dans le royaume de Dieu et s’est progressivement étendu pour corrompre l’ensemble.
Ces deux paraboles terminent l’enseignement du Seigneur pendant la première étape de son dernier voyage vers Jérusalem.