Tous les animaux présentés ici sont des espèces sauvages, sauf le cheval de guerre, qui cependant ne fait pas partie de l’univers familier de Job. Dieu connaît très bien ce qui échappe à la compréhension de l’homme à cette époque, ce qui même le terrorise, comme le lion. Dieu n’exprimait-il pas que la situation douloureuse de Job était dans sa main ?
Non seulement l’homme est limité en connaissance, mais aussi en pouvoir : “est-ce toi qui… ?” est souvent répété dans ce chapitre. Les animaux peuvent se passer de Job, mais non de Dieu.
Job avait amplement décrit sa conduite exemplaire, mais quand l’Éternel raconte sa propre activité, il ne retient pas un seul des mérites de Job. Ce n’est pas qu’il ne les apprécie pas à leur juste valeur (1. 8 ; 2. 3 ; 42. 7), mais aucun d’entre eux ne peut être revendiqué comme titre à la faveur de Dieu. Il ne prend pas soin de ses créatures à cause de leurs vertus. Toutes ont besoin de DieuPsaume 104. 27, et Job aussi par conséquent. Il ne peut prétendre se présenter devant Dieu avec ses qualités : ce serait oublier sa dépendance. Vouloir l’indépendance, c’est le péché d’Adam.
Dieu s’occupe des bêtes féroces ou détestées de l’homme (lion, corbeau : versets 39-41), des animaux imprenables ou impossibles à domestiquer (bouquetin, onagre, buffle : versets 1-13), de ceux qui paraissent stupides, ou inconscients de ce qui les menace (autruche, cheval : versets 13-25), de ceux qui n’ont pas de prédateurs (épervier, aigle : versets 26-30). Alors que Job pensait que sa condition n’intéressait pas Dieu, quelle révélation de l’intérêt que lui, le Créateur, prend au moindre animal ! Si Dieu nourrit les corbeaux (verset 41) Psaume 147. 9, pourquoi se faire du souci ? dira JésusLuc 12. 22-26.
Si un animal paraît privé d’une qualité, le Créateur l’a pourvu d’autres ressources : ainsi l’agilité pour l’autruche. Dieu n’est donc pas injuste. Ce qui nous fait défaut nous paraît souvent démesuré, nous y pensons sans cesse, et nous oublions bien des richesses que Dieu nous accorde.
Les animaux ne se rendent pas compte de l’intervention permanente de Dieu dans leur vie, et de même Job ne le discerne pas dans sa souffrance. Par cette description pleine de douceur, Dieu affirme qu’il est toujours présent et tient dans sa main son serviteur au sein de la douleur.
Job ne réagit pas. L’Éternel lui rappelle son vœu de discuter d’égal à égal avec lui dans un procès, et les critiques qu’il avait formulées à propos de la conduite divine (versets 1, 2). Il sollicite sa réponse. Job est contraint de reconnaître qu’il est peu de chose, et il ne veut plus parler (versets 3-5). Il semble presque vexé de son insuffisance face à la grandeur divine (“je suis une créature de rien”). Pourtant Dieu n’a répondu à aucune de ses questions, et Job ne lui en fait pas de reproches : a-t-il perçu, malgré tout, les rayons de la bonté de Dieu au-delà de sa souveraineté ? Dieu va reprendre la parole et amener Job à s’exprimer de nouveau dans un sentiment de confiance et de vraie humilité (42. 1-6).