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Le livre de Job
Sondez les Écritures - 3e année

Job 31

Job décrit le passé, le présent et son innocence

Ce chapitre se présente sous la forme d’un serment d’innocence. Pour prouver sa droiture, Job utilise la formule : que je reçoive tel jugement, si j’ai commis tel mal. La description élogieuse qu’il fait de lui-même paraît difficile à concilier avec l’humilité du croyant qui laisse Dieu lui rendre justiceProverbes 27. 2 ; 2 Corinthiens 10. 18. Cependant certains serviteurs ont été amenés à présenter leur défense au sujet d’accusations injustes, sans que cela soit déplacé, tels Samuel1 Samuel 12. 1-5, David1 Samuel 24. 10-16, ou Paul2 Corinthiens 10-13. Ils se sont alors exprimés devant Dieu en présence de leurs accusateurs avec dignité. Notre Seigneur a su répondre à ceux qui l’outrageaient avec une noblesse et une grâce qui les surpasse tousJean 8. 49 ; 18. 23.

Nous n’avons pas à juger si Job a raison ou tort de se justifier. Mais l’Esprit de Dieu veut certainement nous apprendre à ne pas nous appuyer sur nos vertus chrétiennes ni à en faire un titre de gloire.

6. Pureté : versets 1-12

Job est d’une grande exigence envers lui-même. Sa vie et les sentiments qui l’animent sont un modèle. Sa moralité est exemplaire : il est marié, ne porte pas de regard de désir vers une jeune fille (verset 1), vit dans l’honnêteté dans ses affaires (verset 5), refuse toute convoitise (verset 7) et s’éloigne de toute possibilité d’adultère (verset 9). Si le chapitre 29 nous décrit le bien accompli par Job, celui-ci souligne le mal qu’il ne fait pas. La grandeur morale de Job provient surtout de l’examen intérieur auquel il se livre : il ne se contente pas de bien agir, il juge son regard, ses pensées, en fin de compte son cœur, qui est le mot clé de cet exposé (versets 7, 9, 27). Il rejoint l’enseignement de JésusMatthieu 5. 27-30. Comme David, Job se sait à nu sous le regard de Dieu, devant qui nous ne pouvons pas tricher (versets 4-6) Psaume 17. 3.

Regarder une femme avec convoitise fait perdre la communion avec Dieu (versets 1, 2). Commettre adultère (versets 9-12) 1 conduit sa propre famille à la ruine, et expose au jugement de la société ; c’est faire un pas sur le sentier qui mène à la perdition. Avertissement pour tous, à notre époque où la sexualité sans frein est banalisée, avec toutes les conséquences que cela entraîne : perte de sens moral, déchéance physiqueProverbes 6. 27 ; Osée 4. 11-14.

7. Bonté : versets 13-23

Job a des égards envers ses employés (versets 13-15), vient en aide aux pauvres, aux veuves ou aux orphelins (versets 16-23). Sachant que nous comparaîtrons tous devant Dieu, Job s’emploie à avoir une bonne conscience : il n’écrase pas les faibles. Pour lui, tous sont des créatures de Dieu qui ont droit au même respect (verset 15) : étonnante et magnifique déclaration pour cette époque de l’antiquité ! Job n’avait pas besoin des lumières des hommes politiques ou des philosophes pour aboutir à cette conclusion, confirmée par SalomonProverbes 14. 31 ; 22. 2. Celui qui respecte Dieu et écoute la voix de sa conscience aura un comportement social équitable. Paul en tire une exhortation pour les employeurs chrétiensÉphésiens 6. 9 : veillent-ils à la manière dont ils traitent leurs employés ?

Job répond ensuite aux insinuations accusatrices d’Éliphaz (22. 6-9), en décrivant ce que nous appellerions aujourd’hui l’aide humanitaire qu’il apporte autour de lui. Dans les situations délicates, Job n’utilise pas les appuis qu’il a parmi les juges de la ville (verset 21). Sa motivation n’est pas d’acquérir un quelconque prestige de philanthrope, mais son respect et sa crainte pour la grandeur et le jugement de Dieu (verset 23).

8. Intégrité et générosité : versets 24-34

Job ne met pas sa confiance dans les richesses (versets 24, 25), car ce serait frustrer Dieu, le renierPsaume 52. 9. Le désir de s’enrichir est comparé par Paul à l’idolâtrieColossiens 3. 5. Job refuse aussi la fascination des astres, qui conduit à une adoration coupable (versets 26-28) 2. Il ne se réjouit pas du malheur qui atteint ses ennemis, et ne demande même pas à Dieu d’être vengé (v. 29, 30) : il suit déjà les enseignements de JésusMatthieu 5. 43-48. Il est hospitalier sans espoir de retour (versets 31-32). Sa transparence atteint un sommet quand il confesse ses erreurs sans craindre le regard des autres, et en particulier les intrigues des familles en vue (versets 33, 34) : leçon de droiture pour le peuple de Dieu où se constituent si vite des partis et des commérages peu charitables2 Corinthiens 12. 20 !

9. Proclamation finale : versets 35-40

Job ne se croit pas sans faute, il vient de le dire au verset 33. Mais il s’estime net de ce dont on l’accuse. Job signe en quelque sorte un mémoire pour sa défense, qu’il porte au tribunal. Là, il en appelle à Dieu, espérant de nouveau l’intervention d’un mystérieux arbitre. Quant à un éventuel acte d’accusation, il n’en a pas peur. Pour lui, il s’agit de calomnies qui tourneront plutôt à rétablir son honneur (versets 34-37). Ni l’homme qui l’accuse, ni Dieu dont il attend la réponse, ni la terre qui l’a vu vivre et qui est le témoin de son intégrité (versets 38-40), rien ni personne ne pourront le condamner pour expliquer sa souffrance. Même si cette affirmation est vraie, n’y a-t-il pas ici de la fierté ?

D’un autre côté, qui peut comme Job présenter un tel tableau de droiture ? Paul déclare aussi avoir été un observateur zélé de la loi. Mais, à la différence de Job, il ajoute que toutes ses remarquables qualités ne peuvent en aucun cas constituer sa justice et qu’elles ne sont que des ordures. La foi en l’œuvre de Christ est le seul moyen d’être revêtu gratuitement de la justice divine, qui est nécessaire pour entrer dans la présence de DieuPhilippiens 3. 3-9. Job a d’ailleurs fait l’inventaire de toutes ses bonnes actions, mais elles sont impuissantes à lui donner le repos.

Le rédacteur du livre nous avertit que Job a fini de parler : c’est la clé de la délivrance, car le messager de Dieu (Élihu) et Dieu lui-même vont pouvoir s’exprimer. Savons-nous faire taire notre âme devant Dieu, comme DavidPsaume 131. 2 ?

Notes

1Crime puni de mort sous la loi (Lévitique 20. 10 ; Deutéronome 22. 22) et condamné par Dieu en tout temps (Hébreux 13. 4).
2Le baiser du verset 27 est une allusion à un rite idolâtre (Osée 13. 2 ; 1 Rois 19. 18).

Job 31

1J’ai fait alliance avec mes yeux : et comment aurais-je arrêté mes regards sur une vierge ?

2Et quelle aurait été d’en haut [ma] portion de la part de †Dieu, et, des hauts lieux, [mon] héritage de la part du Tout-puissant ?

3La calamité n’est-elle pas pour l’inique, et le malheur pour ceux qui pratiquent le mal ?

4Lui, ne voit-il pas mon chemin, et ne compte-t-il point tous mes pas ?

5Si j’ai marché avec fausseté, si mes pieds se sont hâtés vers la fraude,

6Qu’il me pèse dans la balance de justice, et †Dieu reconnaîtra ma perfectiona.

7Si mon pas s’est détourné du chemin, et si mon cœur a suivi mes yeux, et si quelque souillure s’est attachée à ma main,

8Que je sème et qu’un autre mange, et que mes rejetons soient déracinés ! …

9Si mon cœur s’est laissé attirer vers une femme et que j’aie fait le guet à la porte de mon prochain,

10Que ma femme tourne la meule pour un autre, et que d’autres se penchent sur elle ;

11Car c’est là une infamie, et une iniquité punissable par les juges :

12Car c’est un feu qui dévore jusque dans l’abîmeb et qui détruirait par la racine tout mon revenu…

13Si j’ai méprisé le droit de mon serviteur ou de ma servante quand ils contestaient avec moi,

14Que ferais-je quand ✷Dieu se lèverait ? et s’il me visitait, que lui répondrais-je ?

15Celui qui m’a fait dans le sein de ma mère, ne les a-t-il pas faits [eux aussi], et un seul et même [Dieu] ne nous a-t-il pas formés dans la matrice ? …

16Si j’ai refusé aux misérables leur désir, si j’ai fait défaillir les yeux de la veuve ;

17Si j’ai mangé seul mon morceau, et que l’orphelin n’en ait pas mangé ; –

18Car dès ma jeunesse il m’a honoré comme un père, et dès le ventre de ma mère j’ai soutenu la [veuve] ; …

19Si j’ai vu quelqu’un périr faute de vêtement, et le pauvre manquer de couverture ;

20Si ses reins ne m’ont pas béni, et qu’il ne se soit pas réchauffé avec la toison de mes agneaux ;

21Si j’ai secoué ma main contre un orphelin, parce que je voyais mon appui dans la portec :

22Que mon épaule se démette de sa jointure, et que mon bras cassé se détache de l’os !

23Car la calamité de la part de ✷Dieu m’était une frayeur, et devant sa grandeurd je ne pouvais rien…

24Si j’ai mis ma confiance dans l’or, si j’ai dit à l’or fin : C’est à toi que je me fie ;

25Si je me suis réjoui de ce que mes biens étaient grands, et de ce que ma main avait beaucoup acquis ;

26Si j’ai vu le soleile quand il brillait, et la lune quand elle marchait dans sa splendeur,

27Et que mon cœur ait été séduit en secret, et que ma bouche ait embrassé ma main, –

28Cela aussi serait une iniquité punissable par le juge, car j’aurais renié le ✷Dieu qui est en haut ; …

29Si je me suis réjoui dans la calamité de celui qui me haïssait, si j’ai été ému de joie lorsquef le malheur l’a trouvé ; –

30Même je n’ai pas permis à ma boucheg de pécher, de demander sa vie par une exécration ; …

31Si les gens de ma tente n’ont pas dit : Qui trouvera quelqu’un qui n’ait pas été rassasié de la chair de ses bêtesh ? –

32L’étranger ne passait pas la nuit dehors, j’ouvrais ma porte sur le chemin ; …

33Si j’ai couvert ma transgression comme Adam, en cachant mon iniquité dans mon sein,

34Parce que je craignais la grande multitude, et que le mépris des familles me faisait peur, et que je sois resté dans le silence et ne sois pas sorti de ma porte…

35Oh ! si j’avais quelqu’un pour m’écouter ! Voici ma signature. Que le Tout-puissant me réponde, et que ma partie adverse fasse un écrit !

36Ne le porterais-je pas sur mon épaule ? Ne le lierais-je pas sur moi comme une couronne ?

37Je lui déclarerais le nombre de mes pas ; comme un prince je m’approcherais de lui…

38Si ma terre crie contre moi, et que ses sillons pleurent ensemble,

39Si j’en ai mangé le revenu sans argent, et que j’aie tourmenté à morti l’âme de ses possesseurs,

40Que les épines croissent au lieu de froment, et l’ivraie au lieu d’orge !

Les paroles de Job sont finies.

Notes

aplutôt : irréprochabilité.
bpropr. : destruction ; héb. : abaddon ; comp. 28. 22.
cla porte de la ville.
dlitt. : hauteur.
elitt. : la lumière.
fou : de ce que.
glitt. : mon palais.
hhéb. : rassasié de sa chair.
iou : méprisé.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)