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Le livre de Job
Sondez les Écritures - 3e année

Job 29. 18 - 30. 31

Job décrit le passé, le présent et son innocence

3. L’espoir déçu : 29. 18-25

Job souhaitait légitimement mourir chez lui (versets 18-20), entouré des siens, au terme d’une longue vie, comparée à un arbre prospèreJérémie 17. 8. Il désirait garder sa dignité (“ma gloire”) et sa jeunesse, tel un CalebJosué 14. 11.

Il revient en arrière en évoquant sa gloire passée (verset 20), et la sagesse que les autres lui reconnaissaient. Il veut expliquer les raisons de l’honneur qui lui était rendu. Malgré sa gravité, Job savait sourire, sans sensiblerie (verset 24). Rempli de sérénité, il conseillait les autres. Job était un vivant exemple de la véritable autorité (“comme un roi”, verset 25), celle qui vient de l’amour. Il s’abaissait vers les petits et les faibles, et les consolait : “quiconque voudra devenir grand parmi vous sera votre serviteur” Matthieu 20. 26. Il n’exigeait pas que sa valeur lui soit reconnue, mais les autres se soumettaient à lui, comme envers un véritable ancien1 Pierre 5. 1-5.

Il est déçu de ne plus pouvoir exercer ce ministère de bonté : était-il plus attaché à son service qu’à son Dieu ? Décrivant longuement son passé, Job n’a plus que lui comme horizon : plus de cinquante fois se trouvent les mots “je”, “me”, “moi”. N’arrive-t-il pas, même au chrétien fidèle, de se nourrir de son passé, entretenant ainsi un orgueil caché ?

4. Les moqueurs : 30. 1-15

Par contraste avec le chapitre 29 tourné vers le passé, nous trouvons ici trois fois l’expression “et maintenant” (versets 1, 9, 16) qui divise le chapitre.

Job décrit les gens de la populace qui aujourd’hui l’insultent (versets 1-8), et parle de leurs moqueries blessantes (versets 9-15). Job supporte difficilement le mépris qui vient de jeunes vagabonds, apparemment désœuvrés, vivant sans respect d’eux-mêmes, soupçonnés de vol, sans identité bien établie, qui se regroupent en bandes tapageuses (versets 1-8) : on parlerait aujourd’hui de délinquants. Ces gens des rues, que Job ne connaît pas1, le font beaucoup souffrir. Le cœur humain est tel qu’il est capable de se moquer d’une personne qui souffre (verset 9). David et Jérémie connaîtront le même sortPsaume 69. 12 ; Lamentations de Jérémie 3. 14. Job voit les autres se détourner, lui cracher au visage : il est encore une fois ici une image de ce que le Seigneur a connu. Il sait que tout cela est permis par Dieu (verset 11), et se sent accusé2 par tous (versets 12-15). Job ne sait plus ce qu’il doit dire ou faire (son sentier est détruit, verset 13 ; 19. 8) Lamentations de Jérémie 3. 9. Pour la dernière fois il mentionne la terreur qui le tient3 (verset 15) : on dirait aujourd’hui que Job est déprimé.

5. Souffrances physiques et spirituelles : 30. 16-31

Les douleurs causent à Job des nuits sans sommeil (verset 17 ; 7. 3, 4), et l’insomnie lui rend la souffrance encore plus insupportable. Son corps est déformé, son teint est devenu terne (versets 18, 19). Il a beau implorer son Dieu, seul le silence lui répond, comme David et Héman le ressentirontPsaume 22. 3 ; 88. 2. Il a l’impression que Dieu a changé à son égard. Job n’a pas toujours eu cette image d’un Dieu cruel, cause de sa mort imminente (versets 20-23). Dans son flot de paroles, il laisse échapper des mots méchants.

Job fait une autre erreur : il croit que sa piété lui permet de s’attendre à la bénédiction (versets 24-26). Il espère que Dieu le traitera comme lui avait traité les autres. Dieu ne nous doit rien, même s’il apprécie notre fidélitéLuc 17. 10. Job a l’impression que sa crainte de Dieu ne porte aucun fruit. N’en soyons pas surpris : notre Seigneur a eu le sentiment d’avoir travaillé “pour le néant et en vain” Ésaïe 49. 4. Mais la prétention s’était glissée dans le cœur de Job.

Les peines morales et les souffrances physiques sont liées et s’additionnent : Job est bouleversé, et il a des douleurs intestinales (verset 27) ; il est triste et sombre, et sa peau est grise (versets 28, 30) ; il gémit comme les animaux sauvages (verset 29) et ne chante plus (verset 31), sauf des complaintes de deuil.

Dans tous ces chapitres, Job n’a pas un mot de louange vers Dieu. Nous lui ressemblons quand nos problèmes nous écrasent : comme nous oublions vite ce que nous devons à Dieu !

Notes

1Les termes méprisants que Job emploie à propos de ces “sans abri” révèle, hélas, les limites de la générosité de son cœur.
2L’accusateur se tenait à la droite de l’accusé (verset 12 ; Psaume 109. 6 ; Zacharie 3. 1).
3Les terreurs ou frayeurs sont mentionnées en 9. 34 ; 13. 21 ; 15. 21 ; 18. 11 ; 20. 25 ; 22. 10 ; 27. 20

Job 29

18Et je disais : J’expirerai dans mon nid, et mes jours seront nombreux comme le sable ;

19Ma racine sera ouverte aux eaux, et la rosée séjournera sur ma branche ;

20Ma gloire [restera] toujours nouvelle avec moi, et mon arc rajeunira dans ma main.

21On m’écoutait et on attendait, et on se taisait pour [avoir] mon conseil ;

22Après que j’avais parlé on ne répliquait pas, et mon discours distillait sur eux ;

23Et on m’attendait comme la pluie, et on ouvrait la bouche [comme] pour la pluie de la dernière saison.

24Si je leur souriais, ils ne le croyaient pasa, et ils ne troublaient pas la sérénité de ma face.

25Je choisissais pour eux le chemin et je m’asseyais à leur tête, et je demeurais comme un roi au milieu d’une troupe, comme quelqu’un qui console les affligés.

Job 30

1Et maintenant, ceux qui sont plus jeunes que moi se moquent de moi, ceux dont j’aurais dédaigné de mettre les pères avec les chiens de mon troupeau.

2Même à quoi m’aurait servi la force de leurs mains ? La vigueur a péri pour eux.

3Desséchés par la disette et la faim, ils s’enfuient dansb les lieux arides, dès longtemps désolés et déserts ;

4Ils cueillent le pourpier de mer parmi les broussailles, et, pour leur pain, la racine des genêts.

5Ils sont chassés du milieu [des hommes], (on crie après eux comme après un voleur,)

6Pour demeurer dans des gorges affreuses, dans les trous de la terre et des rochersc ;

7Ils hurlent parmi les broussailles, ils se rassemblent sous les ronces :

8Fils d’insensés, et fils de gens sans nom, ils sont chassés du pays.

9Et maintenant, je suis leur chanson et je suis le sujet de leur entretien.

10Ils m’ont en horreur, ils se tiennent loin de moi, et n’épargnent pas à ma face les crachats ;

11Car Il a délié ma corde et m’a affligé : ils ont jeté loin [tout] frein devant moi.

12Cette jeune engeance se lève à ma droite ; ils poussent mes pieds et préparent contre moi leur chemin pernicieux ;

13Ils détruisent mon sentier, ils contribuent à ma calamité, sans que personne leur vienne en aide ;

14Ils viennent comme par une large brèche, ils se précipitentd au milieu du fracas.

15Des terreurs m’assaillent, elles poursuivent ma gloire comme le vent, et mon état de sûreté est passé comme une nuée.

16Et maintenant, mon âme se répand en moi : les jours d’affliction m’ont saisi.

17La nuit perce mes os [et les détache] de dessus moi, et ceux qui me rongente ne dorment pas ;

18Par leur grande force ils deviennent mon vêtement ; ils me serrent comme le collet de ma tunique.

19Il m’a jeté dans la boue, et je suis devenu comme la poussière et la cendre.

20Je crie à toi, et tu ne me réponds pas ; je me tiens là, et tu me regardes !

21Tu t’es changé pour moi en [ennemi] cruel ; tu me poursuis avec la force de ta main.

22Tu m’enlèves sur le vent, tu fais qu’il m’emporte, et tu dissous ma substancef.

23Car je sais que tu m’amènes à la mort, la maison de rassemblement de tous les vivants.

24Toutefois, dans sa ruine, n’étend-il pas la main, et, dans sa calamité, ne jette-t-il pas un cri [de détresse] g ?

25N’ai-je pas pleuré sur celui pour qui les temps étaient durs, et mon âme n’a-t-elle pas été attristée pour le pauvre ?

26Car j’attendais le bien, et le mal est arrivé ; je comptais sur la lumière, et l’obscurité est venue.

27Mes entrailles bouillonnent et ne cessent pas ; les jours d’affliction sont venus sur moi.

28Je marche tout noirci, mais non par le soleil ; je me lève dans l’assemblée, je crie ;

29Je suis devenu le frère des chacals et le compagnon des autruches.

30Ma peau devient noire [et se détache] de dessus moi, et mes os sont brûlés par la sécheresse ;

31Et ma harpe est changée en deuil, et mon chalumeau est devenu la voix des pleureurs.

Notes

aqqs. : Je leur souriais quand ils étaient sans courage.
bd’autres : broutent.
cou : dans les rochers.
dlitt. : se roulent.
ec.-à-d. : mes maux (douleurs) .
fou : la tempête me dissout.
gou : Lorsque [Dieu] étend sa main, la prière n’est rien, quoiqu’ils crient dans la destruction qu’Il leur envoie.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)