Job va être la cible de sept épreuves successives, dont quatre sont rapportées dans ce chapitre. Il perd ses bœufs (instruments de travail) et ses laboureurs, ses brebis avec leurs bergers (nourriture et vêtement), ses chameaux et les chameliers (moyen de transport et de commerce). Il fait enfin la perte suprême de ses dix enfants. Elles seront suivies de trois autres au chapitre 2 : la maladie, la défaillance de sa femme, et le silence de ses amis. L’allusion à ces sept malheurs sera douloureusement ironique dans la bouche d’Éliphaz (5. 19).
L’épreuve est terrible à la fois par la soudaineté et par la simultanéité de tous ces coups, soulignée par la répétition de l’expression : “celui-ci parlait encore”.
Pour causer le malheur de Job, Satan se sert des tribus pillardes des Sabéens et des Chaldéens, qui habitaient le nord de l’Arabie1, ou de catastrophes naturelles (la foudre, la tempête versets 16, 19). Il est sans pitié.
Ce n’est pas parce que ces malheurs proviennent de l’intervention de Satan qu’il faudrait lui attribuer la source de tous les maux. Parfois Dieu se sert de Satan pour nous corriger ou nous instruire1 Corinthiens 5. 5 ; 2 Corinthiens 12. 7 ; 1 Timothée 1. 20, parfois Dieu intervient directementExode 4. 11 ; Actes 13. 11, parfois il semble ne pas être présentLuc 13. 1-5. La souffrance fait de toute façon partie de la condition humaine (5. 7). Mais dans tous les cas, “qui est-ce qui dit une chose, et elle arrive, quand le Seigneur ne l’a point commandée ?” et pourtant, ce n’est pas volontiers qu’il afflige les hommesLamentations de Jérémie 3. 33, 37. Maintenant, les chrétiens savent que toutes les sortes de souffrances qu’ils connaissent ont été traversées par ChristHébreux 4. 152.
La réaction de Job est impressionnante de soumission et de piété. Il se lève en signe de respect, déchire sa robe et rase sa tête en signe de deuil, se jette à terre en signe d’adoration. Job n’a manifestement affaire ni avec Satan ni avec les circonstances fâcheuses, mais avec la main de Dieu dont il reçoit tout. Comme Job et plus tard l’apôtre Paul1 Timothée 6. 7, nous savons que, quels que soient nos avantages et nos bénédictions, il nous faudra un jour tout quitter. Serions-nous pour autant prêts à nous prosterner devant Dieu s’il devait nous priver de tout dès aujourd’hui ? Trois choses rendaient possible cette attitude dans le cœur de Job :
Oui, sur Job pouvait bien reposer le plaisir de l’Éternel, qui est “en ceux qui le craignent, en ceux qui s’attendent à sa bonté” Psaume 147. 11.
Aucune faute, aucun esprit de rébellion ni aucune mauvaise pensée sur Dieu n’ont été manifestés par cette épreuve. Cependant le reste du livre montre que Job a exprimé sans doute ici plus que sa mesure de foi. Il n’a pas su dire sa détresse à ce moment-là.
Visiblement, Satan ne savait rien des sentiments qui habitaient le cœur de Job. Satan pensait :
Quel réconfort de savoir que seul Dieu connaît nos pensées ! S’il nous sonde, il est aussi le Dieu du pardon.
Les anges se présentent à nouveau devant Dieu. Satan lui-même est un ange d’une splendeur brillanteÉsaïe 14. 12 ; 2 Corinthiens 11. 14. Mais cet éclat n’est pas la lumière divine, car le diable est trompeur : il fait semblant de ne pas avoir remarqué la constance de Job. Son attitude est dénuée d’amour, aussi suppose-t-il que rien ne se donne pour rien (verset 4).
Toutes les prédictions de Satan se sont avérées fausses. Il n’en éprouve aucune confusion lorsqu’il se présente devant l’Éternel pour la seconde fois, car “l’inique ne connaît pas la honte” Sophonie 3. 5. Satan n’a pas obtenu ce qu’il attendait, car le méchant fait une œuvre qui le trompeProverbes 11. 18. Il n’a réussi qu’à faire briller la piété de Job. Mais Satan ne se lasse jamais de faire le mal (verset 2), malgré ses échecs, et sans reconnaître ses erreurs. Il répand ses méfaits “sans cause” (verset 3). Satan a le pouvoir de la mort, par lequel il asservit les hommesHébreux 2. 14, 15, mais là aussi il reste soumis au contrôle de Dieu (verset 6).
Job n’a rien su de la controverse. Elle a eu lieu entre Satan et notre Dieu, qui défend la cause de l’affligé. Satan quitte la présence de Dieu pour se livrer à sa dernière attaque, et disparaît de la scène. Dieu va prendre soin de son serviteur pendant 40 chapitres, comme s’il était unique au monde. Les débats intérieurs d’un homme solitaire et souffrant vont remplir un livre de la Bible : oui, notre Dieu s’occupe des gens qui souffrent ! Satan a parfois un succès passager dans la vie du croyant, mais il n’a jamais la victoire. Dans les épreuves “nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés” Romains 8. 37.
Le témoignage de la fidélité de Job a été donné à la fin du chapitre 1, mais Dieu la souligne en parlant de son serviteur dans les mêmes termes avant ou après l’épreuve (1. 8 ; 2. 3). Il met en évidence une nouvelle qualité que celle-ci a révélée : la persévérance. La patience dans les tribulations est le signe distinctif du serviteur de DieuRomains 12. 12 ; 2 Corinthiens 6. 4. Job a tenu ferme (verset 3), illustrant les exhortations pressantes de l’apôtreÉphésiens 6. 11, 13, 14. Nous sommes parfois disposés à nous mobiliser pour un combat difficile ; sommes-nous toujours prêts à tenir ferme, à persévérer ?