L’auteur continue son argumentation en mettant en contraste Sinaï et Sion, c’est-à-dire l’ancienne alliance et la nouvelle, la loi et la grâce, le jugement et la délivrance, l’épouvante et la paix. Son but est de démontrer combien il serait insensé d’abandonner la grâce pour revenir à la loi.
Quand la loi fut donnée, Sinaï était la montagne dont on ne pouvait pas s’approcher sous peine de mortExode 19. Les phénomènes surnaturels qui avaient accompagné la voix de Dieu étaient si redoutables que tout le peuple était dans la crainte, même Moïse. Ainsi la loi maintenait l’homme à distance, sous le jugement de Dieu (le feu brûlant), loin de sa lumière (les ténèbres), dans la condamnation (la tempête) et dans la crainte de sa majesté et de ses paroles terribles (la trompette, la voix de tonnerre). Mais pourquoi un tel avertissement ? Souvent l’homme, même chrétien, cherche à satisfaire par lui-même les exigences de Dieu, ce qui est impossible, comme d’ailleurs d’obéir à la loi. La comparaison entre Sinaï (l’esclavage) et Jérusalem (la liberté) est reprise dans l’épître aux Galates où l’apôtre combat le légalismeGalates 4. 21-31. Mais il n’y avait plus lieu d’avoir peur, car cet avertissement, sur la montagne de Sinaï, appartenait à un passé révolu.
“Vous êtes venus…” à une tout autre montagne. Le christianisme a une tout autre base, grâce à Jésus Christ. Cette colline, où reposait l’arche, est le lieu de l’intervention de la grâce de Dieu : là avait été établie la royauté de David, là le Messie sera oint comme roiPsaume 2. 6 ; 110. 1, 2 ; c’est la montagne de beauté, d’où découle la bénédictionPsaume 78 ; 132. Sion symbolise, non le règne terrestre de mille ans, mais le royaume céleste, spirituel, qui est déjà une réalité aujourd’hui.
Qu’est-ce qui caractérise ce pays ?
Une ville :
Elle est la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, éternelle, celle qu’attendaient les patriarches (11. 16), la sainte cité, nouvelle Jérusalem d’Apocalypse 21, la vraie patrie des croyants dans la gloire.
Les habitants de la cité céleste comprennent :
Grâce au sang répandu, la porte de la cité céleste est ouverte. De la terre, le sang d’Abel réclamait la vengeance et a fait de Caïn un coupable sans pardon, jusqu’au désespoir. Du ciel, aujourd’hui, le sang de Christ qui a coulé de son côté percéJean 19. 34 annonce la grâce pour les pécheurs, délivre de la culpabilité et ouvre l’accès à la présence de Dieu.
Les collines éternelles d’où vient le secours seront bientôt notre maisonPsaume 121. 1, 2. Nous attendons le moment où, dans la gloire de la présence de notre bien-aimé Seigneur, nous aurons fini la course et pourrons le contempler sans fin.
Après avoir regardé en arrière le mauvais exemple d’Ésaü, nous avons regardé en haut la gloire de la cité céleste, et maintenant nous regardons droit devant vers ce qui ne change pas.
Dieu parle encore, il parle du haut des cieux, Dieu ébranle encore la terre et le ciel. Il parle par sa Parole, il parle par les événements du monde. Il a parlé, depuis la terre, en Sinaï, et ceux qui n’ont pas écouté ont été punis. Il parle par Jésus Christ, en grâce et en vérité. Écoutons-nous ou refusons-nous sa Parole ? Si nous bâtissons nos vies sur les choses mutables, c’est comme si nous méprisions sa Parole. Le Seigneur va secouer la terre, juste avant d’entrer dans son règneAggée 2. 6 qui commencera par de terribles jugements. Alors il parlera dans sa colère. À la fin du règne de mille ans, après la dernière révolte de l’homme contre DieuApocalypse 20. 7, 8, la terre et les cieux, brûlés entièrement, disparaîtront2 Pierre 3. 10, 13. Et nous attendons de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habiteApocalypse 21. 1, l’état éternel où Dieu sera tout en tous1 Corinthiens 15. 28.
Le chrétien garde confiance, car il recevra “un royaume inébranlable”. En fait, il a déjà part au royaume de la grâce aujourd’hui. Il peut servir Dieu avec respect et crainte, dans une piété réelle et d’une manière qui lui soit agréable. Il peut se reposer sur la grâce. Mais pour celui qui la refuse “Dieu est un feu consumant” Deutéronome 4. 24. On peut être délivré des foudres du Sinaï, mais si on ne se tourne pas vers Christ, le seul refuge, on reste sous la colère de Dieu.
Si le croyant participe à l’appel céleste, s’il peut entrer dans les lieux saints, s’il est en marche vers la cité céleste, il est pourtant encore sur la terre, d’où quelques exhortations pour la vie quotidienne au chapitre 13.