La section précédente a montré que les destinataires de cette lettre étaient un peuple sanctifié par le sang de Christ (verset 12), lié à lui “hors du camp, portant son opprobre” (verset 13). C’est un peuple en chemin vers un pays stable, qui contraste avec l’instabilité de cette terre (verset 14). En route, plein d’espérance, il ne cesse de louer Dieu (verset 15), et fait du bien à ceux qui en ont besoin.
Le peuple de Dieu, s’il a l’assurance d’avoir toujours Jésus avec lui, profite aussi de conducteurs avec lesquels il doit avoir de bonnes relations. Certains de ses conducteurs sont morts (verset 7), mais d’autres sont venus les remplacer et veillent sur lui.
La sagesse et une vie de soumission au Seigneur caractérisent ces conducteurs1. Ils doivent rendre compte à Dieu de la responsabilité qui leur est confiée1 Corinthiens 4. 2 ; Romains 14. 4. Ils animent le troupeau, marchant à la tête1 Thessaloniciens 5. 12, 13 ; 1 Timothée 5. 17 ;. Ils prennent soin des âmes en leur apportant un enseignement sain. Mais quand ils exercent leur fonction dans le cadre de leur assemblée locale, ils accomplissent le travail d’un ancien. À l’époque des apôtres les anciens étaient nommés, ce n’était pas le cas des conducteurs. Notons qu’on ne trouve pas un conducteur ou un ancien tout seul pour prendre soin d’une assemblée locale. Ils sont toujours plusieursPhilippiens 1. 1 ; 1 Timothée 4. 14 ; Tite 1. 5. L’apôtre Pierre les exhorte à nourrir le troupeau de Dieu, à le surveiller, non pas à la manière d’un clergé ou de directeurs en faisant pression sur la conscience, mais en étant les “modèles du troupeau” 1 Pierre 5. 1-4. L’autorité, reçue de Dieu, ne s’impose pas, elle se reconnaît. Il est important de reconnaître les conducteurs et de leur obéir. Les conducteurs pourraient vite se fatiguer de l’insoumission, mais en contemplant Jésus, “le grand pasteur des brebis”, ils trouvent l’exemple suprême de la patience, la douceur mêlée de fermeté, et de joie pour l’accomplissement de leur charge. Ainsi l’ensemble des croyants pourra profiter de l’intercession et des soins de ceux qui ont acquis l’expérience spirituelle dans une vie de relation avec le Seigneur. Les mercenaires, et non les vrais bergers, travaillent pour de l’argent et abandonnent les brebis quand le danger approcheJean 10. 11-14.
Ces conducteurs ne sont pas des surhommes. Ils ont leurs limites, leurs faiblesses, leurs tentations, leurs épreuvesActes 14. 15 ; Jacques 5. 17. Aussi ont-ils besoin de l’intercession des croyants qui profitent de leur protection. Peut-être des contradicteurs avaient dit des mensonges sur l’auteur de l’épître : il doit se justifier auprès des Hébreux. C’est l’occasion d’introduire une condition nécessaire pour pouvoir prier pour le service de quelqu’un : qu’il ait une bonne conscience2 Corinthiens 1. 12. Pour que Dieu puisse bénir le travail de ses serviteurs, ils doivent être intègres et humbles. Combien de temps passons-nous, chaque jour, dans la prière pour les serviteurs de Dieu ? Ils sont en première ligne, sous les feux de l’ennemi qui ne supporte pas que la famille de Dieu soit unie, et accomplisse son office de sacrificature, d’intercession et d’adoration.
Au-delà des conducteurs, il y a le grand pasteur des brebis qui nous fait approcher du “Dieu de paix”. Par sa mort, le bon Berger nous donne la vie éternelleJean 10. 11. Le Seigneur est entré dans la bergerie juive pour appeler ses propres brebis par leur nom et les mener dehors. En tant que “grand pasteur”, depuis le ciel, il travaille en notre faveur et prend soin de nous. Il nous “fait reposer dans de verts pâturages” Psaume 23. 3. Bientôt “le souverain pasteur” reviendra pour donner à ses fidèles serviteurs “la couronne inflétrissable de gloire” 1 Pierre 5. 4. Il fallait la résurrection de Christ, après que son sang, le “sang de l’alliance éternelle” eut été mis dans le sanctuaire céleste, pour donner à Dieu la possibilité de nous pardonner définitivement nos fautes. Notons pour la dernière fois la mention des résultats éternels de l’œuvre de Christ. “Le Dieu de paix” nous rend maintenant capables d’accomplir2 sa volonté. Dans ce chemin qui nous a placés hors du camp à la suite du Seigneur, il y a place, non pour la volonté personnelle de l’homme, mais uniquement pour celle de Dieu, révélée dans sa Parole. Au milieu des tempêtes de la vie, par la parole d’exhortation, par la discipline, il nous forme pour porter du fruit à sa gloire et pour lui être agréable.
L’épître a débuté en exaltant les gloires de Christ, du créateur, du rédempteur et du sacrificateur. Elle se termine en montrant des croyants, sortis du judaïsme, dont la raison de vivre est de le glorifier, dans le sanctuaire. Il en est digne “aux siècles des siècles” !
Nous laissons-nous former par Dieu ? Notre prière quotidienne est-elle : Seigneur, rends-moi apte à toute bonne œuvre pour faire ta volonté ?
Après l’amen qui clôt l’enseignement, l’épître se termine par des exhortations et des salutations qui nous apprennent à connaître un peu mieux son auteur.
Le sujet énoncé dans ce livre a été difficile à accepter par les croyants juifs, parce qu’il remettait en question tous les fondements de la religion qu’ils connaissaient depuis leur plus tendre enfance. Certains pouvaient même considérer l’abandon du judaïsme comme une trahison ou une désobéissance envers Dieu. Une parole d’exhortation sérieuse était nécessaire pour prévenir ces Hébreux des dangers qu’ils encouraient en revenant dans le camp juif. Ils ont entendu cinq avertissements3 au cours de cette lettre. En même temps ils ont été encouragés à “supporter” les doctrines enseignées. Il est évident que ceux qui n’avaient adhéré au christianisme que par profit ou par goût de la nouveauté n’ont pu le supporter et se sont retirés “pour la perdition” (10. 39).
Cette lettre aux Hébreux est longue quand on la compare aux autres épîtres du N.T., mais le thème est d’une telle importance et d’une telle richesse, que l’auteur a l’impression d’avoir écrit brièvement. Ne nous faudra-t-il pas l’éternité pour découvrir toutes les gloires du Seigneur Jésus ? C’est lui que nous avons à contempler pour guérir nos doutes, être affermis dans le chemin de la foi et alimenter notre adoration. Ce sera le thème éternel de notre louange.
Voici enfin quelques circonstances particulières liées à la vie de l’auteur. Il était éloigné contre son gré des destinataires de sa lettre qu’il connaissait (verset 19), peut-être en prison. Il était en contact avec Timothée qui venait d’être libéré. Il espère pouvoir bientôt les revoir.
Les conducteurs ne sont pas oubliés dans sa salutation. Ils en ont la primeur. Il semble que l’auteur ait écrit l’épître d’Italie. Ces précisions font penser à l’apôtre Paul, mais laissons là les suppositions et emparons-nous de la grâce qui nous est proposée à tous, en considérant l’auteur de notre salut éternel. “Que la grâce soit avec vous tous ! Amen”.
“Rendre accompli” (1 Pierre 5. 10) ou “votre perfectionnement” (2 Corinthiens 13. 9) signifie :