L’épître aux Hébreux a été appelée l’épître des “cieux ouverts”. Elle nous fait entrevoir les cieux tels qu’ils sont actuellement, illuminés par le Seigneur Jésus. Le but de ce livre est de montrer comment détacher les regards d’un christianisme judaïsant terrestre, pour les attacher sur Jésus Christ, personne glorieuse et céleste, qui seul remplit le christianisme. À part l’évangile selon Jean, aucun livre ne met autant en lumière les gloires du Seigneur Jésus, sa divinité et son humanité, ses gloires comme homme sur la terre et maintenant au ciel. Cette épître est d’une importance capitale, car elle donne des certitudes à la foi et éclaire le plan rédempteur de notre Dieu Sauveur. Mais c’est un livre difficile. Pour bien en saisir le contenu, il faut connaître le service lévitique des sacrificateurs, inauguré par Aaron.
Lettre sans nom d’auteur, cette épître a été écrite, en grec classique, par un homme d’un grand talent littéraire, familiarisé avec l’A.T. qu’il cite d’après la version des Septante1. C’est un Juif, car il s’assimile à ses lecteurs juifs : “Dieu… nous a parlé” (1. 1). Il ne fait pas partie des douze disciples, car c’est par leur moyen que le salut, annoncé premièrement par le Seigneur, lui a été confirmé (chapitre 2. 3). Il ne se nomme pas apôtre, mais cela n’est pas significatif, puisque le but de l’épître est d’exalter Christ comme l’Apôtre des apôtres (chapitre 3. 1). Ainsi tous ceux qui ont ce titre s’effacent derrière lui. Il se présente comme docteur (chapitre 5. 11, 12) et comme ami et compagnon de Timothée (chapitre 13. 23).
De nombreuses suppositions ont été avancées : Paul, Luc, Barnabas, Apollos, Silas, ou même Aquilas et Priscilla, sans raison convaincante. La plupart des érudits modernes excluent Paul, alors que l’ancienne tradition alexandrine lui en attribuait la paternité. L’apôtre Pierre, écrivant aussi à des croyants juifs, leur mentionne une lettre de Paul qui fait partie des Écritures1 Pierre 1. 1 ; 2 Pierre 3. 1, 15, 16. Quelle est-elle si on exclut l’épître aux Hébreux ? Quel qu’en soit l’auteur, il est clair que Dieu veut nous parler lui-même.
L’épître ne comporte pas d’indication claire concernant l’identité des destinataires. Le titre “Épître aux Hébreux” n’est pas inspiré. Il n’apparaît que vers la fin du 2e siècle, chez Clément d’Alexandrie. Mais la lecture permet d’en déduire que les premiers destinataires sont des Juifs qui confessent le nom de Jésus, sans qu’il soit question de la réalité divine chez eux. Un grand nombre d’entre eux cependant restent plus ou moins attachés au judaïsme. En voici quelques preuves :
Ces Juifs, autrefois membres d’une synagogue, sont déjà passés par des circonstances douloureuses à cause de leur changement de conviction religieuse. En même temps ils ont aidé ceux qui souffrent (chapitre 10. 32-34). Les “pères” de ces croyants sont les patriarches (chapitre 1. 1). Le Seigneur les a personnellement enseignés (chapitre 2. 3). Le titre de “frères” (chapitre 2. 17) se rapporte à ceux de la “descendance d’Abraham”, aux “héritiers de la promesse” c’est-à-dire à Israël (chapitre 6. 7). Ils font encore partie du “camp”, le judaïsme, qui a rejeté Jésus (chapitre 13. 13). L’allusion constante à l’A.T. (80 à 90 citations) et l’utilisation des noms de Moïse, Josué, Aaron, David sous-entend que les destinataires devaient très bien connaître le rituel judaïque. C’était nécessairement le cas des Hébreux.
Habitaient-ils la Palestine ? En tout cas ils sont familiers avec le service du temple de Jérusalem, encore intact (chapitre 9. 8), même s’il est fait allusion à une catastrophe imminente, qui doit être la chute de Jérusalem (chapitre 10. 25 ; 12. 27 ; 13. 13, 14). Les persécutions mentionnées pourraient être celles dont il est question en Actes 8. 1 ; 12. 1.
Les destinataires de l’épître sont donc pèlerins sur la terre, au milieu de difficultés et de combats, en route vers le ciel, les regards attachés par la foi à Christ, homme glorifié dans le ciel. Tous les chrétiens se trouvent également dans un monde hostile à leur foi. Or, le retour à une religion, faite de règles, de rites, organisée en clergé, séduit beaucoup par l’impression de sécurité qu’elle apporte. Une telle religion amoindrit nécessairement la place de Christ qui doit être la première. D’où l’importance de cette épître aujourd’hui, où tant de religions revendiquent le meilleur chemin vers Dieu. Malheureusement beaucoup de chrétiens actuellement, sont encore attachés à une forme de religion judéo-chrétienne qui maintient des barrières entre Dieu et les hommes.
Les avis divergent quant à la date de rédaction de l’épître. Les premières citations écrites remontent à l’an 95 (Clément de Rome). Pour plusieurs raisons on peut déduire qu’elle a été écrite avant l’an 70. Les sacrifices de l’ancienne alliance étaient encore offerts au temple (9. 6 ; 10. 11). Ces Hébreux étaient convertis depuis quelque temps (5. 12), certains conducteurs étaient morts (13. 7), Timothée venait de sortir de prison (13. 23), la destruction du temple semblait imminente2, ce qui a eu lieu lorsque Jérusalem a été détruite par les armées du général Titus en 70.
Ces Hébreux s’étaient convertis au christianisme. Mais le comportement de plusieurs faisait craindre que tous ne soient pas passés par une réelle conversion. L’auteur, ne pouvant lire dans le cœur, s’adresse à ses lecteurs comme à des personnes responsables de vivre ce qu’elles professent. C’est pourquoi on rencontre cinq séries d’avertissements qui placent ceux qui n’ont pas la vie divine en face de Dieu lui-même. Durement persécutés, comme l’indique le livre des Actes des apôtres, certains se décourageaient, d’autres devenaient paresseux. D’où un recul spirituel, avec un retour vers le rituel lévitique. Tout en parlant du cérémoniel judaïque avec beaucoup de respect, l’auteur le met en contraste, non pas avec une meilleure religion, mais avec une personne plus glorieuse, le Seigneur Jésus Christ. Le but est donc de placer Christ au-dessus des anges et de toutes les personnalités les plus éminentes aux yeux des Juifs, de magnifier, non seulement l’excellence de sa personne, mais aussi l’excellence de son œuvre et de son service de souverain sacrificateur dans le ciel.
Pour montrer que la période de l’A.T., caractérisée par des moyens matériels, n’était qu’une figure de la période actuelle, commencée à la résurrection du Seigneur Jésus, l’auteur en souligne les similitudes. Il met en évidence la supériorité de la nouvelle période par de nombreux contrastes et relègue l’ancienne au rang d’ombres des choses à venir. Christ est donc l’accomplissement de tout ce qui n’était qu’en image avant sa venue. Le vrai message de l’épître nous apparaît quand nous avons compris qu’en Christ nous avons tout, et qu’il est possible de nous approcher en toute liberté de Dieu et de demeurer dans sa présence sans crainte. Aurions-nous le désir de revenir en arrière et de nous éloigner de la communion avec Dieu ?
Abandonner les privilèges et les bénédictions de la foi chrétienne, c’était, sans s’en rendre compte, se ranger du côté de ceux qui rejetaient le Messie, le Fils de Dieu, et qui retournaient à la loi de Moïse donnée au Sinaï. Attention, dit l’auteur. On commence par s’écarter, puis on néglige (2. 1, 3) ; l’égarement et l’abandon (3. 10, 12) suivent, survient la chute (4. 11 ; 6. 6), et ensuite le péché volontaire (10. 26), qui entraîne le mépris et finalement le rejet de celui qui parle, et on se détourne totalement de lui (12. 25). Le but du message de Dieu est d’aider les chrétiens hébreux à abandonner le système juif, qui avait prouvé son imperfection, pour s’attacher à Christ qui a amené tout à la perfection. Ainsi le christianisme connaît une meilleure espérance (7. 19), une meilleure alliance (7. 22), de meilleures promesses (8. 6), de meilleurs sacrifices (9. 23), des biens meilleurs (10. 34), une meilleure patrie (11. 16), une meilleure résurrection (11. 35). Mais par-dessus tout, il a pour centre JÉSUS, dont la suprématie et l’excellence sont proclamées.
Cette épître s’articule autour de 2 parties :
Dieu se révèle dans son Fils ; et les gloires du Fils de Dieu et du Fils de l’homme sont établies. Il est l’Apôtre (l’envoyé, l’ambassadeur) de Dieu, le vrai Moïse, pour les hommes qui vivent encore sur la terre (chapitres 1 et 2).
Ensuite, Jésus est souverain sacrificateur, le parfait médiateur entre Dieu et les hommes. Le sacrificateur permet à l’homme de s’approcher de Dieu :
L’exposé du service de la sacrificature présidée par Aaron, avec ses limites, sa faiblesse permet d’établir la supériorité de Christ et de son office.
Regardant vers Christ, le chrétien est un pèlerin vivant par la foi, courant vers sa patrie céleste, appelée la gloire (2. 10), avec tous ceux qui, comme lui, s’attendent à Jésus. De nombreux hommes de foi de l’A.T. servent d’exemple pour stimuler la foi des chrétiens juifs en butte à la persécution. Jésus est présenté comme le modèle suprême de la foi (chapitre 11). Les épreuves inévitables sont une preuve de l’amour paternel (chapitre 12) ; enfin le chapitre 13 enseigne qu’une marche par la foi s’accompagne d’amour, pour le Seigneur et les hommes.
Maintenant, nous pouvons nous approcher de Dieu par son Fils, nous pouvons lui rendre un culte qui lui est agréable et nous pouvons vivre pour lui sans crainte ni hésitation, jusqu’à la gloire du ciel, où Jésus est entré comme précurseur.