“C’est pourquoi… courons avec patience la course qui est devant nous” (verset 2) ; “c’est pourquoi redressez les mains lassées… poursuivez la paix avec tous et la sainteté”. Ce n’est pas une course en solitaire. Nous avons à nous entraider, en gardant à l’esprit les deux buts : paix avec tous les hommes, justice et sainteté devant Dieu. Notre course sera victorieuse si nous comptons avec foi sur la grâce de Dieu (versets 15 et 28).
La recommandation des versets 12 et 13, allusion à Ésaïe 35. 3, 4 qui annonçait la délivrance, pouvait trouver un écho chez les Hébreux. Fortifiez vos mains, affermissez vos genoux, marchez droit. Les mains et les genoux, au sens propre comme au figuré, parlent de la prière1 Timothée 2. 8 ; Éphésiens 3. 14, les sentiers droitsProverbes 4. 26 suggèrent la marche par la foi et le service. Chacun a besoin de se concentrer sur le but de la course. Une conviction sûre apportera la guérison pour soi-même et bénéficiera aux autres par l’exemple donné. Fatigue et défaillance, conséquence du découragement, ou chemins tortueux, semés de discordes ou d’amertume, freinent ou arrêtent la course chrétienne. La parole de Dieu nous encourage et nous guide.
La paix avec tous les hommes en général et avec nos frères en particulierRomains 12. 18. C’est plus qu’éviter les discussions et les querelles qui aboutissent à la destruction de la vie spirituelle ; c’est avoir l’esprit de douceur du Seigneur Jésus, ne pas insister sur ses droits et être de ceux qui procurent la paix, comme il convient à des fils de DieuMatthieu 5. 9 ; Jacques 3. 18.
Cette attitude bienfaisante n’est possible que si la paix de Dieu garde nos cœurs et nos pensées dans le Christ JésusPhilippiens 4. 7, si la paix de Christ préside dans nos cœursColossiens 3. 15. Cette paix est liée à la sainteté.
Poursuivons la paix et la sainteté, recherchons-les avec persévérance, sans les laisser échapper, jusqu’à ce que nous soyons en présence de Dieu.
Cet avertissement solennel revient souvent dans la bouche du Seigneur. Ce furent ses derniers mots à ses disciples à la fin de son service publicMarc 13. 35-37. La vigilance est d’abord personnelle, mais pas individualiste, comme ces versets le soulignent. Nous avons à faire attention les uns aux autres, à veiller les uns sur les autres.
Manquer ou se priver de la grâce de Dieu.
C’est par la grâce que nous avons été sauvés, par elle que nous avançons dans la vie chrétienne et que nous atteindrons le but. Tous les apôtres ont parlé de cette grâce qui est un don de Dieu et ont exhorté les chrétiens à persévérer et à se fortifier en elle. Elle est une faveur imméritée. Notre fidélité n’est qu’une réponse à sa grâce. Si nous mettons un joug quelconque sur nos frères ou si nous-mêmes nous plaçons sous une loi, en croyant obtenir la faveur de Dieu, nous renonçons à la grâce et nous nous en privons. Être dans la vraie grâce de Dieu conduit à la liberté chrétienne1 Pierre 5. 12. Prenons garde de ne pas nous en détourner ou de déchoir de la grâceGalates 5. 4. Encourageons-nous à nous appuyer continuellement sur cette grâce de Dieu, manifestation pratique de son amour, qui ne fait jamais défaut.
Avoir de l’amertume est un mal insidieux qui découle du précédent. L’amertume est comme une plante vénéneuse qui allonge ses racines imperceptiblement et qui un jour resurgit et bourgeonne. C’est un poison au goût d’absinthe qui stigmatise dans l’infidélité et l’idolâtrieDeutéronome 29. 17, 18. Quelque mal caché non jugé, une jalousie entre frères et sœurs, une médisance, un refus de pardonner, produiront, des années plus tard, du trouble et de la souillure chez beaucoup d’enfants de Dieu, car c’est un mal contagieux et une des plus grandes causes de divisions dans l’Église.
Le mépris des choses de Dieu est l’aboutissement de ce chemin : d’abord oublier la grâce de Dieu, puis ne pas juger le mal, enfin être un fornicateur ou un profane. À première vue, les deux mots semblent différents. Le fornicateur est celui qui vit dans l’immoralité ou le dérèglement sexuel, et le profane, un homme ordinaire qui profite du monde et de ses plaisirs, sans s’intéresser à Dieu. Ce n’est pas obligatoirement un blasphémateur. Ésaü, en effet, était un bon vivant, un habile chasseur et il aimait son père. Qu’a-t-il fait ? Il a méprisé son droit d’aînesse et la bénédiction future, divine, qui s’y rattachait pour une jouissance immédiate et momentanée, en l’occurrence un potage aux lentillesGenèse 25. 27-34 ; 27. 30-45. Quelle terrible erreur ! Ayant méprisé la grâce de Dieu, il n’a pu, malgré ses larmes, larmes de dépit et non de repentance, revenir en arrière.
Les Hébreux risquaient d’être infidèles à leur foi : pour échapper aux épreuves, ils avaient la tentation d’abandonner le christianisme. Dans cette épître, les chrétiens sont jugés sur leur profession de foi, qu’ils aient ou non la vie divine. Pour nous qui connaissons le Seigneur, nous ne connaîtrons jamais le sort éternel d’Ésaü, mais c’est quand même une fornication spirituelle de préférer à Christ quelque chose de la terre.