Depuis Abel, tué par son frère, premier martyr, jusqu’à ces héros de la foi, fugitifs, maltraités, sans domicile fixe, méprisés, tous ont reçu l’approbation de Dieu, qui a rendu le témoignage qu’ils étaient justes (verset 4), qu’ils lui étaient agréables (verset 5). Il n’a pas eu honte de se proclamer leur Dieu (verset 16). Il les considère bien supérieurs au monde et à ses élites (verset 38). Mais s’ils ont été distingués par Dieu à cause de leur foi qui l’honore, ils n’ont pas reçu ce qui avait été promis. Pourtant il est dit d’Abraham qu’il a obtenu ce qui avait été promis (6. 15), comme d’autres aussi (verset 33). Mais ce n’était qu’une réalisation partielle des promesses ou une promesse particulière, personnelle, comme par exemple la naissance d’Isaac ou le royaume d’Israël pour David. Ils sont morts dans la foi sans avoir reçu les choses promises (verset 13). Pourquoi ? Parce que Dieu avait un projet pour ceux qui ont vécu avant la venue de Christ et un autre pour nous qui vivons après. Car toutes les promesses de Dieu ne pouvaient avoir leur plein accomplissement qu’en Christ.
Dieu distingue entre les saints de l’A.T. (“ils”) et ceux du N.T. (“nous”, les chrétiens). Les premiers possédaient beaucoup, mais “pour nous” sont prévues des “choses meilleures”. D’ailleurs ces “choses meilleures”, possédées déjà par la foi, ne sont-elles pas un des thèmes de cette épître ? Elles nous ont été apportées par Christ. Mais nous n’atteindrons la perfection que lorsque Christ viendra nous chercher et que nous serons toujours avec lui1 Thessaloniciens 4. 15-17. Si les saints de l’A.T. attendent aussi ce moment, c’est qu’ils font partie des “morts en Christ” qui ressusciteront au cri de commandement du Seigneur ; puis les croyants vivants à ce moment-là seront changés1 Corinthiens 15. 51, 52, et “nous parviendrons ensemble à la perfection”, tous les croyants, depuis Abel jusqu’au dernier converti, né de nouveau, de l’Église. Et c’est ensemble aussi que nous reviendrons avec Christ quand “il viendra avec tous ses saints” 1 Thessaloniciens 3. 13. Il est donc préférable de parler de “l’enlèvement des saints” plutôt que de celui de l’Église.
Ce chapitre qui commence par “c’est pourquoi” est l’application de ce qui a été exposé au chapitre 11. Ces hommes de foi étaient les témoins de cette grande vérité que “le juste vivra de foi”. Ils nous entraînent à leur suite dans cette course de la foi. Ils ne sont pas des spectateurs qui nous regarderaient courir, aujourd’hui. Ils ont été les témoins (ou martyrs) d’autrefois et par leur exemple ils nous stimulent dans notre course chrétienne, nous donnant une image d’énergie, d’endurance et de concentration, après s’être débarrassés de tout fardeau ou charge inutile, de toute entrave.
Quels sont ces fardeaux ? Tout ce qui gêne la progression. Un athlète qui veut gagner ne choisit pas entre le bien et le mal, mais entre le bien et le meilleur. Beaucoup de choses, même licites et naturelles, peuvent être un fardeau pour un chrétien, tout comme des choses bonnes ou permises à n’importe qui sont proscrites à un athlète. Chaque chrétien devrait se considérer comme un athlète spirituel. Les fardeaux peuvent aussi être des difficultés, des soucis, ce qui embarrasse l’esprit ou l’attire.
Si les fardeaux ralentissent la course, le péché qui enlace est un grand obstacle. Il entrave, rend prisonnier et fait tomber. Il n’est pas parlé d’un péché particulier, si ce n’est peut-être de l’incrédulité, contre laquelle les Hébreux avaient été mis en garde énergiquement.
Il faut aussi courir avec persévérance et patience (10. 36). Cette qualité est produite par la lecture de la Bible. Paul parle de “la patience et la consolation des Écritures”. Considérer ce palmarès des hommes de foi est pour nous un encouragement.
Pour courir avec énergie et détermination, il faut avoir une vision claire du but fixé. Ce but n’est ni la victoire, ni la délivrance, ni le ciel, même s’il est aussi tout cela. Le but, c’est la personne de Christ. “Je poursuis, cherchant à le saisir”, écrivait l’apôtre en parlant de ChristPhilippiens 3. 12. Il avait rejeté ses vieux avantages et courait droit au but. Jésus Christ est celui qui nous a précédés dans ce chemin, il est l’homme de foi par excellence : “le chef”, celui qui est à la tête, l’exemple, le guide. Il est “le consommateur de la foi”, celui qui lui a donné son expression parfaite et son plein accomplissement. Le Seigneur Jésus a connu, avant nous, cette vie de foi, il a avancé sur la terre dans une confiance absolue, de tous les instants, en son Père, il a été un homme de prière. Il connaît les dangers, les épreuves de cette vie, il sait quels sont les moyens d’y faire face.
“Fixant les yeux sur Jésus” est une attitude de foi active. C’est l’avoir comme modèle et comme but, nous confier en lui. C’est lui qui nous donne l’énergie pour vivre par la foi.
“Il a enduré la croix, ayant méprisé la honte” ; il a supporté cette mort honteuse, lui qui pouvait dire, par la parole prophétique : “L’opprobre m’a brisé le cœur” Psaume 69. 20, 21. Le secret de sa détermination, c’était sa joie intérieure :
S’il s’est abaissé jusqu’à la mort de la croix, il est déjà assis à la droite de Dieu dans les cieux ; c’est le couronnement de sa vie de foi. À ses côtés, dans la gloire, se terminera aussi la nôtre, dans une joie partagéeJude 24.
“Considérez celui qui a enduré une telle contradiction de la part des pécheurs” (verset 3). C’est la deuxième fois que nous sommes invités à le considérer. Étudier son attitude en chaque circonstance, regarder de près son exemple passé nous délivrera du découragement. Pensons à lui comme apôtre et souverain sacrificateur, à ses souffrances et au secours qu’il nous donnera dans nos épreuves (2. 18-3. 1). Pensons à lui qui a supporté l’opposition et la méchanceté des hommes (12. 3). Quand nous rencontrons le même genre de difficultés, nous sommes encouragés par son exemple et rendus capables de les affronter.