Abram a cru Dieu, mais sa patience longtemps éprouvée finit par céder sous la pression de Saraï. Comme Adam le premier homme, Abram écoute la voix de sa femme au lieu de s’en tenir à ce que Dieu lui avait dit. Les sentiments, là aussi, prennent le pas sur la parole de Dieu. Comment cet homme de foi peut-il penser aider Dieu à honorer sa promesse, et croire que l’Éternel a réservé la gloire de son héritage au fils d’une servante ? Précédemment (15. 2) la pensée qu’un serviteur fût héritier ne lui semblait-elle pas inconcevable ?
Quels sont par ailleurs les mobiles de Saraï ? Jusque-là, elle s’est engagée dans le pèlerinage avec son époux, mais n’a pas fait preuve d’une spiritualité manifeste. Elle avait connu les appartements du Pharaon, et ce séjour l’a certainement marquée (12. 14-20). Il faudra une discipline bien douloureuse avant que sa foi ne se manifesteHébreux 11. 11.
Pour le présent donc, Saraï souffre de ne pas avoir d’enfant, mais nous ne la voyons pas en prières à ce sujet, comme plus tard Isaac, Anne, Zacharie (25. 21) 1 Samuel 1. 11 ; Luc 1. 13. Quelle en est la raison ? Elle pense sans doute que Dieu est contre elle, puisqu’il l’empêche d’avoir des enfants (verset 2). Et pourtant n’est-il pas sa seule ressource ?
Saraï n’entre pas dans les pensées de Dieu comme son époux, qui voit déjà le jour de Christ dans la semence promiseJean 8. 56. Pour elle, l’important est de se bâtir une maison (verset 2). Elle ne supporte pas d’être apparemment mise de côté. Par amour-propre, elle veut suppléer par ses propres moyens à son incapacité naturelle d’avoir un enfant. Combien de croyants, depuis lors, ont dû éprouver que “si l’Éternel ne bâtit la maison, ceux qui la bâtissent y travaillent en vain” Psaume 127. 1. Que d’épreuves douloureuses, de foyers ruinés, de vies brisées !
Pour Saraï, le jour de la tentation est venu. L’adversaire utilise pour cela la servante qu’Abram et son épouse ont introduite dans leur maison : Agar l’Égyptienne, qu’ils avaient prise et gardée depuis l’Égypte, figure du monde. Quelques années après, en présence de difficultés et pour la réalisation de leurs propres désirs, Satan leur offre une suggestion. C’est un ennemi patient ; si on le laisse s’infiltrer dans une maison sans vouloir ou pouvoir s’en libérer, un jour ou l’autre, il fera trébucher. Les conséquences atteindront toute la famille et seront quelquefois supportées par toute la descendance, comme ce fut le cas pour la maison d’Abram.
Le trouble s’installe désormais pendant 14 ans dans ce foyer ; la servante devient hautaine et méprisante. Pouvait-on attendre autre chose de cette étrangère, qui ne connaissait pas encore le Dieu vivant, après avoir passé pourtant près de 10 ans dans la maison de son prophète ?
Saraï, poussée par la jalousie, profère des accusations injustes (verset 5) alors qu’elle a tout provoqué. Cependant Abram est dans une certaine mesure responsable, et cela le retient de donner la réponse juste. Son épouse maltraite alors cette pauvre servante pour la contraindre à fuir.
Ne jetons pas trop la pierre ; nous savons par expérience qu’il se passe des scènes peu édifiantes dans trop de maisons chrétiennes. Que chacun prenne garde à soi-même, pour ne pas être surpris par l’œil de Dieu dans de tels comportements.
Dieu attend de Saraï humiliation et confession d’une conduite inconsidérée. Il ne trouve que manifestations violentes d’un amour-propre blessé. Puisque la “servante” est là avec le fruit de la chair (verset 4), Dieu montrera qu’on ne s’en débarrasse pas avec de mauvais traitements. L’épreuve sera dans la maison avec Agar et Ismaël, jusqu’à ce que Dieu en donne l’issue, quand la foi triomphera.
Agar a fui ; elle erre dans le désert. L’Ange de l’Éternel se penche alors sur cette malheureuse étrangère parvenue à la dernière extrémité. Quel cœur miséricordieux que celui de notre Dieu ! C’est lui qui trouve celle qui s’éloigne et suit son propre chemin vers Shur, vers l’Égypte, le monde d’où elle est venue. Il étanche sa soif, puis il parle à sa conscience : “D’où viens-tu, et où vas-tu ?” Ce sont les questions de Dieu à tout homme. Il connaît le nom et la situation de chacun (“Agar, servante de Saraï”). Il veut, en montrant que rien n’est caché à sa lumière, faire réfléchir chaque conscience d’homme sur son origine et sur sa destinée.
Agar ne se dérobe pas ; avec franchise, elle confesse devant Dieu à la fois sa misère et sa faute. Elle peut être pardonnée, et recevra la force d’accomplir ce qui doit nécessairement suivre : s’humilier devant sa maîtresse. Mais si le Dieu saint doit d’abord parler à la conscience, il est merveilleux de voir dans cette scène comment le Dieu de grâce parle ensuite au cœur. Il a entendu l’affliction de cette âme dans la détresse (verset 11) ; et sa compassion pour elle restera imprimée à jamais dans le nom du fils qui va naître (Ismaël : Dieu a entendu).
L’Éternel lui prédit en outre une descendance prospère. Ismaël deviendra une nation forte, renommée et respectée (verset 12 ; 17. 20 ; 25. 18), indomptable comme son ascendant (âne sauvage) ; mais cette lignée ne produira pas de fruit pour Dieu.
Agar se montre transformée par la contemplation de ce qu’elle a “vu ici” (verset 13). Quelle révélation ! Un Dieu vivant, non pas les idoles inertes et muettes de l’Égypte ; un Dieu qui se révèle par sa miséricorde et sa grâce, tout disposé à bénir celui qui se tourne vers lui. Près du puits de Lakhaï-roï aussi, Isaac attendra son épouse et y retournera avec elle (24. 62 ; 25. 11).
Restons près d’un tel puits pour être abreuvés ! Enfants de familles chrétiennes, buvez de l’eau de ce puits ; c’est la Parole de Dieu. C’est l’eau viveJean 4. 14 ; Apocalypse 21. 6, venant d’un Dieu vivant, que le Seigneur vous offre pour que vous n’ayez plus soif à jamais.