Lot remonte d’Egypte avec Abram ; là-bas il n’a pas appris de leçon ; il n’y a appris que l’amour du monde. Lot est un croyant2 Pierre 2. 7, mais il n’a pas connu l’appel céleste d’Abraham. Il ne peut être qu’une entrave pour la marche de l’homme de foi, qui devra se séparer de lui.
Ainsi, au cours des âges, l’Esprit de Dieu produit des mouvements spirituels. Certaines personnes croyantes ou non s’y joignent sans la foi correspondante, et se trouvent être une source d’affaiblissement ou d’achoppement pour le peuple de DieuDeutéronome 25. 18 ; 2 Timothée 1. 15. Il en est de même aujourd’hui, mais le Seigneur ne demande pas d’abaisser le niveau spirituel de son témoignage, pour garder le plus grand nombre.
Abram ne le fait pas ; il se rend sans doute compte du bas état spirituel de son neveu, et sait bien que sa propre conduite y a contribué. Il avait trop facilement entraîné Lot en Egypte ; après leur retour, Abram va être restauré, Lot ne le sera pas. Il n’a jamais été et ne sera jamais pèlerin et sacrificateur ; il ne peut s’affranchir de l’esprit du monde, et le sentier de la foi est trop étroit pour lui.
Jusque-là il n’y avait pas eu de contestations ; l’Egypte était un pays suffisamment vaste pour la prospérité matérielle des deux familles. Les croyants mondains n’ont guère de mésententes ; ils s’accommodent d’une religion tolérante, et d’un mode de vie qui crée peu de contraintes. Les croyants pieux suivent ensemble un chemin étroit, et toutes les vertus divines de communion, d’humilité, de support, de recherche de paix doivent être pratiquement mises en œuvre pour une marche collective heureuse.
Si Abram et Lot avaient été sur le même plan spirituel, les querelles entre bergers ne seraient probablement pas survenues, ou auraient été vite résolues. Tel n’était pas le cas. Lot ne marchait pas avec un cœur purifié ; et les circonstances extérieures ne seront pour lui que l’occasion de faire un choix malheureux. Ainsi peut-il en être de ceux qui ne sont pas purs de cœur ; ils mettront volontiers la faute de leur éloignement sur les circonstances fâcheuses, les controverses, le manque d’amour des frères. De fait, les difficultés, les épreuves sont l’occasion pour Dieu de manifester l’état des cœurs. Même si les circonstances adverses ne nous atteignent pas directement, il suffit quelquefois qu’elles touchent ceux qui nous sont proches pour révéler des tendances cachées.
C’est donc une querelle entre bergers qui met en lumière l’esprit mondain de Lot et la noblesse de foi d’Abram. Les Cananéens sont là dans le pays ; il ne faut pas qu’ils soient témoins d’une contestation entre frères. C’est aussi un avertissement pour notre époque ; il est triste et humiliant de voir des croyants se quereller en présence du monde. Celui-ci les observe, et pense que s’il y a infidélité de conduite, il doit y avoir imperfection des principes. Dans les problèmes relationnels1 Corinthiens 6. 5-8, l’attitude d’un chrétien spirituel est faite de sagesse et de renoncement.
Abram donc abandonne ses droits naturels et laisse à Lot le choix de son territoire. Il a pris ses distances avec les biens et les avantages terrestres ; il a reconnu ce qu’il avait perdu pour s’y être trop attaché. Il s’attend maintenant à Dieu pour le lieu de son habitation. Il pensait bien que son neveu ne lui prendrait pas la portion de la foi ; il constate que Lot fait, hélas, le choix fatal de la convoitise naturelle.
Lot lève ses yeux, mais en direction du monde, et il le voit sous son meilleur jour. La providence semble lui ouvrir une grande plaine fertile pour ses troupeaux, un jardin de délice orné par Dieu pour luiÉsaïe 51. 3. Cette plaine a la richesse de l’Egypte (verset 10) où son cœur est resté. Quand on a goûté aux choses de l’Egypte, on ne les oublie pas, et quand l’âme décline spirituellement, elle a tendance à y retourner.
Lot part donc vers l’orient, en direction du monde, et s’approche des villes habitées par ces hommes méchants et grandement pécheurs. Satan lui fait ses offres ; elles sont belles et séduisantes ; mais il lui masque ce qui l’attend derrière le décor. Lot pourtant ne peut totalement ignorer la conduite de ces hommes corrompus. Il pense sans doute pouvoir garder ses distances. Il ne connaît pas la puissante attraction du monde de Satan, lorsqu’on s’éloigne de Dieu et des siens. Jusque-là, Lot a marché avec la foi d’Abram ; en le quittant, il ne peut que se fourvoyer et aller au-devant de la chute.
Abram en se séparant de Lot, réalise enfin la plénitude de son appel : “Va-t’en de ton pays et de ta parenté”. Il a renoncé à faire un choix sur la terre. Dieu lui ouvre alors des horizons nouveaux. Il dirige ses regards vers un merveilleux héritage, aux limites très étendues. Mais il peut l’embrasser “du lieu où il est”, car c’est par la vision de sa foi qu’il le perçoit.
Les croyants sont aussi invités à saisir l’étendue du propos éternel de DieuÉphésiens 3. 18. Ils sauront alors renoncer à une position avantageuse dans ce monde, à cause de la vision claire qu’ils auront de l’héritage céleste.
Le pays est donné à Abram, mais en vue de sa semence, qui sera innombrable et prospérera dans ce bon pays qui, lui, sera le vrai jardin de l’Éternel (verset 10) Ésaïe 51. 1-3. Abram reste donc un pèlerin dans le pays, mais il va adorer selon la mesure de ce qu’il vient de contempler :