Juda est envoyé devant la
Les versets 29 et 30 témoignent de l’amour qui remplissait le cœur du père et le cœur du fils : Joseph va à la rencontre de son père, se jette à son cou et pleure longtemps. La Parole est brève mais suffisante dans la description de ces effusions.
Quant à Jacob, il trouve sa joie accomplie et pense pouvoir se retirer de la scène, maintenant que l’Éternel l’a comblé après l’avoir éprouvé : il a pu embrasser Joseph. Cependant, sa course ne se terminera pas là ; il a un témoignage à rendre devant le plus grand monarque de la terre, et des bénédictions à prononcer de la part de Dieu pour cet homme haut placé, et pour sa propre famille.
Joseph reçoit donc ses frères à l’issue d’humiliantes épreuves. Il s’occupe de tout et pourvoit à leur installation dans la bonne partie du pays qui leur est réservée. Nous sommes aussi aux bons soins de celui qui a préparé dans la maison du Père une place pour chacun de nous.
Puis les frères de Joseph sont introduits devant le Pharaon. Ils ont écouté la parole de leur frère (46. 31-34) et la présentent au Pharaon. Joseph lui-même s’entremet pour cela, et le Pharaon répond au-delà de toute espérance. Nous en tirons une leçon : quand nous écoutons la parole du Seigneur et lui obéissons, si nous demandons quelque chose à Dieu notre Père en son nom, nous serons exaucésJean 16. 23 ; nous savons que notre Seigneur lui-même intercède pour nous.
Le verset 7 rapporte une scène émouvante et pleine de grandeur. Jacob est introduit par Joseph devant le Pharaon. Il se tient debout devant lui, dans la dignité d’un homme de Dieu devant un homme du monde, d’un “prince de Dieu” devant un prince du monde. L’apôtre Paul aura aussi la certitude de sa dignité lorsque, prisonnier dans les liens, il comparaîtra devant le roi AgrippaActes 26. 29. Contre toute apparence, il a pour lui la meilleure part, lui “le prisonnier dans le Seigneur”.
Jacob bénit le Pharaon ; c’est donc lui le plus excellentHébreux 7. 7. Il le bénit à son entrée comme aussi à sa sortie, bien qu’ayant apprécié la grandeur du monarque. Il aurait pu remercier, pour toutes les faveurs accordées, celui qui l’avait ainsi enrichi en offrant la meilleure région du pays. Mais Jacob, qui autrefois avait envoyé un pauvre présent (43. 11), a maintenant dans sa main les richesses qui manquent au Pharaon, celles qu’il tient de Dieu et qu’il administre de sa part. La double mesure de bénédiction qu’il accorde à ce grand monarque vaut mieux que tous les remerciements et que toutes les offrandes de la terre : “La bénédiction de l’Éternel est ce qui enrichit” Proverbes 10. 22. Le berger vient d’enrichir le roi, mais il se tient dans une position d’humilité, sans servilité toutefois. Il n’a rien à demander au nom de Joseph, il se contente d’accepter ce que le Pharaon lui offre.
Le Pharaon s’enquiert de l’âge du patriarche. Ce vieillard courbé sous le poids des ans répond alors que les années de sa vie ne sont que celles de son “séjour” sur la terre. Jacob sait bien qu’il n’est qu’un pèlerin engagé dans un long voyage qui le conduit à la cité céleste que Dieu lui a préparéeHébreux 11. 16. Il n’a pas honte de son Dieu devant le Pharaon, aussi Dieu n’aura-t-il pas honte de lui, savoir de se nommer si souvent le Dieu de Jacob.
Le patriarche porte ensuite un jugement sur sa vie : “Les jours des années de ma vie ont été courts et mauvais” ; ses pères ont marché devant la face de Dieu (verset 9 ; 48. 15), mais lui non. Il a subi la discipline amère ; il a eu bien peu de joie sur la terre. Mais les jours à venir seront les meilleurs.
Ainsi Dieu décompte-t-il nos jours ; ceux qui ne sont pas vécus pour lui sont des jours perdus. Cela peut rendre certaines vies bien courtes aux yeux de Dieu, et les jours mauvais sont ceux dans lesquels nous l’aurons déshonoré. Nous pourrions estimer mauvais les jours d’épreuve et de souffrance ; mais si nous les vivons avec patience et confiance, ce sont assurément les jours les plus précieux pour Dieu.
Notre vie n’est “qu’une vapeur paraissant pour un peu de temps et puis disparaissant” Jacques 4. 14 ; ne perdons pas un seul de nos jours. Nous pourrions appréhender de voir défiler sous nos yeux le film de notre vie ; nous serions alors tentés d’effacer quelques-unes de ces années perdues ou de ces malheureuses journées. C’est bien notre vie entière qui défilera au tribunal de Christ ; rien ne sera effacé ; qu’en restera-t-il pour la rétribution2 Corinthiens 5. 10 ?
Jacob et sa famille prennent maintenant possession de la meilleure partie du pays (verset 11), celle que Joseph leur a réservée, mais séparée des Égyptiens. C’est aussi la place que le Seigneur nous accorde dans l’Assemblée, et qu’il veut nous voir occuper dans la séparation d’un monde hostile au peuple de Dieu (46. 34). Il y a là de la nourriture pour tous (verset 12), celle qu’il nous fournit “selon le nombre des enfants”. “Si nous avons goûté que le Seigneur est bon” 1 Pierre 2. 3, approchons-nous de lui, apprécions le pain des cieux, n’en cherchons pas ailleurs. “La famine est très intense” dans ce monde ; car “il dépense son argent pour ce qui n’est pas du pain, et son labeur pour ce qui ne rassasie pas” Ésaïe 55. 2 ; et il ne veut pas venir “à Joseph”, à Jésus.
Les Égyptiens sont contraints de venir à Joseph et de donner successivement leur argent, leurs troupeaux, puis leurs corps et leurs terres. Joseph a acquis tous les biens de l’Égypte pour le compte du Pharaon et va les administrer sagement pour le souverain ; mais le peuple n’en sera pas appauvri ; au contraire, il sera abondamment pourvu. Les Égyptiens savent bien que Joseph leur a conservé la vie (verset 25), et c’est de bonne grâce qu’ils lui vendent tout ce qu’ils ont. Celui-ci leur donne tout ce dont ils ont besoin (versets 23, 24).
Le Seigneur n’est pas en reste à l’égard de ceux qui lui consacrent tout ce qu’ils ont, et qui le font par amour et par reconnaissance ; il veut rendre cent fois autant (verset 24) 2 Corinthiens 9. 10. Dans notre vie, avons-nous prévu la part de Dieu, la part de ses serviteurs, avant de garder ce qui nous est nécessaire (verset 26) ?
Nous venons de considérer Joseph comme celui qui a conservé la vie à ce grand peuple et qui domine sur lui, corps et biens. La grande pensée de Dieu est de réunir en un toutes choses dans la main de Christ, qu’il a établi héritier de toutes choses. Il a dû racheter cette possession qui lui revient de droit comme fils, car l’homme l’avait ruinée ; et cette rédemption sera bientôt manifestéeÉphésiens 1. 14.
Lui seul sera un administrateur fidèle, et Joseph en est déjà une image. La terre sera alors mise en ordre, l’héritage dévasté sera restauré, et “rien ne sera laissé qui ne lui soit assujetti” Hébreux 2. 8. “Son peuple sera un peuple de franche volonté au jour de sa puissance” Psaume 110. 3, comme au temps de Joseph. “Toutes les familles des nations se prosterneront devant lui, les débonnaires mangeront et seront rassasiés” Psaume 22. 27, 28 ; et comme la souveraineté de Joseph rehaussait celle du Pharaon, la suprématie du Seigneur du ciel et de la terre sera “à la gloire de Dieu le Père” Philippiens 2. 11.