Le chapitre 11 nous replace dans le temps succédant au déluge. Le privilège des hommes était alors d’avoir une seule langue. S’ils l’avaient employée à louer Dieu et à transmettre sa révélation avec fidélité, ils auraient été bénis. Mais ils reprennent le chemin de Caïn, un chemin qui s’éloigne de Dieu, en vue de trouver un lieu propice pour y bâtir leur monde loin de lui.
Ces fils de l’orient, qui seront ennemis héréditaires du peuple de Dieu, colonisent toutes les contrées tombées entre les mains de Cham. La plaine de Shinhar en est l’étape initiale. Ce nom symbolise la puissance séductrice de l’ennemi pour corrompre le peuple de Dieu devenu infidèle, pour le tenir captif et le priver des éléments du culte divinJosué 7. 21 ; Ésaïe 11. 11 ; Daniel 1. 2. Shinhar est un vaste lieu où l’homme va pouvoir travailler à sa guise avec ses propres matériaux.
Les briques faites d’argile rappellent les origines de l’hommeJob. 33. 6 ; façonnées entre ses mains, elles contrastent avec la pierre que Dieu fournit. L’homme construit dans un labeur incessant mais vain. Selon l’œuvre de ses mains, il édifiera pour l’adoration un autel de briquesÉsaïe 65. 3. En contraste, Dieu demandera à son peuple de bâtir un autel de pierres entièresExode 20. 25, non profanées par la main de l’homme. Il bâtira son Église de pierres vivantes.
La pensée de Dieu était que l’homme remplisse la terre, pour sa bénédiction. Mais les hommes, à l’inverse, se sont rassemblés pour jeter un défi à Dieu, dans la prétention d’être indépendants de lui. La tour de Babel symbolise hautement l’orgueil de l’homme et le mépris de son Créateur. Bâtir une ville, se faire un nom, c’est l’esprit de Caïn. L’homme supporte mal la solitude, n’aime pas se retrouver face à lui-même, refuse la dispersion.
Il pense aussi que l’union fait la force, et rien ne se fait dans les domaines politiques, philanthropiques, voire même religieux, sans une association d’hommes où priment le nombre et l’influence, mais où Christ n’a pas sa place, et le croyant non plus. “Celui qui n’assemble pas avec moi disperse” Matthieu 12. 30 dit le Seigneur.
Mais Dieu a l’œil sur ce que fait l’homme ; quand le moment est venu, il descend pour voir où les choses en sont. Il descend ici pour confondre le langage des hommes (Babel : confusion). Cette confusion nuira toujours aux confédérations de peuples, et au maintien de l’unité des grands empires. Elle entretiendra l’antagonisme, voire la haine, entre les ethnies et dévoilera pleinement l’incurable méchanceté des hommesTite 3. 3.
Ce jugement de Dieu à Babel ne détourne pas l’homme de son désir de s’élever. Le principe de la tour demeure, et il ne faut pas longtemps pour qu’elle soit surpassée en hauteur par l’ambition de Nimrod le rebelle (10. 10). Il pose son pied sur Babel, le lieu du jugement, en disant : Où est Dieu ? Tant de royaumes seront édifiés dès lors sur ce modèle ! Le premier empire des nations portera le nom et le caractère de Babel (Babel, c’est Babylone) 2 Rois 17. 24 ; Ézéchiel 23. 15 ; il sera détruit en un jour. De nos jours, la Babylone religieuse tend vers son unité. Dieu l’a laissée se morceler et se disperser au cours des siècles, et cela aussi longtemps que son Église est sur la terre. Mais l’unité va se faire demain dans l’apostasie ; et Babylone la grande, au sommet de sa puissance, comme son modèle impérial, va être engloutie dans les flots d’une subite destructionApocalypse 17. 5 ; 18. 10.
Grâce à Dieu, les vrais croyants de l’époque chrétienne ne sont pas sur le terrain de la confusion, mais de l’unité divine. La réponse de Dieu à Babel, c’est la multitude de ceux qui ont cru, et qui sont un cœur et une âmeActes 4. 32. Le travail du Saint Esprit a été de rassembler en un ceux qui étaient dispersésJean 11. 52, en vertu de la pleine efficacité de la mort de Christ. Pour cela, il n’est pas revenu au seul langage du commencement (verset 1), mais a traduit son propre langage divin dans toutes les langues des peuples ; c’est le miracle opéré depuis le baptême du Saint EspritActes 2. 6, 11 ; 1 Corinthiens 12. 13. Bientôt, dans les cieuxApocalypse 5. 9 comme sur la terreApocalypse 7. 9, toutes les langues chanteront dans un même accord les louanges de Dieu et de l’Agneau.
Au verset 10, l’Écriture reprend la généalogie de Sem dans un seul de ses fils. Précédemment (10. 21, 25), Héber, arrière petit-fils de Sem, père des Hébreux, avait été mis en évidence. C’est cette lignée des Hébreux que nous trouvons en cette fin de chapitre. Elle conduira à Abraham le père des croyants, à Israël, à Christ. Cette lignée sera symboliquement dans la pensée de celle du chapitre 5 ; elle laissera la terre aux fils de Cham. Elle attendra son heure, c’est-à-dire celle de Dieu, car les fils d’Héber seront au centre des pensées de Dieu en rapport avec la terre.
Dieu raccourcit de plus en plus la vie de l’homme, disperse les nations (verset 9), partage la terre (10. 25). Mais les limites de l’héritage des nations sont établies en rapport avec l’Israël futurDeutéronome 32. 8 ; Ézéchiel 5. 5. Au commencement, ce peuple aura affaire aux fils de Cham, mais ne semblera pas reconnaître la source (Babel) d’où sont issus tous ces peuples. Le principe divin demeure pour le temps actuel : remonter à la source, car ce qui est impur à la source ne se purifie pas avec le temps : “Soyez séparés, dit le Seigneur, et ne touchez pas à ce qui est impur, et moi je vous recevrai” 2 Corinthiens 6. 17.
Les fils d’Héber (passage) sont une génération qui passe, pèlerins et étrangers sur la terre, attendant quelque chose de meilleurHébreux 11. 16. Abraham l’hébreu (14. 13) sera connu des nations comme celui qui “demeure sous des tentes”, et adore le vrai Dieu à son autel. Sommes-nous connus comme ceux qui servent Dieu et qui passent ?