C’est “après ces choses” que l’Éternel s’adresse maintenant à Abram. Il vient d’être l’objet de la protection et de la bénédiction divines. Il a refusé les offres du monde : l’Éternel vient alors l’enrichir de lui-même et de ce qu’il veut être pour lui.
Abram vient d’apprécier le bouclier divin contre les puissances hostiles, gage de protections futures. Il connaîtra aussi, par suite de son renoncement aux choses du monde, un Dieu plein de grâce et de sollicitude, un Dieu fidèle à ses promesses. Celles-ci s’accompliront en leur temps. En tout temps, Dieu voudra être le rempart des siens contre l’adversairePsaume 84. 10, 12, et la portion heureuse du cœur du croyantPsaume 16. 5.
Puisque Dieu ouvre son cœur, l’homme de foi s’enhardit à demander : “Seigneur Éternel, que me donneras-tu” ? La plus grande récompense que j’attends de toi, c’est l’accomplissement de tes promesses. Dieu en effet avait dit : “Je te ferai devenir une grande nation” (12. 2) ; “ta
Abram doit apprendre que “ce que Dieu a promis, il est puissant aussi pour l’accomplir” Romains 4. 21. Sa puissance s’accomplit dans l’infirmité de l’homme2 Corinthiens 12. 9, lorsque celui-ci a reconnu sa propre impuissance. Il faudra donc encore bien des années pour que naisse le vrai fils de la promesse, mais la certitude en est confirmée et précisée ici d’une façon miséricordieuse (verset 4).
Notons bien que les pensées d’Abram étaient en plein accord avec les pensées de Dieu. Ce n’est pas seulement ce qu’il désire pour l’avenir qu’il demande, mais ce que Dieu désire, cette semence par laquelle il assurera son propos de bénédiction et de gloire (12. 2, 3 ; 13. 15, 16). C’est alors que Dieu fait sortir Abram de sa tente, pour lever les yeux vers la voûte céleste : sa descendance sera nombreuse comme les étoiles des cieux. Abram croit Dieu sur parole et contre toute espérance. Il croit que Dieu peut tirer la vie de la mort, car il sait que Sara et lui-même ne sont plus en âge de procréer. Il sera justifié par cette
Après avoir saisi par la foi la promesse concernant l’héritier, Abram souhaiterait que Dieu s’engage plus positivement au sujet de l’héritage lui-même. L’Éternel va lui donner alors un signe probant, fondé sur un sacrifice ; la foi du patriarche en saisira le sens profond.
Il était d’usage, dans ces temps anciens, de sceller une alliance par un serment qui engageait les parties contractantesJérémie 34. 18. Une ou plusieurs victimes étaient sacrifiées, partagées en deux moitiés disposées face à face. Les parties contractantes passaient entre les deux pièces des victimes pour sceller l’alliance. Elles étaient désormais unies par ce serment, comme l’étaient les deux pièces appartenant à une seule et même victime.
Ici Dieu passe sous la forme d’un brandon de feu, et il s’engage seul. Il scelle ainsi la promesse qu’il vient de faire à Abram, sans contrepartie de la part de celui-ci. C’est une alliance sans condition. Il n’en sera pas de même de l’alliance de Sinaï, au moment où la loi sera donnée au peuple d’Israël : les deux parties, Dieu et le peuple, s’engagerontExode 24. 3-8.
Cette scène comporte quelques points mystérieux : des oiseaux de proie qui voudraient s’emparer des victimes, une grande obscurité, une frayeur et un profond sommeil tombant sur Abram. Il faut y voir le déploiement de puissances contraires qui voudraient faire échouer le serment confirmant l’acquisition de l’héritage. Mais voici “la fournaise fumante”, et “le brandon de feu” passant entre les pièces des animaux : l’alliance est conclue par cette intervention divine énigmatique mais déterminante.
L’Israël futur connaîtra “la fournaise de fer” de la servitudeDeutéronome 4. 20, avant la délivrance et l’entrée dans l’héritage. Le chemin qui conduit au royaume et à l’héritage passe par la souffrance, l’affliction et la tribulation ; il en sera de même pour la famille chrétienneRomains 8. 17, 35. Le peuple terrestre connaîtra successivement la servitude, l’oppression dans son pays, la déportation à Babylone et la dispersion. Il connaîtra encore la grande tribulation, avant la gloire du royaume. Mais au milieu de la fournaise, le brandon de feu passe, lumière du salut de Dieu qui est fidèle jusqu’à la délivrance finale.
Ainsi Dieu répond-il à la foi de son serviteur, en lui donnant un tableau détaillé, une prédiction précise de l’avenir de sa descendance. La foi d’un Joseph saisira cette parole (50. 24), celle d’un Moïse peut-être aussi, ce qui lui dictera son choixHébreux 11. 25. Étienne le rappellera à ce peuple infidèleActes 7. 6.
Abram apprend encore (verset 16) que la patience de Dieu envers des coupables s’exerce jusqu’à l’extrême limite avant que ne survienne le châtiment. Toute la Parole nous le confirmera2 Pierre 3. 9.
L’alliance avec Abram est donc fondée sur un sacrifice, comme celle établie avec Noé et sa semence. Pour celle-ci le signe donné est l’arc dans la nuée, et pour celle-là la circoncision. Le fondement étant posé, Dieu va pouvoir donner à Abram une vue plus étendue de l’héritage, jusqu’au grand fleuve, le fleuve EuphrateDeutéronome 1. 7 ; 11. 24 ; Josué 1. 4. Ce n’est plus seulement “le pays que tu vois” (13. 15).
A mesure que la foi s’affirme et que l’on progresse, Dieu révèle d’une façon toujours plus heureuse ce qu’il est en lui-même. Il fait jouir le croyant fidèle de ces bénédictions spirituelles qui conduisent au bout des collines éternelles (49. 26). C’est ce que l’œil ne peut voir, ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment1 Corinthiens 2. 9.