Sara meurt à
Sara va donc être ensevelie à Hébron, lieu de la mort, tombeau des patriarches.
Abraham pleure à Hébron. Qui peut rester insensible en face de la mort qui ravit un être tendrement aimé, père, mère, époux, épouse, enfant chéri repris à l’aurore de la vie ? Qui sondera les cœurs brisés ? Outre ces affections douloureusement éprouvées, le croyant mesure en frémissant, comme Jésus au tombeau de Lazare, les effroyables conséquences du péché de l’homme, et la puissance de la mort sur son esprit.
Mais grâce à Dieu, Abraham ne reste pas affligé comme ceux qui n’ont pas d’espérance1 Thessaloniciens 4. 13, et peut se lever de devant son mort. S’il doit semer ce corps pour la corruption, c’est dans la bienheureuse espérance qu’il ressuscitera en gloire1 Corinthiens 15. 43, fruit du divin grain de blé semé par DieuJean 12. 24 ; Romains 8. 11. La mort pour le croyant ne voile en aucune manière les choses célestes, ni l’avenir glorieux que sa foi a saisi.
Abraham va montrer une foi active ; il sait que dans les siècles à venir, la promesse de Dieu relative à la terre de Canaan s’accomplira. Il veut connaître la résurrection pour lui et pour les siens dans cette terre promise. Elle lui appartient tout entière et sa foi s’en empare jusqu’au terme ultime de sa courseHébreux 11. 13, mais il n’en voudra pour le présent que ce que son Dieu lui en accordera, un lieu de sépulture. Il sait que le moment viendra, quelques siècles plus tard, où les occupants de ce pays parmi lesquels il habite en seront dépossédés, et retranchés à cause de leur iniquité, afin que sa descendance en hérite (15. 16). Pour l’instant sa séparation d’avec ces gens-là souligne son caractère d’étranger ; il ne veut en rien être leur débiteur. Notre Seigneur, auquel nous sommes liés comme chrétiens, a été lui aussi l’étranger céleste ici-bas ; entre la crèche de sa naissance et la croix de son supplice, il n’a pas eu de lieu où reposer sa tête. Le monde ne l’a pas connu, il l’a crucifié ; mais bientôt tout genou se ploiera devant lui. Dans cette attente, le croyant vit aussi en étranger dans un monde qui a crucifié son Sauveur.
Abraham prend donc une position humble et effacée devant les habitants du pays. Ceux-ci savent très bien qu’il n’est pas des leurs ; mais ils lui rendent ce remarquable témoignage : “Tu es un prince de Dieu au milieu de nous”. Abraham s’était conduit sous leurs yeux dans la dignité du représentant de Dieu au milieu des hommes ; comme cela nous interpelle !
Précédemment, Dieu avait dû intervenir pour que son serviteur soit reconnu comme prophète (20. 7). Il avait dû rétablir la dignité de celui qui s’était dégradé. Lot, lui, ne put jamais être restauré aux yeux du monde, et reçut de sa part une honteuse répréhension (19. 9).
Les fils de Heth, tout en montrant une profonde déférence jointe à un attachement certain pour cet étranger, n’entrent en aucune manière dans le secret de sa foi. L’ensevelissement d’un mort, pour eux, est un geste qui ne porte pas à conséquence : l’enterrer à un endroit ou à un autre, ou même dans leur propre sépulcre, quelle affaire !
Mais pour Abraham, malgré ces marques de généreuse délicatesse, il n’y aura pas de confusion. Le champ de sépulture sera sa propre possession pour son plein prix, devant tous les témoins. Pour lui, c’est une terre sans prix, arrhes de l’héritage divin que sa foi contemple de loin ; c’est ce que le Dieu de gloire a donné.
Abraham, comblé de toutes les richesses divines, ne veut en rien être redevable au monde, pas plus aujourd’hui qu’hier, pas plus aux fils de Heth qu’au roi de Sodome. Nous sommes encore plus riches qu’Abraham, même dans la pauvretéApocalypse 2. 9, et la sobriété doit nous caractériser dans le présent siècleTite 2. 12. A l’exemple d’Abraham, nous devons vivre sans ne rien devoir à personneRomains 13. 8, sans nous placer dans la regrettable dépendance du monde. Combien de chrétiens légers se sont ainsi endettés, et passent leur vie dans des tourments d’esprit que ne connaissent pas les gens peu scrupuleux de ce monde ! Combien ont connu la pression dangereuse d’incrédules sous la coupe desquels ils se sont placés !
Abraham, lui, agit en pleine lumière, paye le plein prix sans discuter, dans une monnaie reconnue par tous, et avec la signature morale de témoins indiscutables (versets 10, 13, 16, 18). Agissons-nous toujours ainsi ? La Parole nous enseigne : “nous proposant ce qui est honnête devant tous les hommes” Romains 12. 17.
Abraham enterre donc Sara en face de Mamré, lieu de séjour du patriarche. Celui qui a joui là d’une heureuse communion avec son Dieu, et adoré à son autel, est celui qui vit maintenant en toute sérénité, dans l’espérance de la résurrection. Connaissez-vous Jésus comme la résurrection et la vie, comme votre espérance ? Jean 11. 25 ; 1 Timothée 1. 1