Joseph prend maintenant le premier rang parmi les générations de Jacob (verset 2), car sa personne et son histoire vont nous parler d’un plus grand que lui. A travers Joseph, Jésus Christ sera constamment devant nos yeux : Fils de l’amour du Père, objet de la jalousie et de la haine de ses frères, il connaîtra l’humiliation, les souffrances et la mort, puis l’exaltation et la gloire.
La première qualité relevée chez Joseph est une conscience délicate : il ne peut supporter les mauvais propos et la conduite déplorable de ses frères, les fils des servantes, avec lesquels il est obligé de garder les troupeaux, et il s’en ouvre à son père.
La beauté morale de Joseph peut être en exemple à nos jeunes gens et à nos jeunes filles dans les familles chrétiennes. La pureté dans le langage et dans la conduite est d’un grand prix devant Dieu ; et le Seigneur se sert de ceux qui sont fidèles en cela pour éveiller la conscience des autres.
Jacob trouve en Joseph un fils qui le réjouit dans sa vieillesse. Il ne l’aime pas comme Isaac aimait Ésaü, pour des satisfactions charnelles, mais à cause de son caractère moral. Il le revêt d’une tunique bigarrée, signe de distinction2 Samuel 13. 18.
Jacob avait aimé Rachel, et Léa l’avait douloureusement ressenti. Dieu a ravi à son serviteur Rachel qu’il affectionnait, comme aussi il va lui ôter Joseph. Les parents doivent se garder de montrer des préférences dans les familles, même si elles paraissent justifiées. Cela ne peut qu’engendrer des jalousies, comme dans la famille du patriarche, et c’est finalement l’enfant préféré qui en souffre.
Joseph est donc l’objet de la haine de ses frères. Le Seigneur le sera aussi de la part des Juifs : leurs œuvres mauvaises seront dénoncées (verset 2) Jean 7. 7, leur langage deviendra injurieux (verset 4) Jean 7. 20 ; 8. 48, 52 ; 10. 20 ; leur haine conduira au meurtre (verset 20) Jean 11. 53.
Joseph est également haï à cause des songes qu’il raconte à ses frères. Dieu daigne lui révéler les secrets de son glorieux avenir, mais Joseph les dévoile avec une certaine vanité puérile. Les songes trouveront leur réalisation en Égypte, lors de la domination de Joseph ; ses frères se prosterneront devant lui (42. 6). La pleine réalisation de ces scènes aura lieu quand tout genou se ploiera devant Jésus Christ dans toutes les sphères de la création, lors de son règne.
Le deuxième songe symbolise Israël d’où naîtra le ChristApocalypse 12. 1, 5, sauveur de son peuple et sauveur du monde, comme Joseph. Le sceptre lui sera confié non seulement pour la domination terrestre, mais aussi (comme l’indiquent ces puissances astrales) pour la domination célesteÉphésiens 1. 10. Celui qui aime Christ garde ces prophéties dans son cœur (verset 11).
Malgré ces glorieuses prédictions, Joseph restera humble et ne régnera pas avant le temps. Sans aucun doute, sa foi sera soutenue par ces promesses divines à travers les tribulations qui ne vont pas tarder à survenir. La douceur d’Hébron va prendre fin, car son père décide de l’envoyer vers ses frères. Sait-il à quel point Joseph est haï de ses aînés ? En tout cas Joseph le sait ; mais cela ne le fait aucunement reculer devant sa mission : “Me voici”. L’amour pour son père se traduit par une prompte obéissance, et lui fait surmonter la crainte de ses frères.
Il n’est pas toujours facile aux enfants d’obéir ; même si le cœur est bien disposé, il faut quelquefois renoncer à ce qui est cher, affronter les difficultés, accepter l’opprobre. Mais l’honneur ainsi porté aux parents est rendu au Seigneur, et il bénira en retourÉphésiens 6. 1-3.
Les frères de Joseph l’aperçoivent de loin. La tunique bigarrée le désigne à leur haine ; ils pensent annuler la réalisation de ses songes en se débarrassant de leur frère (verset 20). Mais Dieu arrête leur projet sanguinaire en inclinant le cœur de Ruben ; ils jettent Joseph dans une citerne heureusement vide, après avoir dépouillé leur frère de son vêtement de dignité. Ils sont capables de manger le pain en fermant leurs oreilles et leurs cœurs aux supplications de Joseph et à sa profonde détresse (42. 21) Amos 6. 3-7.
Le cœur de l’homme est dur, mais comment le qualifier lorsqu’il persécute son propre frère ! Le Seigneur a connu plus que cela de la part des siens : ils ont aussi pensé annuler les prédictions divines en le mettant à mort (verset 20) Matthieu 27. 42 ; ils l’ont injurié, frappé, et lui ont craché au visage ; il a été dépouillé de sa robe sans couture, sans défaut comme sa personne (verset 23). Mais il a souffert aussi pour nous délivrer de notre méchant cœur, de cette tendance à mépriser nos frères, à les jalouser, à cultiver la rancune. Gardons des cœurs sensibles aux souffrances de Christ, comme à celles de nos frères.
En définitive, Joseph est vendu pour vingt pièces d’argent, deux pièces pour chaque frère ! Notre Seigneur le sera pour trente, le prix d’un esclave. Ruben a demandé la vie de son frère, peut-être par pitié, sans doute aussi par peur des conséquences (verset 30). Juda l’épargne pour le profit (verset 26). Mais les dix frères sont bien tous d’accord pour préparer une odieuse mise en scène, qui aurait pu frapper le cœur de leur père d’un coup mortel (verset 35). Ils ajoutent à leur iniquité, et à la profanation de cette tunique bigarrée qui parlait tant au cœur de Jacob, une effroyable hypocrisie, tout en prétendant le consoler. Ils venaient d’ajouter à l’immense chagrin du patriarche d’avoir perdu son fils, le remords de l’avoir envoyé sans protection. Et 22 années durant, ce pauvre vieillard trompé portera au plus profond de lui-même la douleur de ce deuil. Les fils de Jacob ont atteint le fond de l’abjection. Mais Dieu, dans sa miséricorde, va agir en eux par un patient travail de discipline, afin qu’ils parviennent à une totale confession des fautes et à une restauration finale.