Nous assistons dans ce chapitre au premier conflit entre nations rapporté dans les Écritures : quatre rois contre cinq. Les rois qui se révoltent dominent sur ces villes de la plaine que l’Éternel détruira à cause de leur iniquitéDeutéronome 29. 22. Il épargnera cependant Tsoar à la demande de Lot. Ce conflit préfigure le dernier qui aura lieu, avant l’établissement du règne de justice et de paix de Jésus Christ, le vrai
En général, la Parole de Dieu ne s’intéresse pas aux guerres de ce monde ; ce n’est pas un livre d’histoire. Mais Dieu consigne dans l’Écriture des événements qui touchent directement son peuple, ou même un seul des siens comme dans ce chapitre, en vue d’un enseignement moral.
La bataille à laquelle nous assistons ne concerne pas Abram ; ce sont comme des tessons de la terre qui contestent entre euxÉsaïe 45. 9. Pour l’homme de foi sur la montagne, peu importe l’issue de la bataille. Mais Lot, lui, est bien concerné puisqu’il habite maintenant dans Sodome, au milieu de ces hommes “méchants et grands pécheurs devant l’Éternel” (13. 13).
Au verset 12 du chapitre 13, il vivait encore sous des tentes, professant être pèlerin et étranger au milieu d’un tel monde. Mais il n’était pas séparé, et au voisinage de ces gens-là, l’amour du monde qui reposait au fond de son cœur depuis l’Égypte, a germé. La frontière est franchie ; il se trouve désormais parmi ces hommes corrompus sans pouvoir rendre le moindre témoignage. Il ne peut que tourmenter son âme juste de jour en jour à cause de leurs actions iniques2 Pierre 2. 8, jusqu’au moment où il se retrouve captif avec eux.
Malheur à ceux qui auront leur portion dans le monde, au jour où Dieu l’ébranlera de sa puissante main en jugement, et ce jour approche. Mais aujourd’hui déjà, le croyant se tient à l’écart et au-dessus des affrontements, en cultivant comme Abram la communion avec Dieu sur la montagne. Et si Dieu permet la lutte contre l’ennemi, un vrai pèlerin et sacrificateur fidèle fera toujours, comme ici, un vaillant soldat. La victoire dépend en grande partie du lieu habituel de notre habitation. Lot était dans le monde ; il ne peut être à la hauteur des circonstances lorsque la crise surgit. Il est emporté dans la tourmente ; et son bien, qui l’avait conduit à une telle compromission, lui est entièrement ravi. Mais le Dieu de miséricorde épargne sa vie.
Croyants de tous âges, apprenons mieux que Lot la leçon que le Saint Esprit veut nous enseigner : si nous vivons près du monde, nous serons enlacés dans ses tourments, ses misères, ses angoisses, ses luttes, et la paix de Dieu s’enfuira de nos âmes : “Les misères de ceux qui courent après un autre seront multipliées” Psaume 16. 4. Nous ne pouvons être heureux et utiles qu’en étant séparés. C’est ce que réalise Abram.
Les relations d’Abram avec son neveu devaient s’être sérieusement relâchées, mais “un frère est né pour la détresse” Proverbes 17. 17. Abram, indifférent aux conflits des hommes, moralement éloigné d’un Lot mondain, est ému dans ses entrailles en apprenant le malheur de son frère. Il ne s’attarde pas à la considération d’un châtiment que Lot a mérité, à la faiblesse de sa petite troupe en regard de quatre rois vainqueurs. L’amour pour son frère découle de son amour pour Dieu. Ceci est vrai pour tout chrétien aujourd’hui encore1 Jean 4. 21. Sommes-nous toujours disposés à tendre la main à un frère en détresse, quelles que soient les raisons de son malheur ?
Abram part en vainqueur, parce qu’il est libre, sans liens pour l’enlacer, parce qu’il part et frappe au moment voulu de Dieu, parce qu’il ne compte pas sur ses forces, mais sur Dieu. Il reviendra vainqueur, car la foi seule aura dicté son combat. Pour l’homme, ce combat est folie ; pour le croyant, c’est celui de la foi, d’où le secret de telles victoires !
Mais l’ennemi sait bien qu’un vainqueur est souvent vulnérable par excès de confiance en lui. Il attend Abram pour lui dresser un piège dans la vallée du roi. Il n’a pas pu le vaincre par l’épée, il va chercher à le séduire, mais en vain. En effet
Il est merveilleux de voir comment Dieu envoie son messager royal juste au moment convenable, à l’heure de l’épreuve, pour que son serviteur soit fortifié et gardé. N’avons-nous pas fait souvent cette même expérience ? Abram est vainqueur mais fatigué : voici le pain et le vin pour lui redonner force et joie ; il va affronter les offres du monde par la main du roi de Sodome : mais il reçoit d’abord toutes les bénédictions d’en haut, et cela lui suffit (verset 19).
Comme celles d’Abram, nos bénédictions “descendent d’en haut” Jacques 1. 17 ; de même, elles suscitent des actions de grâces qui montent vers Dieu par le canal sacerdotal (versets 18, 20), dans l’appréciation des dons providentiels et des victoires remportées. Mais n’oublions pas “la dîme” qui revient à Dieu (verset 20) Hébreux 13. 16 ; elle fait partie de notre service de sacrificateurs.
Après cet accroissement spirituel, Abram peut accueillir le roi de Sodome en levant sa main vers l’Éternel ; il ne veut être enrichi que par lui seul. Puissions-nous imiter ce geste, et refuser ces choses d’apparence insignifiante, “un fil, une courroie de sandale”, mais qui suffisent pour nous lier : la petite faveur qui nous détournera de la droiture, la place ou la marque d’honneur offerte par un monde qui vit dans la vanité et prétend nous enrichir ; mais il prend toujours plus qu’il ne donne, pour notre ruine. Le chef de ce monde dira toujours : prends les biens pour toi, mais donne-moi les âmes (verset 21). La foi d’Abram a donc triomphé par Dieu et obtenu de belles victoires. Mais quel chemin va prendre Lot, délivré d’une si grande épreuve ?