Abraham établit son fils Isaac héritier de tous ses biens (verset 5 ; 24. 36) comme Dieu le fera pour son Bien-aiméHébreux 1. 2 ; Jean 3. 35. Les fils des concubines n’obtiendront que des dons évoquant les bénédictions futures des familles de la terre (12. 3). Abraham est enseveli en toute simplicité dans la caverne de Macpéla, seul lieu de l’héritage dont il s’était rendu possesseur. Après cent années de pèlerinage fidèle, il repose là et attend le jour de la résurrection des justes.
Après la mort d’Abraham, Dieu bénit Isaac. Celui-ci reçoit certainement ces bénédictions comme un encouragement de la miséricorde divine dans le deuil, comme aussi il avait reçu son épouse en consolation, après la mort de sa mère. Dieu soutient toujours la foi éprouvée, par de nouvelles bénédictions. Puis Isaac s’établit auprès du “puits du Dieu vivant”, alors qu’Ismaël s’établit dans le monde, comme nous l’avons vu, “à la vue de tous ses frères” (16. 12).
Rebecca est stérile ; Isaac va apprendre, comme son père, que si la descendance promise ne peut pas être naturellement assurée, elle peut être suscitée par la grâce et la puissance divines. Isaac, lui, est patient ; il sait qu’il est né de parents hors d’âge ; il sait aussi que la promesse de Dieu est ferme. Il va donc en faire personnellement un sujet de prière devant Dieu pendant vingt ans (versets 20, 26), dans une persévérance remarquable. Rebecca lui a-t-elle été une aide en cela ? Dieu va répondre, car il se plaît à exaucer et à honorer la foi d’un croyant.
Le temps de Dieu est donc venu, mais la manière a de quoi surprendre. Rebecca, en particulier, est plongée dans la perplexité : une semence est promise, et conçue d’un seul, d’IsaacRomains 9. 10, mais deux descendances sont attendues. C’est elle maintenant qui prend l’initiative de consulter l’Éternel ; sage décision qui nous apporte une prédiction pleine d’enseignement : si un conflit avait eu lieu entre Ismaël et Isaac dans la maison, une lutte identique oppose cette fois deux enfants dans le sein de leur mère. Elle évoque ce même conflit entre la chair et l’Esprit dans l’être intérieur du croyant. L’apôtre nous donne la clef de la victoireGalates 5. 16-26.
L’opposition s’affirme dans la venue au monde et le comportement de ces deux jumeaux, qui se révéleront aussi opposés dans l’état de leur cœur que dans leur aspect physique. Dès la naissance, le second tient le talon de son frère et portera donc le nom de Jacob, le « celui qui supplante » ; c’est lui qui supplantera le premier-né dans les bénédictions divines. Ainsi se confirme le choix souverain de Dieu : “le plus grand sera asservi au plus petit”. Ces deux frères seront donc séparés dès leur naissance (verset 23) pour former deux peuples constamment opposés. L’un sera béni et l’autre retranché, à la fin des jours. Les conduites respectives de Jacob et d’Ésaü ne tardent pas à manifester ce qu’ils sont : Ésaü est un homme des champs, attaché à la terre, chasseur comme Nimrod. Jacob est un homme simple ; il se contente de ce que Dieu lui donne et n’ambitionne ni aisance ni renommée. Il habite les tentes, il est pèlerin comme ceux qui l’ont enseignéHébreux 11. 9. Il ne sera pas chasseur, mais berger de ses troupeaux.
Isaac préfère Ésaü parce que celui-ci flatte ses goûts ; cette convoitise finira par l’aveugler. Elle lui fera oublier qu’Ésaü méprise la parole de Dieu et ses dons. N’y a-t-il pas trop de parents, aveugles bien que croyants, qui prennent plus d’intérêt aux succès de leurs enfants, dont ils tirent fierté et vanité, qu’à l’état de leur âme ? Prenons garde également à ces proches ou à ces relations qui s’emploient à flatter nos goûts naturels. Quelles que soient leurs intentions, bonnes ou mauvaises, ils risquent fort de nous ôter le sens spirituel.
Rebecca, elle, aime Jacob ; il a vécu près d’elle, dans la tente, et leurs caractères se rejoignent. Mais nous aimons à penser que les affections de cette mère pour son fils sont également formées à la lumière de ce que Dieu lui a révélé à son sujet. Assurément des parents pieux se plairont toujours à retrouver dans le cœur et la conduite de leurs enfants ce que Dieu a promis, ce qu’il opère quand la foi se manifeste.
Le jour est venu où la foi de Jacob va se manifester ; les promesses divines ont du prix pour lui. Il sait maintenant par Rebecca qu’elles le concernent directement, lui et sa descendance après lui. Il apprécie la place d’honneur que Dieu veut lui accorder, celle de premier-né, avec la part d’héritage correspondante.
Mais le tort de Jacob est d’acheter sur-le-champ ce qu’Ésaü est prompt à vendre. Les promesses de Dieu ne sont pas à vendre ; elles sont un don gratuit consécutif à l’élection selon la grâce. Jacob commence là avec succès son premier marché, mais il s’agit de choses saintes, et il se trompe en les monnayant. Dieu est celui qui donne, et le moyen d’acquérir dignement ce qui vient de lui, c’est la foi.
Ésaü, lui, méprise son droit d’aînesse ; il se fatigue par beaucoup d’activité sur la terre (verset 29), mais n’a pas d’autre horizon : “Mangeons et buvons, car demain nous mourrons” (verset 32) 1 Corinthiens 15. 32. Il connaît fort bien la nature des promesses et des bénédictions divines ; il viendra, mais trop tard, les revendiquer avec larmesHébreux 12. 16, 17. Pour l’instant, il mange, se lève et s’en va, sans mesurer aucunement la grave insulte faite à Dieu.
Jeunes gens, jeunes filles, élevés selon l’enseignement de la parole de Dieu dans des familles chrétiennes, vous avez un privilège identique à un droit d’aînesse. Ne restez pas indifférents à ce que Dieu vous offre par amour. Celui qui mépriserait aujourd’hui le don de Dieu pourrait bien demain supplier avec larmes derrière une porte fermée, et partager le sort d’Ésaü le “profane”.