Joseph est amené en Égypte et vendu comme esclave ; il fait preuve dans son service d’une grande diligence et d’une réussite qui ne manquent pas de frapper ceux qui en sont les témoins et les bénéficiaires. Le secret réside dans une communion constante avec l’Éternel. Tel il obéissait dans la maison de son père, tel il sert maintenant. Ceux qui ont l’autorité en mains peuvent être successivement son père, le chef des gardes, le chef de la tour, ou le Pharaon, Joseph reconnaît qu’ils la détiennent de celui qui est au-dessus de tous.
C’est dans cette pensée que le Seigneur, puis les apôtres, nous invitent à être soumis, et à servir dans l’obéissance, même à travers les injustices. Nous connaissons l’esprit du monde : “A qui donc profite mon travail ? Il est insuffisamment rémunéré” ; et le cœur à l’ouvrage se ressent de cet esprit de revendication. L’apôtre nous enseigne ceci : “Quoi que vous fassiez, faites-le de cœur, comme pour le Seigneur et non pour les hommes” Colossiens 3. 23.
Joseph sert donc devant l’Éternel, et l’Éternel est avec lui. Sa foi se montre par ses œuvres, et accrédite le nom de son Dieu auprès de ces païens (verset 3). Si Joseph s’était lamenté sur son sort, ou s’était vanté de sa haute destinée, il n’aurait pas été un vrai témoin. Potiphar ne s’intéressait sans doute pas à son passé, et n’aurait pu croire à son glorieux avenir. Mais cet homme haut placé est forcé de s’incliner devant les remarquables interventions du Dieu de Joseph (verset 3), en contraste avec la vanité des dieux de l’Égypte, et ceci parce que Joseph est fidèle dans son service. Il est émouvant de voir que le cœur même de Potiphar a été touché par tant de grâce accordée à celui qui n’était qu’un esclave “hébreu”.
Au verset 7, la scène change : Satan ne peut supporter que Joseph puisse ainsi prospérer par fidélité à son Dieu. C’est par une femme perfide qu’il agira, la femme de son seigneur ! Nous ne sommes pas surpris qu’elle ait été séduite par la beauté de la taille et du visage de ce jeune hébreu (verset 6), et par ses qualités exceptionnelles. Mais elle n’en connaît pas l’origine ; aussi se permet-elle de lui faire jour après jour de honteuses propositions. Elle vit dans un pays caractérisé par les “délices du péché”, et n’en discerne pas le côté odieux malgré la répréhension de Joseph.
La tentation est redoutable, et il y a autant de risque à résister qu’à succomber ; mais Joseph ne s’arrête pas aux conséquences. Sa conduite est dictée par la gloire de Dieu. Il n’est pas simplement retenu à cause de la convenance des bonnes mœurs, ou du commandement de son seigneur, encore moins par la simple peur de la rumeur, de la honte ou du châtiment, mais parce que ce péché est contre Dieu (verset 9).
Avons-nous cette délicatesse de conscience ? Il faut reconnaître qu’elle a sensiblement diminué autour de nous, si l’on en juge par cette coupable fornication qui se pratique dans notre environnement, et que nous sommes tenus de fuir à tout prix1 Corinthiens 6. 13-20.
Ainsi Joseph est éprouvé, mais cette redoutable tentation ne fait que dévoiler sa pureté et sa fidélité : bel exemple consigné dans la Parole éternelle, d’un homme qui “avait les mêmes passions que nous”, mais qui se conservait pur pour son Dieu. Il pouvait compter sur la force d’en haut pour résister ; nous ne le pourrons, nous aussi, que dans la mesure où nous ne nous induirons pas nous-mêmes en tentation : “Un homme prendra-t-il du feu dans son sein sans que ses vêtements brûlent” ? Proverbes 6. 27
Joseph, calomnié par cette femme perverse, est jeté en prison comme un vil malfaiteur. C’est une injustice grave contre laquelle il aurait pu se révolter ; mais il se soumet apparemment sans murmures. Il sait bien qu’il se trouve au milieu d’un monde menteur, inique, et sans pitié. Mais nous apprenons avec lui que l’injustice du monde et les circonstances les plus adverses servent aussi à l’accomplissement des desseins de Dieu. De plus, l’épreuve de Joseph ne consiste pas seulement à supporter une injustice. Il est également soumis à d’intenses souffrances physiques et moralesPsaume 105. 18, 19. Il semble que ces événements douloureux vont à l’encontre des promesses de Dieu communiquées dans les songes. Aussi est-il écrit que “la parole de l’Éternel”, qu’il avait reçue par la foi et que tout démentait extérieurement, “l’éprouva” ; mais la “tribulation produit la patience” en Joseph, “jusqu’au temps où arriva ce que l’Éternel avait dit”.
Dieu n’oublie pas Joseph (verset 21). Il le place dans cette sombre prison parce qu’il doit y accomplir un service beaucoup plus humble que le précédent, mais très utile. De plus, il sera formé pour faire un bon usage de son élévation future. Dieu n’éprouve jamais inutilement, et si sa parole a éprouvé son serviteur, elle l’a certainement soutenu pendant les jours de son humiliation. La profonde sympathie de celui qui était avec lui dans toutes ses afflictions jusqu’au jour de la délivranceActes 7. 10, marquera son âme d’une impression très forte qui ne s’effacera pas au jour de la puissance et de la gloire.
Tout prospère dans la main de Joseph à l’heure de l’abaissement. Tout va prospérer aussi dans la main de l’homme Christ Jésus qui sera sur la terre au service de son Dieu et pour son bon plaisirPsaume 1. 1-3. Comme Joseph, il se montrera ainsi qualifié pour l’administration de la gloire futurePsaume 2 ; Ésaïe 52. 13. Il ne viendra pas seulement pour soulager les prisonniers, mais pour les délivrer et les renvoyer libresLuc 4. 19. Pour cela, il devra connaître lui aussi les faux témoignages, la condamnation injuste, la mise au rang des iniques. Les pieds de Joseph avaient été “serrés dans les ceps” ; ceux de Jésus seront percés, et il sera conduit à la mort sans ouvrir la bouche. Mais celui que les hommes ont retranché de la terre des vivants, est maintenant couronné de gloire et d’honneur.