Oindre Jéhu comme roi sur Israël et Hazaël, sur la Syrie, étaient des tâches confiées à Élie1 Rois 19. 15. Pourtant, il ne s’est acquitté ni de l’une ni de l’autre de ces tâches que l’Éternel lui avait confiées. Il a particulièrement éprouvé la grâce de l’Éternel, aussi ne peut-il se résoudre à introniser deux hommes qui feraient tant de mal au peuple de Dieu1.
Élisée n’oint pas non plus Hazaël, auquel il a pourtant affaire (chapitre 8). Lui, le prophète de la grâce, ne se complaît pas dans le jugement et ne se résout pas à permettre son déclenchement en oignant celui qui en serait l’auteur.
Élisée n’oint pas lui-même Jéhu, comme roi sur Israël. Il confie ce rôle à l’un des fils des prophètes et lui demande de le faire de façon bien particulière :
“Tu t’enfuiras, et tu n’attendras pas” (verset 3). Combien l’onction de David au milieu de ses frères était différente1 Samuel 16. 13 ! Ici tout se fait à la hâte et en secret. Celui qui connaît la pensée de Dieu ne se complaît pas dans le jugement, sachant que ce n’est qu’en dernier ressort que l’Éternel le fait tomber.
L’envoyé d’Élisée ne trouve pas un berger, comme Samuel allant oindre David, mais il rencontre un guerrier. Jéhu gardera pendant tout son règne ce caractère belliqueux.
Seuls David et Salomon ont été oints avec une corne d’huile2 Samuel 16. 13 ; 1 Rois 1. 39. Une corne est un élément naturel, produit de la création divine et qui convenait aux rois selon le cœur de Dieu et types de Christ. La corne est aussi, dans la Parole, le signe de la force.
Pour Jéhu, comme pour Saül, ce n’est pas une corne mais une fiole d’huile1 Samuel 10. 1. Une fiole est le résultat du travail de l’homme et correspond au caractère de ces deux rois qui manifestent largement, pendant leur règne, ce qu’est l’homme dans la chair.
Le messager d’Élisée avait une double mission :
Jéhu sera très zélé pour s’occuper du mal lorsque cela servira ses propres intérêts, mais ne saura pas servir l’Éternel de cœur et se garder de l’idolâtrie.
Il est ici en compagnie de gens bien légers : “Pourquoi ce fou est-il venu vers toi ?” (verset 11). Ils n’ont qu’entrevu le messager d’Élisée, pourtant ils le traitent de fou. Serait-ce à cause de son départ précipité ? S’il avait eu la crainte de l’Éternel, Jéhu aurait dû reprendre de telles paroles. Après l’avoir accusé de mensonge, ses compagnons reconnaissent Jéhu comme roi, croyant les paroles de celui qu’ils viennent de traiter de fou.
Aussitôt, Jéhu agit avec ruse. Il conspire contre Joram. Pourtant, si Dieu confie quelque chose à l’un de ses serviteurs, il donne aussi les moyens de l’exécuter. Nous ne voyons pas Jéhu demander à l’Éternel sa volonté. Il agit avec dissimulation et demande à ses compagnons de garder le secret de son onction.
Jéhu se rend alors à Jizreël. C’est là que Joram, roi d’Israël, se remet de ses blessures, ayant Achazia, roi de Juda, près de lui.
Joram envoie successivement deux cavaliers, qui s’enquièrent des sentiments de Jéhu. “Est-ce la paix ?” (verset 18). Les anciens de
Les deux cavaliers envoyés par le roi grossissent la troupe de Jéhu et montrent combien peu ils sont attachés à Joram.
L’attitude de Jéhu est assortie à ses paroles : “Il conduit avec furie” (verset 20). Joram et Achazia sortent alors à sa rencontre. “Est-ce la paix, Jéhu ?” (verset 22). “Quelle paix ?” répond-il. En effet, si nous avons à rechercher la paix au milieu du peuple de Dieu, ce n’est pas au détriment de la justice. La paix que le Seigneur a acquise aux croyants est basée sur son œuvre à la croix. Là, Dieu devait à sa justice inflexible de frapper le péché, alors que celui-ci était porté par son bien-aimé.
Le lieu même où se trouvaient ces deux rois (la vigne de Naboth) rappelait combien la paix à laquelle aspirait Joram, n’était pas à la gloire de l’ÉternelÉsaïe 57. 1, 2.
“Trahison !” crie Joram ; il aurait dû plutôt dire : « Châtiment ! » Jéhu, alors, tue Joram ; il en avait reçu le mandat de la part de l’Éternel (verset 8). Mais, lorsqu’il donne ordre à ses serviteurs de frapper Achazia, il outrepasse la mission que l’Éternel lui avait confiée. Associé au méchant Joram, Achazia tombe sous le même jugement que lui. Mais l’Éternel prononcera sur Jéhu un très sévère jugement à cause de ce sang verséOsée 1. 4. En effet, les sentiments qui animent Jéhu ne sont pas ceux de l’Éternel pour qui le jugement reste son œuvre étrange et son travail inaccoutuméÉsaïe 28. 21.
Nous apprenons ici deux choses qui ne sont pas dites en 1 Rois 21 :
Jézabel soigne sa présentation. Cette femme âgée ne cherche sans doute pas à séduire. Mais, au lieu de s’occuper de son état intérieur où il y aurait eu tant à faire, sa dernière préoccupation est pour son aspect extérieur. Mais Dieu jugera même l’orgueil de son apparence, puisqu’elle n’aura même pas un tombeau pour accueillir ses restes mutilés.
Des gens de son entourage n’hésitent pas à la jeter par la fenêtre. Même s’il accomplit la parole de l’Éternel, Jéhu ne manifeste pas la crainte de Dieu qui conviendrait devant le sérieux du jugement qu’il exécute ; il piétine Jésabel avant d’aller manger et boire.
Ce que l’Éternel avait annoncé s’accomplit à la lettre.
L’exemple de Jézabel subsiste jusque dans l’Apocalypse, où elle symbolise l’impureté de l’alliance du monde avec la religion de l’homme, sous une forme idolâtre qui persécute les croyantsApocalypse 2. 20.