Naaman est socialement un grand homme. Professionnellement, c’est un homme qui a réussi. Personnellement, c’est un homme vaillant. Mais moralement, c’est un pécheur. Lépreux : ce mot suffit à éclipser tout le tableau flatteur qui précède.
La lèpre représente toujours le péché dans la parole de Dieu, sous ses deux aspects :
Ce fléau n’épargne aucune classe de la société.
L’Éternel avait utilisé Naaman pour délivrer les Syriens. Cela montre ses soins à l’égard d’une nation pourtant ennemie de son peuple. Quel enseignement pour les Juifs qui pensaient si facilement qu’ils étaient les seuls dont l’Éternel s’occupait ! En guérissant Naaman, le Syrien, l’Éternel montre sa sollicitude à l’égard des nations, ce qui excitera plus tard les Juifs à la jalousieLuc 4. 27.
Il y a un contraste très frappant entre Naaman et la fillette israélite qui sert sa femme :
Mais :
La foi de cette enfant parle : “Alors il le délivrerait de sa lèpre” (verset 5) ; jamais personne n’avait pu constater la guérison d’une lèpreLuc 4. 27. Pourtant elle a parfaitement confiance dans la puissance de l’Éternel. Elle n’est pas tournée vers elle-même, mais pense à celui qui la retient prisonnière, loin de l’affection de ses parents.
On écoute ses dires. C’est la preuve :
Naaman en réfère à celui devant qui il vit. Les grands de ce monde s’adressent à leurs pairs, ne discernant pas que Dieu se glorifie justement dans ce qui est peu considéré.
Le roi de Syrie se propose d’envoyer un cadeau au roi d’Israël. L’homme du monde négocie tout ; il voudrait même acheter la guérison de Naaman avec des moyens humains. Pourtant la petite servante n’avait pas parlé du roi d’Israël, mais du prophète qui est à Samarie. Le roi de Syrie, n’ayant aucune foi dans les ressources divines, fait appel à la puissance du roi d’Israël.
Celui-ci s’emporte. Il montre toute son incrédulité en déchirant ses vêtements et avoue son impuissance. Triste conducteur du peuple de Dieu ! Des Syriens ont plus de foi que lui. Une petite servante exilée en sait beaucoup plus que lui sur la puissance divine. N’aurait-il pas dû avec humiliation s’effacer et reconnaître que Naaman sollicitait une puissance qu’il avait rejetée ?
Élisée n’intervient qu’après la réaction du roi. Il faut que l’incapacité de l’homme haut placé soit constatée. Son message est plein de dignité : si les ressources des grands de ce monde sont inopérantes, rien ne dépasse les ressources de la grâce divine.
“Il saura”, non pas “tu sauras” ; n’y a-t-il pas là une parole pour la conscience du roi d’Israël ? Les Syriens allaient apprendre quelque chose que le roi d’Israël ne connaissait pas.
Naaman vient donc vers le prophète ; c’est la bonne adresse, mais la mauvaise manière. D’un côté, nous avons un grand de ce monde avec la pompe qui l’accompagne ; de l’autre, Élisée qui ne se dérange pas, montrant ainsi qu’il ne tient pas compte du titre du chef syrienJacques 2. 1-9. Il lui envoie un messager. Cela blesse l’amour propre de Naaman. Son attitude est en contraste complet avec celle d’un centurion romain dont l’esclave était maladeLuc 7. 6.
Élisée ne se déplace pas pour recevoir le chef syrien, car sans doute ne veut-il pas que sa présence en qualité de prophète influence Naaman. Il faut que le lépreux saisisse la parole qui lui est adressée et y obéisse simplement, quel qu’en soit le porteur. D’autre part, Naaman est un Syrien ; aussi Élisée tient-il ses distances, ne pouvant manifester aucune communion avec un ennemi du peuple de Dieu.
“Lave-toi” (verset 10) : le plus humble esclave comme l’homme le plus haut placé, un enfant comme un vieillard, chacun peut se laver. Voilà de quoi briser l’orgueil du chef syrien. Il se fâche. On n’a pas tenu compte de sa personne et de son rang, dans le moyen de délivrance proposé. Il avait imaginé une cérémonie digne de sa condition, dont il aurait tiré une certaine gloire.
Naaman pensait : le prophète fera ; Élisée lui envoie dire : “Lave-toi” ; Élisée ne fait appel qu’à sa foi. Autrement dit : Dieu a tout fait. Nous ne pouvons rien ajouter à l’œuvre du salut sinon de la saisir par la foi.
“Il promènera sa main sur la place malade” (verset 11) : c’est bien l’idée que les hommes du monde ont du péché ; quelque chose d’extérieur, lié aux circonstances, quelque chose de superficiel et de visible, qui se règle extérieurement. Ils ne réalisent pas que c’est du cœur que vient le malMatthieu 15. 19.
Le Jourdain est l’image de la mort avec Christ. Mais l’homme dans la chair n’aime pas cela. Il préfère imaginer un autre moyen dans lequel il ne serait pas mis de côté (l’Abana et le Parpar).
La colère de Naaman montre combien il est déçu par le message d’Élisée. S’il était parti avec une indifférence incrédule, son sort aurait été réglé définitivement, car il aurait refusé le seul espoir de salut.