Au règne d’un roi fidèle succède celui d’un roi impie, Manassé. Souvent une période de réveil est suivie d’une marche plus rapide dans le chemin du déclin.
Les sept premiers versets montrent que Dieu juge d’abord un homme d’après ses actions envers lui et non d’après sa conduite à l’égard de ses semblables.
À douze ans, le Seigneur montrera son intérêt pour le temple et la parole de DieuLuc 2. 42-49. Au même âge, Manassé manifeste son mépris à l’égard du temple et profane ce qui est sacré.
Manassé régnera cinquante-cinq ans. C’est le règne le plus long de toute la royauté. Cette longévité n’est pas le signe d’une approbation divine, mais elle met en évidence toute la patience de Dieu.
Le nom de Manassé signifie “oubli”. Joseph avait ainsi appelé son fils pour rendre grâces à Dieu qui lui avait fait oublier toute sa peineGenèse 41. 51. En donnant ce nom à son fils, Ézéchias voulait probablement bénir l’Éternel de lui avoir fait oublier la détresse liée à l’invasion de son pays par Sankhérib et son accablement lorsqu’il avait été malade. Mais ce nom de Manassé traduit aussi l’oubli par ce jeune roi de l’Éternel, le Dieu de son père. En effet, il prend le contre-pied de la fidélité d’Ézéchias son père. On tremble en pensant à la responsabilité de ceux qui ont eu le privilège d’être enseignés dans une famille croyante et qui ensuite se sont détournés.
Manassé agit d’une manière particulièrement profane. En installant l’idolâtrie dans le temple même de l’Éternel (versets 4 et 7), il fait un pas de plus dans l’iniquité, par rapport à ses prédécesseurs idolâtres. Il préfigure ce que fera l’Antichrist, plus tard, lorsqu’il introduira l’image de la bête romaine dans le temple de DieuMatthieu 24. 15. L’histoire du roi apostat nous enseigne que lorsqu’un homme pervertit la voie que Dieu lui assigne, il se livre obligatoirement à l’emprise de Satan (verset 6). Au mépris des injonctions sans équivoque de la parole de Dieu, il sert SatanLévitique 18. 21 ; 19. 31.
Combien est poignant le rappel des promesses faites à David et à Salomon (versets 7, 8) ! Selon ses compassions, l’Éternel désirait que son peuple n’erre plus loin de sa terre. Manassé le fait errer en l’entraînant dans sa propre méchanceté (verset 9). Quelle influence exerçons-nous sur ceux qui nous sont confiés ?
“Plus que les nations” (verset 9) : on a dit que lorsqu’un enfant de croyants méprise les privilèges reçus, il est capable de faire pire que des gens sans éducation religieuse1 Corinthiens 5. 1.
Malgré ce triste paragraphe (versets 1-9), l’Éternel manifeste encore toute sa patience. Il parle par ses serviteurs, avertissant du jugement avant de l’exercer. Son désir est de produire une repentance parmi son peuple. L’Éternel fait référence au jugement sur Samarie (verset 13). Un cordeau sert à tester la rectitude d’une ligne, le plomb la verticalité d’un mur. L’Éternel utilise ces deux images pour dire qu’il a fait la preuve de la conduite dévoyée d’Israël et de ses rois. Juda était donc plus responsable que les dix tribus, sachant que la même iniquité produirait le même jugement.
À partir du verset 14, ce n’est plus seulement les chefs mais le peuple lui-même qui est mis en cause. La fin du verset 15 indique que l’iniquité qui s’affiche ouvertement au temps de Manassé et qui motive sa colère, était latente depuis la sortie d’Égypte, presque mille ans auparavant.
L’abandon de l’Éternel rend Manassé sanguinaire. S’il méprise l’Éternel, il méprise également son peuple. Au lieu de prendre soin de lui, il répand du sang innocent jusqu’à en remplir Jérusalem. Quand l’homme naturel a un pouvoir, il s’en sert pour opprimerJérémie 15. 4.
Le passage parallèle du livre des Chroniques2 Chroniques 33 laisse pourtant filtrer un rayon dans la vie si sombre de Manassé. Dans la détresse, il prie, s’humilie. À cause de celui qui criera en vain sur la croix, la prière de Manassé est exaucée. Dieu se laisse fléchir et le délivre.
Manassé s’endort après cinquante-cinq ans d’un règne détestable. Ses abominations sont écrites dans le livre des Chroniques. Rien de ce que nous avons fait, dit ou pensé, n’est oublié devant Dieu. Que cela nous rende sérieux et nous fasse marcher soigneusementÉphésiens 5. 15.
Amon succède à Manassé pendant deux ans. Si Manassé n’a pas suivi le bon exemple de son père Ézéchias, Amon lui, suit le mauvais exemple de Manassé. Le contact du mal corrompt, mais celui du bien ne bonifie pasAggée 2. 12, 13.
Il abandonne l’Éternel. La repentance de son père, mentionnée dans les Chroniques, ne l’arrête pas. Imiter le mal est naturel ; imiter le bien requiert une mobilisation du cœur et de la conscience.
Il est assassiné chez lui, par ses propres serviteurs. Cela montre la haine qu’il avait suscitée autour de lui. Ses actes aussi sont consignés dans le livre des Chroniques. Il est enterré non pas dans les sépulcres des rois, mais au même endroit que son père, dont il a imité la détestable conduite.