Le chapitre 14 nous ramène en Juda auprès d’Amatsia, fils et successeur de Joas de Juda, dont le règne va se superposer pendant 15 ans avec celui de l’autre Joas.
La mère d’Amatsia, Jehoaddan, originaire de Jérusalem, a été choisie comme femme à Joas par Jehoïada, son sage conseiller2 Chroniques 24. 3. D’une manière générale, quand le nom de la mère d’un roi et son appartenance au peuple sont indiqués, il s’agit d’un roi craignant l’Éternel.
C’est le cas dans toute la première partie du règne d’Amatsia. Toutefois une distance est marquée par rapport à son ancêtre David, à la différence d’Ézéchias (18. 3) et de Josias (22. 2) qui supporteront plus tard la comparaison avec David.
Élément positif de son règne : tout en condamnant les deux assassins de Joas son père, Amatsia épargne leurs fils. Conformément à la loi de Moïse et au commandement de l’Éternel, il ne fait pas, comme c’était alors l’usage, retomber le châtiment sur les fils de ces meurtriers1. Cette référence au Deutéronome (24. 16) nous permet de comprendre que cette loi, Amatsia la connaît et cherche à la respecter. Parmi ses obligations, un roi avait celle d’écrire pour lui-même une copie de la loi, de l’avoir près de lui, et d’y lire tous les jours de sa vie, “afin qu’il apprenne à craindre l’Éternel son Dieu et à garder toutes les paroles de cette loi et ces statuts pour les faire” Deutéronome 17. 18, 19.
Hélas, comme dans l’histoire de Joas de Juda au chapitre 12, ce commencement prometteur se trouve contredit par une fin de règne catastrophique. Tant il est vrai que rien n’est acquis dans l’histoire morale d’un homme, et que la fin d’une chose est plus significative que son commencement. Afin de comprendre ce qui s’est passé, il faut se reporter au chapitre 25 du deuxième livre des Chroniques.
Amatsia part en campagne contre Édom et fait appel à des mercenaires venus d’Israël. Repris par un prophète, il les congédie. Mais ceux-ci, outragés et privés du butin sur lequel ils comptaient, se vengent en pillant les villes de Juda.
La victoire qu’Amatsia remporte sur Édom va entraîner en fait pour lui un désastre moral dont il ne se relèvera pas. Les Chroniques nous apprennent que, de cette campagne, Amatsia a ramené dans son butin les faux dieux des Édomites. Des faux dieux devant lesquels il va se prosterner et auxquels il va brûler de l’encens ! Quelle déchéance ! Il semble qu’elle a comme point de départ l’amertume ressentie par Amatsia envers l’Éternel qui a permis la perte de cent talents d’argent et la dévastation des villes de Juda.
L’irritation d’Amatsia va s’exprimer aussi contre Joas, roi d’Israël, qu’il tient pour le grand responsable de l’attaque des villes de Juda. Il le provoque et reçoit une réponse pleine de mépris sous forme d’une petite parabole2. L’orgueil répond à l’orgueil, et voilà une guerre fratricide engagée entre les tribus d’Israël. Le livre des Proverbes nous rappelle que “ce n’est que de l’orgueil que vient la querelle” Proverbes 13. 10.
Cette guerre va coûter très cher au petit royaume de Juda : dispersion des combattants, muraille de Jérusalem démantelée, trésor du temple dépouillé comme il ne l’a encore jamais été par les ennemis traditionnels d’Israël, maison du roi vidée elle aussi, et enfin, des otages emmenés. Quel désastre pour Amatsia et tout Juda, et surtout quel déshonneur pour l’Éternel ! L’occasion a été donnée aux ennemis du peuple de Dieu d’attribuer cette défaite à l’impuissance de l’Éternel et de triompher sans avoir eu eux-mêmes à combattre.
Dès lors il n’est plus fait mention d’Amatsia qui meurt quinze ans plus tard sans qu’il soit question d’un retour vers l’Éternel.
Ce troisième successeur de Jéhu monte sur le trône d’Israël. Quarante ans de règne sont résumés par le seul verset 24 : “Il fit ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel”. Et pourtant son règne, comme celui de Joas son prédécesseur, connaît extérieurement une certaine prospérité (verset 28). Le secret nous en est donné : l’Éternel, voyant l’affliction d’Israël et qu’il n’y avait plus personne pour le secourir, les sauve lui-même par la main de leur mauvais roi Jéroboam. Il est très touchant de lire, comme si Dieu se donnait des excuses à lui-même, qu’il “n’avait pas dit qu’il effacerait le nom d’Israël de dessous les cieux” (verset 27).
Il est intéressant de trouver au verset 25 une mention du prophète Jonas que nous connaissons si bien par son livre et par son histoire. Il avait annoncé à Israël un événement heureux qui s’était réalisé ; une certaine gloire s’était attachée à lui de ce fait. Son livre le montre chargé d’une mission pleine de risques à un peuple méchant, ennemi d’Israël. De plus, sa prophétie, il le pressentait, n’allait pas se réaliser, le désavouant apparemment comme prophèteDeutéronome 18. 22. Son intervention au verset 25 nous aide à comprendre l’arrière-plan de son histoire.