Jéhu s’adresse avec ruse aux anciens et aux gouverneurs chargés de s’occuper des soixante-dix fils d’Achab1. On voit la servilité de ceux qui étaient chargés de veiller sur la descendance royale. La peur les fait se soumettre à Jéhu sans condition : “Tout ce que tu nous diras, nous le ferons” (verset 5).
Abandonnant toute ruse, Jéhu dévoile ses vraies intentions. La seconde lettre que Jéhu envoie commence par ces mots : “Si vous êtes à moi” (verset 6). Il montre par là que son intérêt prime sur les intérêts de l’Éternel. Ce n’est pas la cause de l’Éternel qu’il défend, c’est la sienne (9. 32 ; comp. Exode 32. 26). Il exige alors qu’on tranche la tête à tous les fils du roi. On lui obéit sans discuter.
Devant tout le peuple de Jizreël, Jéhu parle sans retenue de sa conspiration contre Joram (verset 9). Cela montre que le jugement qu’il exerce ne le bouleverse pas. Il ressemble à Hérode, cet homme sanguinaire, qui parle sans honte de l’exécution de Jean le BaptiseurMarc 6. 16. Avec habileté, il rejette la responsabilité du meurtre des fils d’Achab sur les anciens de la ville et sur les précepteurs de ces enfants.
Au verset 10, Jéhu cite une nouvelle fois une parole d’Élie. Il ne cite jamais une parole d’Élisée, le prophète de la grâce. Son cœur ne connaît que le jugement et reste étranger à la grâce. Le voilà maintenant qui frappe les grands d’Achab, c’est-à-dire ses serviteurs haut placés, et ceux de sa connaissance. L’Éternel ne le lui avait pas demandé. En revanche, cela servait ses ambitions politiques.
Jéhu s’en va à Samarie. Il rencontre les frères d’Achazia, roi de Juda, qui vont rendre visite à leurs cousins, les descendants d’Achab. Il s’agit en fait des fils des frères d’Achazia2 Chroniques 22. 8. Nous apprenons que ces fils d’Achazia avaient dépouillé la maison de l’Éternel au profit de Baal2 Chroniques 24. 7.
Leur visite à Samarie indique :
Ils se rencontrent près de la cabane des bergers. Cette cabane rappelle ce qu’avaient été les rois fidèles d’autrefois. En particulier, David avait rassemblé Israël, comme un berger son troupeau.
Combien on était loin de ce temps heureux !
Une fois encore, en frappant la descendance des frères d’Achazia, Jéhu dépasse le mandat que lui avait confié l’Éternel. On objectera que ces frères d’Achazia pouvaient avoir Athalie, fille d’Achab2, pour mère, et étaient peut-être ainsi des descendants d’Achab. Mais si nous lisons bien le texte, l’Éternel ne parle que de détruire la descendance mâle (9. 8). Les frères d’Achazia frayent avec la famille d’Achab. Ils en subissent le jugement. N’oublions jamais que ce monde avec lequel nous serions tentés de nous allier, est voué au jugement !
Jéhu rencontre Jonadab, fils de Récab. Ses paroles montrent combien Jéhu est plein de lui-même. Orgueilleux et vaniteux, il a besoin d’un admirateur ; aussi fait-il monter Jonadab dans son char. Celui-ci a-t-il admiré le zèle de Jéhu ? N’y a-t-il pas vu plutôt une ivresse de sang qui lui fera donner à ses fils des commandements salutairesJérémie 35. 6, 7 ?
Pour détruire les prophètes de Baal, Jéhu agit une fois de plus avec ruse et dissimulation. Il utilise un mensonge. C’est à se demander si, dans le passé, il n’avait pas donné aux chefs de l’armée des raisons de l’accuser de mensonge (9. 12).
Son zèle pour détruire Baal et ses serviteurs ne correspond pas à son état intérieur. Lui-même ne se détourne pas du péché de Jéroboam qui avait placé un veau d’or à Béthel et à Dan (verset 29). Jéhu a su juger le péché chez les autres, il ne sait pas le juger dans son propre cœur (verset 31).
Jéhu a exécuté le jugement qui lui avait été confié, aussi l’Éternel lui promet que quatre de ses descendants se succéderont sur le trône d’Israël (Joakhaz, Joas, Jéroboam et Zacharie).
Mais l’Éternel lui parle sérieusement. Hazaël, roi de Syrie, frappe Israël. Ceux qui sont les premiers touchés, ce sont les tribus qui n’avaient pas voulu passer le Jourdain et qui s’étaient établies en Galaad (Ruben, Gad et la demi-tribu de ManasséNombres 32. 1-6). Si nos intérêts matériels entravent notre développement spirituel, nous serons très exposés aux attaques de Satan.