C’est une conspiration qui a placé Osée sur le trône d’Israël (15. 30), c’est aussi une conspiration qui le lui fait perdre. Le roi d’Assyrie, dont il était devenu le vassal, apprend qu’il a fait des avances secrètes à son ennemi le Pharaon, et le met en prison.
La prise de Samarie, avec la déportation massive des dix tribus qui en est la conséquence, est l’occasion pour l’Éternel d’en évoquer les raisons. Dans un long réquisitoire, il établit à la fois la culpabilité d’Israël depuis son entrée dans le pays, et la longue patience dont lui-même a usé envers ce peuple incorrigible.
Les termes employés résument à la fois l’activité quant au mal, allant jusqu’à des sacrifices d’enfants, et le non-respect des droits de l’Éternel. Le tragique déclin moral d’Israël a pour cause première le fait de ne pas avoir écouté (verset 14) et pour aboutissement la divination et les enchantements (verset 17), autrement dit ce que, par la bouche de Moïse, Dieu avait dénoncé dès le début de l’histoire du peuple comme étant la pire des abominationsDeutéronome 18. 9-14.
Ne pas prêter attention à la parole de Dieu constitue le point de départ d’une déchéance qui livre progressivement les âmes à la servitude complète de l’Ennemi. Et penser qu’on restera maître de s’arrêter sur cette pente inéluctable est une illusion dans laquelle, hélas, bien des prétendus chrétiens sont tombés. “C’est pourquoi nous devons porter une plus grande attention aux choses que nous avons entendues, de peur que nous ne nous écartions” Hébreux 2. 1.
“Ils marchèrent après la vanité, et agirent vainement” (ou devinrent vains, inutiles) est une expression répétitive, à laquelle l’apôtre Pierre semble se référer quand il rappelle à des chrétiens de la dispersion qu’ils ont été “rachetés de leur vaine conduite, enseignée par leurs pères… par le sang précieux de Christ” 1 Pierre 1. 18. Mais n’oublions pas que nous-mêmes, gens des nations, avions aussi “marché autrefois selon le train de ce monde,… enfants de colère comme aussi les autres” Éphésiens 2. 2, 3, avant d’être les objets de l’immense grâce de Dieu. C’est pour prendre la mesure de celle-ci que la parole de Dieu contient des bilans aussi sévères, propres à ouvrir les yeux des pécheurs et à toucher leur conscience.
Pour en revenir à Israël, Dieu prend soin de justifier son châtiment en rappelant ce que lui-même a fait pour lui et la triste réponse qu’il en a reçue. De même plus tard le discours d’Étienne, que ce fidèle témoin signera de son sang, sera comme la conclusion tragique d’une longue histoire entre l’Éternel et son peuple terrestre, histoire qui met en évidence cette immense patience de Dieu. Parfois c’est par des images et des comparaisons que Dieu illustre l’ingratitude d’un peuple qui a été l’objet de tant d’amour de sa partÉzéchiel 16 ; Jérémie 2 (ainsi que tout le livre du prophète Osée, qui personnifie Israël sous les traits de Gomer, son épouse infidèle).
Après la prise de Samarie, le nouveau roi Sargon procède comme Tiglath-Piléser son prédécesseur, à un vaste échange de populations. C’était la manière radicale par laquelle les rois d’Assyrie cherchaient à prévenir les rebellions des peuples qu’ils avaient soumis. Les dix tribus déportées en Assyrie ont été remplacées par des gens venus de régions précédemment conquises, à commencer par ceux de Babel (Babylone).
Dieu rappelle son existence à ces païens, plus sensibles à ses avertissements que son propre peuple. Il envoie des lions comme pour protéger ce pays sur lequel il a continuellement les yeuxDeutéronome 11. 12, le pays d’EmmanuelÉsaïe 8. 8. Et, après l’intervention du roi d’Assyrie, ces nouveaux habitants reçoivent un enseignement, hélas bien mélangé. Il est dit d’eux qu’ils craignaient l’Éternel, en même temps qu’une place était faite parmi eux aux dieux de chacune de ces nations. Si bien qu’il est écrit à quelques versets d’écart, ce qui semble le contredire, qu’ils ne craignaient pas l’Éternel. Que faut-il en conclure ? Sans doute qu’en présence de personnes aussi peu responsables, comme il en existe tant dans le monde aujourd’hui, Dieu seul est en mesure de discerner les âmes dans lesquelles existe cette crainte.
L’origine et les coutumes religieuses équivoques de ces
N’avons-nous pas, quand nous apprenons quelle est l’origine et la condition longuement décrite de ces gens de la Samarie, une démonstration de la grâce souveraine et surabondante de notre “Emmanuel” ?