La veuve du premier paragraphe de notre chapitre est bien différente de la femme qui nous est présentée ici. La première est veuve et pauvre, celle-ci est riche et a son mari. Pourtant quelle que soit leur condition sociale ou leur situation familiale, elles ont l’une et l’autre besoin du secours de l’Éternel.
Cette femme Sunamite utilise ses ressources matérielles pour le bien d’ÉliséeLuc. 8. 2, 3. Élisée se retirait là, et il était à l’aise dans cette maison. On pense à la maison de Marthe et Marie, dans laquelle le Seigneur s’est souvent arrêtéLuc. 10. 38, à celle de Lydie qui s’ouvre pour recevoir Paul et SilasActes 16. 14. N’oublions pas l’hospitalitéHébreux 13. 1, 2.
Quel beau témoignage avait rendu Élisée ! La Sunamite discerne le caractère de séparation et de consécration de son hôte. Elle associe son mari dans son projet d’aménager un logement au prophète. Bien que plus spirituelle que lui – la suite du récit le montre – elle ne manifeste aucune indépendance vis-à-vis de son mari.
Elle discerne parfaitement ce qu’il y a lieu de mettre dans la chambre d’Élisée. Pas de luxe inutile, malgré les moyens dont elle dispose. Elle fait abstraction de sa position pour ne penser qu’à ce qui convient à un homme pour qui les richesses matérielles n’ont aucun attrait.
Élisée est sensible aux attentions qui lui sont témoignées. Pourtant quand il fait appeler son hôtesse, la parole qu’il lui adresse est une épreuve pour sa foi : “Faut-il parler pour toi au roi ?” (verset 13). Y a-t-il chez elle quelque désir d’augmenter ses ressources dans ce monde ? Nous verrons au chapitre 8 que ces biens matériels lui seront donnés en plus, en un temps de besoinMatthieu 6. 33.
“J’habite au milieu de mon peuple” (verset 13). Cette femme manifeste “la piété avec le contentement” 1 Timothée 6. 6. Elle se réjouit d’appartenir au peuple de Dieu, malgré l’impiété qui le caractérise.
Pourtant, si belle que soit sa foi, elle ne s’élève pas jusqu’à la promesse que lui fait Élisée : “Tu embrasseras un fils” (verset 16).
Pourtant, ce que l’Éternel promet s’accomplitÉphésiens 3. 20. Un bébé qui arrive dans une famille est une source de joie pour tous ses membres.
Quelques années passent, l’enfant grandit, et à l’époque de la moisson il est frappé par ce qui semble être une insolation mortelle (verset 19).
L’enfant se plaint de maux de tête. Le père n’est pas à même de comprendre la souffrance de son fils. Le travail de la moisson accapare-t-il à ce point son esprit et son cœur ?
La tendresse d’une mère aimante est sans ressource devant l’inexorable œuvre de la mort. Quel profond exercice de foi pour des parents croyants de réaliser que leurs enfants sont, par nature, morts dans leurs fautesÉphésiens 2. 5 ! Il faut une intervention divine pour les amener à la vie. Ils n’ont d’autre ressource que de s’adresser au Seigneur pour qu’il fasse son œuvre dans le cœur et la conscience de leurs enfants.
L’attitude de la Sunamite illustre cela : elle couche son fils mort dans la chambre qu’elle avait préparée pour Élisée. Elle réalise que seul celui dont Élisée est le messager peut intervenir pour faire vivre son fils.
La Sunamite ferme la porte. Pour la deuxième fois une porte se ferme dans ce chapitre. Elle ne se lamente pas indéfiniment. Elle agit avec foi, cherchant du secours là où elle sait le trouver. Cette femme de foi illustre ce verset du N.T. : “Les femmes reçurent leurs morts par la résurrection” Hébreux 11. 35.
Comme la Sunamite, Abraham aussi reçoit la promesse d’un fils lors de la visite d’un envoyé de Dieu. Malgré l’incrédulité que manifeste Sara, l’Éternel tient ses promesses. Mais comme la Sunamite, il doit renoncer à ce fils. Il le met sur l’autel à MorijaGenèse 22. Il recevra son fils par la résurrectionHébreux 11. 19. On peut également rapprocher ce récit de celui de la veuve de Sarepta. Son fils était déjà né lorsqu’Élie entre en contact avec elle. Mais son fils meurt aussi. Il faut alors l’intervention divine pour qu’il ressuscite.
Le chemin de la foi est difficile ; la Sunamite a, au moins, cinq obstacles à surmonter :
“Tout va bien”, répond-elle à sa question. Sa foi s’élève au-dessus de la scène de mort et compte sur l’Éternel. Elle connaît la foi moins ferme de son conjoint, elle préfère porter seule l’épreuve car elle sait où trouver la ressource.
Lorsque Guéhazi l’interroge de la part d’Élisée, elle ne dit rien du terrible combat de son âme (verset 26). C’est à l’homme de Dieu qu’elle veut exposer toute sa détresse.
Guéhazi veut la repousser (verset 27). L’homme dans la chair ne peut comprendre le chemin de la foiMatthieu 15. 23. “Laisse-la”, dit Élisée : lui seul est à même de comprendre ce qui anime cette femme éprouvée.
“L’Éternel me l’a caché” : cette remarque montre combien Élisée vivait habituellement dans l’intimité des pensées de l’Éternel. Dieu avait pourtant des motifs pour cacher cette circonstance à son serviteur. Si Élisée avait su l’enfant malade, ne se serait-il pas précipité ? Quelle différence avec le Seigneur qui savait à l’avance tout de l’état de Lazare maladeJean 11. 6. Il fallait que la patience ait son œuvre parfaite dans le cœur de la SunamiteJacques 1. 4.
L’épreuve a produit en elle un profond travail de conscience. Aussi parle-t-elle à Élisée des motifs qui l’ont fait agir (verset 28). Elle peut dire que dans toute cette affaire, elle n’avait rien demandé, c’est-à-dire que la naissance de son enfant n’était pas le fruit de sa volonté propre. Elle est souvent à l’origine de toutes nos misères.
En envoyant Guéhazi, Élisée cherche peut-être à se dispenser d’un exercice profond. Mais les dispositions humaines qu’Élisée prend en envoyant Guéhazi ne peuvent satisfaire la foi de la Sunamite.
“L’Éternel est vivant et ton âme est vivante, que je ne te laisserai point !” (verset 30). Combien cette parole pouvait toucher le cœur d’Élisée ! Lui-même ne l’avait-il pas prononcée, mot pour mot, lorsqu’il suivait Élie (2. 2, 4, 6) ? Élisée se met alors en marche. Guéhazi vient à leur rencontre. Son échec fait penser à celui des disciplesMarc 9. 18. La foi manquait aux disciples comme à GuéhaziMarc 9. 29.
Élisée ferme la porte. Pour la troisième fois dans ce chapitre. L’intensité du combat nécessite l’isolementMatthieu 6. 6. Connaissons-nous ces moments de retraite où dans le secret nous combattons par la prière pour le peuple de Dieu ?
Mais si, pour que l’enfant naisse, il avait suffi d’une parole (verset 16), pour le faire revenir à la vie – image de la nouvelle naissance – il faut un travail pénible.
Le retour à la vie du fils de la veuve de Sarepta s’opère plus facilement1 Rois 17. 17-24. Ici, l’incrédulité et les moyens humains, notamment l’intervention de Guéhazi, ont entravé la puissance divine.
Ces deux résurrections sont les seules rapportées dans l’A.T. 1 Nous pouvons les rapprocher des trois résurrections opérées par le Seigneur Jésus, quand il était sur la terre, à savoir :
Mais si Élisée supplie (verset 33), et Élie crie1 Rois 17. 20, le Seigneur, lui, commande. Il est “la résurrection et la vie” et c’est comme chef qu’il ordonne à la mort de lâcher sa proie.
Élisée se couche sur l’enfant (verset 34). Il s’identifie avec le mort. Christ s’est identifié avec l’homme mortel pour nous délivrer de la mort éternelle.
Par trois fois dans ce chapitre, Élisée fait appeler la Sunamite :
Elle prend alors son fils, elle ne dit rien ; son cœur déborde d’une joie et d’une reconnaissance inexprimables ; elle adore silencieusement.