En contraste avec les rois d’Israël, ceux de Juda, si l’on excepte le temps de l’abominable Athalie, ont eu des règnes recueillant l’approbation de l’Éternel. En général, il s’agissait de la première partie de leur vie, ce qui met en évidence le besoin pour tout croyant d’être gardé jusqu’au bout de sa course chrétienne.
Achaz, lui, dès le début de son histoire, nous est présenté comme marchant dans la voie des rois d’Israël et non dans celle de David son père. Autrement dit, il ne s’est pas plus laissé enseigner par des exemples négatifs que par un exemple positif. Pour chacun de ces rois, la référence c’est ce que considèrent “les yeux de l’Éternel” (15. 3, 9, 18, 24, 28, 34), ces yeux qui parcourent la terre, qui voient tous les fils des hommesPsaume 11. 4 et prennent connaissance de toutes leurs œuvres. Ce que ces yeux voient et retiennent de l’histoire d’Achaz est épouvantable : il offre son fils en sacrifice par le feu à Moloch, et se conduit comme un véritable apostat.
En revanche, ce que l’histoire des hommes pourrait retenir d’Achaz, c’est qu’il a été un fin politique, et que sa diplomatie a su adroitement détourner sur la Syrie les ambitions du roi d’Assyrie, tout en le débarrassant de deux redoutables voisins.
Ces derniers, Retsin, roi de Syrie et Pékakh, fils de Remalia, roi d’Israël, apparaissent dans le chapitre 7 d’Ésaïe, en train de menacer Jérusalem. Mais ils sont détournés de leur mauvais dessein par une intervention divine annoncée par Ésaïe. Si on s’en tenait au récit de notre livre des Rois, on pourrait attribuer cette délivrance à l’habileté du roi Achaz. Il dépouille la maison de l’Éternel et celle du roi pour désintéresser Tiglath-Piléser et s’assurer de son appui contre les deux rois complices. En réalité, Ésaïe nous rappelle que tout événement comporte une face cachée qui est celle de Dieu. À travers cette délivrance, l’Éternel voulait donner le signe merveilleux de la naissance virginale du Seigneur JésusÉsaïe 7. 14. Bien que ce signe soit donné dans un triste contexte et à quelqu’un de tout à fait indigne, Dieu nous apprend qu’il est, lui, le maître du monde et de l’histoire, et que sa grande pensée, quoi qu’il arrive, est toujours la gloire de son Fils.
L’intérêt, le pouvoir et l’argent ont scellé l’amitié entre Achaz et Tiglath-Piléser. Ces deux rois se rencontrent à Damas, capitale de l’ennemi vaincu, pour se congratuler au sujet de la victoire remportée sur les Syriens. Pas un mot de reconnaissance envers Dieu de la part d’Achaz, et nulle mention non plus du prophète qui avait annoncé l’issue de cette guerre.
Ce que retient notre récit, c’est l’impiété provocante d’Achaz. Ayant vu l’autel idolâtre de Retsin, il en envoie le modèle à Jérusalem, donnant ordre au sacrificateur Urie de l’installer à la place d’honneur dans le parvis du temple. À son retour de Damas, Achaz offre sur cet autel son holocauste, son offrande de gâteau, sa libation, ses sacrifices de prospérités ; il n’y manque que ses sacrifices pour le délit et le péché, ce qui est significatif. Actes sacrilèges imitant les institutions divines et se donnant belle apparence – le nouvel autel est plus grand que celui qu’il pousse de côté – mais qui sont un outrage à Dieu. Le grave péché d’Achaz consiste à penser qu’il peut servir l’Éternel (en offrant les sacrifices prescrits par la loi) sur un autre autel, qui plus est, copié sur un autel idolâtre et en changeant la disposition du temple ! N’est-ce pas finalement ce qu’a fait la chrétienté ?
En outre, les instructions qu’Achaz donne à Urie montrent qu’il associe tout le peuple du pays à son impiété. Quel triste exemple pour le peuple ! Car ces rois coupables nous rappellent encore une fois que, plus haute est la fonction, plus grande est la responsabilité de celui qui l’exerce. Sa défaillance aura sur ceux qui sont sous son autorité un poids moral proportionnel à l’importance de sa fonction. Cela justifie l’injonction formulée pour un temps futur, mais valable aussi pour nous aujourd’hui : “Et maintenant, ô rois, soyez intelligents” ! Psaume 2. 10
Remarquons les verbes du verset 17 : il “enleva”, il “ôta”, il “fit descendre”, il “changea” … et tout ce travail destructeur, il le fait pour satisfaire sa vanité personnelle et être par la même occasion agréable au roi d’Assyrie ! Il a désormais sa propre religion, conforme à ce qui plaît au monde et à son prince.
Ajouter et retrancher, c’est bien ce que les hommes se sont permis de faire avec la parole de Dieu. Mais n’est-il pas impressionnant que celle-ci se termine sur une menace terrible adressée à ceux qui font ainsiApocalypse 22. 18, 19 ?