Le récit nous transporte au royaume d’Israël, dix-sept ans avant la mort de Joas. Joakhaz, un fils de Jéhu, succède à son père. “Les péchés de Jéroboam” (verset 2), dénoncés tout au long de cette histoire d’Israël, font ici référence aux veaux d’or établis à Béthel et à Dan par ce roi impie.
Dieu châtie Israël par le même ennemi que Juda. Hazaël est ce roi de Syrie auquel Élisée avait jadis annoncé avec larmes que son règne serait marqué par la haine et la cruauté envers Israël (8. 11). Lui, puis son fils Ben-Hadad, sont les instruments de la colère de l’Éternel contre son peuple idolâtre. Mais une parenthèse vient introduire une note consolante dans ce triste récit. La discipline de Dieu produit un résultat : Joakhaz, au lieu d’imiter Joas, roi de Juda, en désintéressant l’assaillant par un tribut, fait la seule chose nécessaire. Il implore l’Éternel et l’Éternel l’écoute. Jadis, lorsque son peuple était esclave en ÉgypteExode 7. 3, puis au temps des Juges, “son âme était en peine de la misère d’Israël” Juges 10. 16 et il y avait répondu en suscitant respectivement Moïse et Jephté. Cette fois encore, il donne un “sauveur” (verset 5) dont on comprend par le verset 25 qu’il s’agit de Joas, le fils du roi.
Chose triste à dire, le peuple délivré, non seulement ne se détourne pas des péchés qui avaient attiré sur lui la discipline de Dieu, mais il y marche positivement.
À la mort de son père, Joas monte sur le trône d’Israël. Il est dit de lui exactement la même chose que de son peuple au verset 6. Non seulement il ne se détourne pas des péchés de Jéroboam, mais il y marche. La puissance dont il est fait état pendant son règne ne lui tient pas lieu de fidélité à l’Éternel et ne l’excuse pas.
Joas meurt après seize ans de règne et son fils Jéroboam II, avant-dernier roi de la dynastie de Jéhu, va lui succéder.
Les versets 14 et suivants reviennent en arrière pour relater ce qui est comme un point lumineux dans l’histoire de ce roi : sa visite au prophète Élisée sur son lit de mort. Car ce dernier, qui avait assisté à l’enlèvement d’Élie doit, à la différence de son maître, passer par la mort.
En souvenir de cet événement, le roi s’écrie comme Élisée jadis : “Char d’Israël et sa cavalerie”. Regrette-t-il que le même honneur ne soit pas accordé par l’Éternel à Élisée ? Ou est-ce une allusion à la perte qu’allait faire Israël du plus puissant de ses défenseurs ? Toujours est-il que le prophète de la grâce y trouve occasion pour donner à son peuple un dernier signe de salut et de délivrance. Ce sera en quelque sorte son testament. L’arc de Joas, guidé par les mains d’Élisée, annonce une victoire sur les Syriens. Par la fenêtre ouverte vers l’orient, une flèche symbolique doit être tirée ; elle signifie la destruction de ces ennemis traditionnels. En fait, la victoire dépendra du degré de confiance en Dieu que montrera le roi. Or la manière dont il exécute la seconde instruction du prophète en ne frappant que trois fois avec les flèches contre terre montre qu’il ne s’empare que timidement de la promesse qui lui est faite. Il ne remportera donc que trois batailles. Nous assistons à la déception et à la colère de l’homme de Dieu. Quand il s’agit de nos victoires, comme de nos bénédictions (4. 6), les limites sont toujours de notre côté, jamais de celui de Dieu.
Pendant sa vie, Élisée avait comme Élie rendu la vie à un mort. Mais une scène plus extraordinaire encore que la résurrection du fils de la femme sunamite va compléter le nombre des miracles d’Élisée.
Si pour ce grand prophète le fait d’être malade, de mourir et d’être enterré constitue une fin banale, sa tombe par contre va être le théâtre d’un événement extraordinaire, la troisième et dernière résurrection relatée dans l’A.T. Un homme qu’on enterre ressuscite dès que son corps touche les os du prophète. Cette scène évoque la puissance et la gloire d’un plus grand qu’Élisée. C’est en entrant, par la foi, en contact avec un Christ mort que nous avons la vie éternelle et que nous sommes mis au bénéfice de sa résurrection. Le pouvoir de la mort est vaincu pour nous par la mort de Christ.
Ajoutons que cette scène a un caractère prophétique. Le cadavre déposé sous la menace d’ennemis dans le tombeau de l’homme de Dieu suggère la condition actuelle du peuple d’Israël. Il est semblable à ces os secs de la vision d’Ézéchiel (chapitre 37). Le peuple retrouvera sa vie nationale, et il surgira comme d’entre les morts, au moment où il entrera en relation avec celui qu’il a percé.
Les versets 22 à 25 confirment l’oppression d’Israël par les Syriens sous le règne précédent de Joakhaz et la fidélité de l’Éternel aux promesses qu’il avait faites aux pères ; il délivre son peuple coupable par le moyen de Joas, suscité comme sauveur. Celui-ci bat les Syriens à trois reprises, ainsi que le prophète l’avait annoncé.
Quelle patience que celle de Dieu envers ce peuple si décevant ! En dépit de toute sa misère et de son idolâtrie, le verset 23 nous apprend que “l’Éternel usa de grâce envers eux, eut compassion d’eux… ne voulut pas les détruire, et ne les rejeta pas de devant sa face”.