Comment est-il possible qu’après avoir connu trente-cinq années de paix (15. 19), le règne du troisième roi de Juda finisse si mal et si vite ? Ce roi s’est montré d’une fidélité à toute épreuve, tant vis-à-vis des dangers extérieurs (l’Éthiopien Zérakh, chapitre 14) qu’intérieurs (l’idolâtrie dans son royaume et dans sa propre maison, chapitre 15). Pourquoi se laisse-t-il aller à une telle déchéance politique par un compromis avec le roi de Syrie, un étranger et abandonne-t-il Dieu ?
Le châtiment de Dieu s’exercera en le frappant de maladie.
Il a suffi d’une réaction d’orgueil du roi d’Israël Baësha pour amener Asa dans un tel état. Ils étaient nombreux, en effet, ceux qui quittaient les tribus d’Éphraïm, de Manassé et de Siméon pour se réfugier à Jérusalem où le vrai Dieu était honoré (15. 9, 10). Blessé dans son amour propre, Baësha ferme les frontières de son royaume et bâtit une ville forte (Rama) pour empêcher toute nouvelle émigration du nord vers le sud (verset 1).
Vexé à son tour, Asa ne réagit pas sainement et, malgré son passé empreint de piété, il commettra deux erreurs :
Avant d’en arriver à une telle décision outrageante pour son Dieu, Asa aurait dû méditer l’un ou l’autre proverbe du grand Salomon :
“L’homme qui fait des machinations, il (l’Éternel) le condamne” Proverbes 12. 2 ;
“Ceux qui machinent du mal, ne s’égarent-ils pas ?” Proverbes 14. 22
Sur le plan politique, l’initiative du roi Asa semble porter ses fruits :
À vue humaine, Asa obtient gain de cause et paraît vainqueur. Mais un premier prophète, Azaria, l’avait averti : “Si vous abandonnez l’Éternel, il vous abandonnera” (15. 2). Un second prophète, Hanani, sera mandaté par Dieu pour confirmer cette sentence. Tout gain visible peut masquer une perte spirituelle importante pour nous aussi.
Chaque fois que nous commettons une grave erreur d’appréciation, et que nous la traduisons en actes, Dieu est suffisamment juste et bon pour nous avertir des conséquences éventuelles. C’est ainsi que l’apôtre Paul tire souvent des leçons de l’histoire d’Israël dans ses écrits car “toutes ces choses leur arrivèrent comme types et elles ont été écrites pour nous servir d’avertissement, à nous que les fins des siècles ont atteints” 1 Corinthiens 10. 11.
Le roi Asa s’enfermera dans son entêtement. Pourtant le message du prophète Hanani est clair et précis : sur qui s’appuyer ?
Un autre prophète, environ trois cents ans plus tard, confirmera cette vérité : “Maudit l’homme qui se confie en l’homme et… dont le cœur se retire de l’Éternel” et : “Béni l’homme qui se confie en l’Éternel et de qui l’Éternel est la confiance !” Jérémie 17. 5, 7.
En effet “l’Éternel se montre fort en faveur de ceux qui sont d’un cœur parfait envers lui” (verset 9). De nos jours encore, la puissance de Dieu est toujours réservée à tous ceux qui désirent “demeurer attachés au Seigneur de tout leur cœur” Actes 11. 23.
Asa ne saisira pas cette opportunité comme il l’avait pourtant expérimentée dans la guerre contre les Éthiopiens (14. 10).
Au contraire, dans le conflit avec Baësha, Hanani peut lui certifier qu’il a agi follement et que désormais il ne connaîtrait plus la paix (verset 10). La folie est toujours mauvaise conseillère : “La folie de l’homme pervertit sa voie, et son cœur s’irrite contre l’Éternel” Proverbes 19. 3. “Ne soyez pas séduits ; on ne se moque pas de Dieu ; car ce qu’un homme sème, cela aussi il le moissonnera” Galates 6. 7.
La réaction du roi est déplorable : il opprime quelques opposants. Il s’irrite contre Hanani, pire même, il l’emprisonne ! (verset 11). Hanani connaît le sort réservé par les incrédules à ceux qui parlent ouvertement de Dieu : “Ils mettront les mains sur vous, et vous persécuteront… vous mettant en prison ; et vous serez menés devant les rois et les gouverneurs, à cause de mon nom” Luc 21. 22.
Les décisions inconsidérées prises par Asa nous prouvent que “l’irritation du fou se connaît le jour même” Proverbes 12. 16. Quelle terrible déception n’a-t-il pas dû causer dans le cœur de tous ceux qui l’avaient suivi comme un seul homme pour se rassembler à Jérusalem et s’engager à rechercher l’Éternel (15. 10, 12) !
Dans sa justice, Dieu se doit d’intervenir : “Vous m’avez abandonné… c’est pourquoi je ne vous sauverai plus” Juges 10. 13. Asa a retiré sa confiance en Dieu. Dieu lui retire son aide.
La fin est proche : les événements sont déjà enregistrés1, les premiers et les derniers (verset 11).
Mais le pire doit encore se produire pour Asa : puisqu’il s’est rebellé, Dieu permet qu’il aille encore plus loin dans son obstination. Lui dont le nom signifie “médecin” devient gravement malade des pieds et malgré cet ultime appel de l’Éternel, Asa persiste dans son égarement : “Il ne rechercha pas l’Éternel, mais les médecins” (verset 12).
Il est évident qu’il nous est recommandé de demeurer équilibrés dans la santé comme dans la maladie, même la plus grave qui soit. Même si le mal dont il souffrait était extrêmement grand (verset 12), n’imitons pas la réaction d’Asa et de tant de chrétiens qui abandonnent la prière pour se réfugier essentiellement dans des diagnostics médicaux ou des méthodes thérapeutiques souvent inefficaces. Souvenons-nous que Dieu donne aux médecins l’intelligence pour nous soigner, mais qu’en définitive, Dieu seul nous guérit selon son bon vouloir car “c’est lui qui frappe et ses mains guérissent” Job 5. 18.
Finalement, même si les trois dernières années de sa vie ont assombri considérablement sa vieillesse, Asa demeure dans sa mort l’objet de toute la grâce divine : on l’enterra dans la ville de David, au milieu d’une très grande abondance d’aromates (verset 14). Manifestement une grande partie du règne d’Asa (trente-cinq ans) avait plu à Dieu qui désirait en marquer le souvenir le jour de sa mort.