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Le livre de Job
Sondez les Écritures - 3e année

Job 9, 10

La valeur de la tradition et le tribunal impossible

3. Dieu est le plus fort : 9. 1-13

Job connaît les vérités énoncées de façon péremptoire par ses amis (verset 1). Il est convaincu de la grandeur de Dieu, qu’il va décrire dans ce paragraphe. Il sait que seuls des êtres parfaitement purs peuvent entrer dans la présence de Dieu, et c’est justement ce qui le trouble, car qui peut se dire juste ? Éliphaz avait reçu une révélation qui constatait la même impossibilité (4. 17). Les amis n’ont pas de réponse à cette angoissante question, qui resurgira au cours du récit (14. 4 ; 25. 4). Cette interrogation jaillit également du cœur du chrétien qui ne connaît pas encore la libération, l’affranchissement que lui vaut l’œuvre de Christ. Élihu entreverra la grâce de Dieu (chapitre 33), et l’apôtre Paul nous établira fermement dans la justice sans les œuvresRomains 3. 24 ; 4. 6, 25.

Job fait de son Dieu une description véritablement touchante. Il accepte en préambule que Dieu ne lui réponde pas (verset 3). Il lui reconnaît à la fois sagesse et puissance, thème qui sera repris par DanielDaniel 2. 20 et Paul1 Corinthiens 1. 24. Veillons en effet à ne pas nous endurcir devant un tel Dieu ! Les tremblements de terre, les éclipses, la stabilité des astres, la hauteur de la houle, tout est sous le contrôle de Dieu. Les merveilles divines impressionnent Job autant qu’Éliphaz (verset 10 ; 5. 9), mais elles ne permettent pas toujours de discerner la présence réelle de Dieu (verset 11). L’évangile vient donner une illustration vivante des propos de JobMatthieu 14. 24-27 : les disciples sont dans la tourmente, image de l’épreuve ; Jésus vient à eux en marchant sur la mer (comp. verset 8), et ils ne le reconnaissent pas (comp. verset 11). Hélas, pour Job il n’y eut personne pour lui dire, comme aux disciples, de prendre courage. Mais à la fin, l’Éternel vint se révéler à lui. N’en est-il pas ainsi dans toute épreuve ? Souvenons-nous toujours que Dieu est là.

Job a accepté sans critique que Dieu lui ait tout pris (verset 12). Il sait que si des coalitions humaines se croient invincibles, Dieu résiste aux orgueilleux (verset 13). Derrière ces très belles paroles apparaît un homme qui courbe la tête et qui souffre de ne pas comprendre ce qui lui arrive.

4. Une séance au tribunal : 9. 14-35

Ayant un ardent désir de discuter avec Dieu lui-même, se sentant accusé par ses amis, Job va imaginer la scène d’un tribunal où il aurait la possibilité de se défendre. Il souhaite ce face à face, même s’il le sait irréalisable, car il n’est qu’un homme. Il en découle une tournure parfois incohérente et contradictoire de ses propos. L’idée de ce tribunal impossible va lui revenir pendant plusieurs chapitres. Elle fera naître en lui la pensée de la nécessité d’un médiateur, qui sera reprise par Élihu au chapitre 33.

Job comprend que ses efforts ne servent à rien : il vient de constater que la puissance de Dieu l’accable (versets 1-13). Le sentiment de la perfection divine l’obligerait à se taire s’il était appelé à la barre. Ni sa justice (versets 15, 20) ni son intégrité (verset 21) ne seraient suffisantes : il serait obligé de faire appel à la grâce, sinon ce serait se méprendre sur lui-même. Comme il avait senti le besoin de pardon (7. 21), Job parle pour la première fois ici de grâce. C’est l’action directe de l’Esprit de Dieu dans un homme qui ne possédait aucune des Saintes Écritures ! Toutefois, agité dans ses pensées, il se croit accablé sans raison par un Dieu qui ne l’écoute pas avec attention (versets 16, 17), et en qui il voit la cause de ses douleurs aussi bien physiques que morales (verset 18).

Job considère ses efforts inutiles puisqu’il constate que le sort du juste est identique à celui du méchant (versets 22-24). Il pense à la brièveté de sa vie (versets 25, 26), déjà évoquée (7. 6), et il est convaincu de bientôt mourir. Se persuader du contraire ne change rien : ses épreuves présentes sont pour lui un fardeau de culpabilité (versets 27, 28). Comme les suggestions des amis ont déjà produit leur funeste résultat ! L’innocence qu’il poursuit ne peut être atteinte, alors autant tout laisser tomber, déclare Job (versets 28-31) : il ne sera jamais pur aux yeux de Dieu. Devant l’absolu divin il ne peut alors que réclamer un arbitre, allusion voilée au divin médiateur, l’homme Christ Jésus que nous révèle le N.T. 1 Timothée 2. 5. La colère de Dieu s’est détournée du croyant en vertu de l’œuvre de Christ, et une véritable communion est possible. Job ne la connaissait pas encore à ce moment-là (versets 34, 35).

5. Job démuni devant le regard de Dieu : 10. 1-22

Tout en dialoguant avec ses amis, Job parle parfois directement à Dieu (9. 28-31). Il élève maintenant vers lui une prière remplie de questions anxieuses. Il se demande si Dieu est véritablement différent d’un homme qui se réjouit du mal, dont la justice est partiale et qui n’a aucune pitié lorsqu’il met en lumière les fautes des autres (versets 3-7). Pourtant quand Dieu afflige, “il a aussi compassion” et “ce n’est pas volontiers qu’il afflige et contriste les fils des hommes” Lamentations de Jérémie 3. 32, 33. Dieu ne se laisse pas emporter par la colère comme un hommeOsée 11. 9, et “il prend son plaisir en la bonté” Michée 7. 18.

L’appel au secours – “Souviens-toi, je te prie” (verset 9 ; 7. 7) – est bouleversant, d’autant plus que Job rappelle les soins pris par le Créateur pour le former, les bontés dont il l’a entouré (versets 8-13), qu’il a su apprécier pleinement. Nous pouvons être vite fiers de nos capacités, de notre esprit en particulier ; c’est Dieu qui nous en a fait don, et qui les préserve (verset 12), l’apprécions-nous ? Job n’est pas un ingrat, mais il a perdu confiance en cette divine bonté du passé. Il est terrifié par le regard scrutateur de ce Dieu qui semble le poursuivre sans pitié (versets 4, 6, 14, 16). Puisqu’être méchant ou juste ne change rien à son malheur (verset 15), Job préfère une fois de plus mourir (versets 18-22). Il aimerait que son malheur cesse au moins un court instant avant de s’en aller dans le séjour obscur des morts. Quel réalisme dans la description de ce souhait si humain, qui démontre la profondeur de sa souffrance !

Job 9

1Et Job répondit et dit :

2En vérité, je sais qu’il en est ainsi. Mais comment l’homme sera-t-il juste devant ✷Dieu ?

3S’il se plaît à contester avec lui, il ne lui répondra pas sur un point entre mille.

4Il est sage de cœur et puissant en force : qui s’est endurci contre lui et a prospéré ?

5Il transporte les montagnes, et elles ne savent pas qu’ila les renverse dans sa colère ;

6Il remue la terre de sa place, et ses colonnes tremblent ;

7Il parle au soleil, et [le soleil] ne se lève pas ; et sur les étoiles il met son sceau ;

8Seul il étend les cieux et marche sur les hauteursb de la mer ;

9Il fait la grande Ourse, Orion, et les Pléiades, et les chambresc du midi ;

10Il fait de grandes choses qu’on ne saurait sonder, et des merveilles à ne pouvoir les compter.

11Voici, il passe près de moi, et je ne [le] vois pas ; et il passe à côté [de moi], et je ne l’aperçois pas.

12Voici, il ravit ; qui l’en détournera ? Qui lui dira : Que fais-tu ?

13†Dieu ne retire pas sa colère ; sous lui fléchissent les orgueilleux qui prêtent secoursd.

14Combien moins lui répondrais-je, moi, [et] choisirais-je mes paroles avec lui !

15Si j’étais juste, je ne lui répondrais pas, je demanderais grâce à mon juge.

16Si je criais, et qu’il me réponde, je ne croirais pas qu’il ait prêté l’oreille à ma voix, –

17Lui qui m’écrase dans une tempête, et qui multiplie mes blessures sans cause.

18Il ne me permet pas de reprendre haleine ; car il me rassasie d’amertumes.

19S’agit-il de force, voici, il est fort ; s’agit-il de jugement : Qui m’assignera ?

20Si je me justifiais, ma bouche me condamnerait ; si j’étais parfait, il me montrerait pervers.

21Si j’étais parfait, je méconnaîtrais mon âme, je mépriserais ma vie.

22Tout revient au même ; c’est pourquoi j’ai dit : Il consume le parfait et le méchant.

23Si le fléau donne subitement la mort, il se rit de l’épreuve de l’innocent.

24La terre est livrée en la main du méchant : il couvre la face de sese juges. S’il n’en est pas ainsi, qui est-ce donc ?

25Mes jours s’en vont plus vite qu’un coureur ; ils fuient, ils ne voient pas ce qui est bon ;

26Ils passent rapides comme les barques de jonc, comme un aigle qui fond sur sa proie.

27Si je dis : J’oublierai ma plainte, je renoncerai à mon visage [morne] et je serai joyeux,

28Je suis épouvanté de tous mes tourments ; je sais que tu ne me tiendras pas pour innocent.

29Soit, je suis méchant : pourquoi me fatigué-je ainsi en vain ?

30Si je me lave avec de l’eau de neige, et que je nettoie mes mains dans la puretéf,

31Alors tu me plongeras dans un fossé, et mes vêtements m’auront en horreur.

32Car il n’est pas homme, comme moi, pour que je lui réponde, pour que nous allions ensemble en jugement.

33Il n’y a pas entre nous un arbitreg qui mettrait sa main sur nous deux.

34Qu’il retire sa verge de dessus moi, et que sa terreur ne me trouble pas ;

35Alors je parlerai et je ne le craindrai pas ; mais il n’en est pas ainsi de moi.

Job 10

1Mon âme est dégoûtée de ma vie ; je laisserai libre cours à ma plainte, je parlerai dans l’amertume de mon âme,

2Je dirai à †Dieu : Ne me condamne pas ; fais-moi savoir pourquoi tu contestes avec moi.

3Prends-tu plaisir à opprimer, que tu méprises le travail de tes mains, et que tu fasses briller ta lumière sur le conseil des méchants ?

4As-tu des yeux de chair ? Vois-tu comme voit l’homme mortel ?

5Tes jours sont-ils comme les jours d’un mortel, ou tes années, comme les jours de l’homme,

6Que tu recherches mon iniquité et que tu scrutes mon péché ;

7Puisque tu sais que je ne suis pas un méchant, et que nul ne délivre de ta main ?

8Tes mains m’ont formé et m’ont façonné tout à l’entour en un tout, et tu m’engloutis !

9Souviens-toi, je te prie, que tu m’as façonné comme de l’argile, et que tu me feras retourner à la poussière.

10Ne m’as-tu pas coulé comme du lait, et fait cailler comme du fromage ?

11Tu m’as revêtu de peau et de chair, tu m’as tissé d’os et de nerfs ;

12Tu m’as donné la vie, et tu as usé de bonté envers moi, et tes soins ont gardé mon esprit ;

13Et tu cachais ces choses dans ton cœur : je sais que cela était par-devers toi.

14Si j’ai péché, tu m’as aussi observé, et tu ne me tiendras pas pour innocent de mon iniquité.

15Si j’ai agi méchamment, malheur à moi ! Si j’ai marché justement, je ne lèverai pas ma tête, rassasié que je suis de mépris et voyant ma misère.

16Et elle augmente : tu me fais la chasse comme un lionh, et en moi tu répètes tes merveilles ;

17Tu renouvelles tes témoins contre moi, et tu multiplies ton indignation contre moi. Une succession [de maux] et un temps de misère sont avec moi.

18Et pourquoi m’as-tu fait sortir du sein [de ma mère] ? J’aurais expiré, et aucun œil ne m’aurait vu !

19J’aurais été comme si je n’avais pas été ; de la matrice on m’aurait porté au sépulcre !

20Mes jours ne sont-ils pas en petit nombre ? Qu’il cesse [donc], qu’il se retirei de moi, et je me remonterai un peu,

21Avant que je m’en aille, pour ne plus revenir, dans le pays de l’obscurité et de l’ombre de la mort,

22Terre sombre comme les ténèbres de l’ombre de la mort, et où il n’y a que confusion, et où la clarté est comme des ténèbres profondes.

Notes

aou : ne le savent pas, quand il.
bou : l’étendue.
cc.-à-d. : les régions étoilées.
dlitt. : ceux qui secourent Rahab.
ec.-à-d. : de la terre.
fou : avec du savon.
gou : médiateur.
hlitt. : un rugissant ; voir 4. 10.
id’autres lisent : Cesse donc, et retire-toi.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)